Preview Eurobasket 2015 : Les Bleus, armés jusqu’aux dents

L’équipe de France aborde l’Euro 2015 avec ce qui est potentiellement le groupe le plus talentueux de son histoire. De quoi aiguiser ses ambitions et alimenter ses rêves de doublé.

Shaï MamouPar Shaï Mamou  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Analyse
Preview Eurobasket 2015 : Les Bleus, armés jusqu’aux dents
A quelques encablures du début de l'Eurobasket, voici comment nous parlions des Bleus dans REVERSE #52. Si Alexis Ajinça et Antoine Diot ont dû déclarer forfait depuis, cette équipe de France reste potentiellement la plus talentueuse de l'histoire du basket français. Avoir simplement une grande équipe « sur le papier » n’a jamais fait gagner qui que ce soit. Mais vu la densité de talent dont dispose l’équipe de France à l’approche de « son » Euro, on se prend à rêver les yeux ouverts. Les publics de Montpellier et de Villeneuve-d’Ascq auront la chance de voir évoluer ce que le basket français peut produire de mieux. Le CV ne fait pas tout, bien entendu. Aucun de ses adversaires n’ira faire des courbettes devant la troupe de Vincent Collet simplement parce qu’elle compte en majorité des joueurs NBA ou des éléments rompus aux joutes d’Euroleague. Mais alors que la préparation n’a pas débuté et que l’écrémage final n’a pas encore été effectué, un rapide coup d’œil au roster permet de comprendre pourquoi les Français ont toutes les raisons d’être ambitieux. Pour dire vrai, il s’agit peut-être tout simplement du groupe le plus doué de leur histoire. [superquote pos="g"]Collet : "Ce qu’on a n’est pas du niveau des stars NBA. Nous n’avons qu’un Tony et de très bons joueurs qui ne sont ni LeBron, ni KD".[/superquote]A part Joakim Noah qui reste – quels que soient les griefs des supporteurs à son encontre – le meilleur pivot sélectionnable, aucune autre pointure ne manque à l’appel. Qui aurait pu imaginer, il y a quelques années, que ces Bleus compteraient dans leurs rangs 10 joueurs NBA confirmés et presque tous performants dans leur rôle, et un membre du deuxième meilleur cinq d’Euroleague en la personne de Nando De Colo ? Même Vincent Collet, qui n’est généralement pas friand des louanges avant que le moindre match ne soit joué, est conscient de cet état de fait. Tout en restant évidemment mesuré, on ne se refait pas… « Une équipe, pour qu’elle performe, il faut qu’il y ait des grands joueurs. Aujourd’hui, nous avons la chance de les avoir. Après, si tu as douze grands joueurs comme les Américains, tu surclasses tout le monde. Mais nous, sans faire offense à quiconque, ce qu’on a n’est pas du niveau des tops stars NBA. Nous n’avons qu’un Tony et derrière de très bons joueurs qui ne sont ni LeBron James, ni Kevin Durant », expliquait-il récemment. Le « Chosen One » et son rival d’Oklahoma City n’ont malheureusement pas de passeport français, mais cela n’empêche pas les Bleus de disposer d’un effectif redoutable, hyper varié et surtout détenteur d’une expérience collective qui commence à compter dans le paysage européen et mondial.

Plus forts que les héros de Sydney ?

Les nostalgiques diront, avec raison, que le groupe qui s’était « autodétruit » à l’Euro 2003 demeure l’un des plus denses et dominateurs qu’on ait pu voir à l’œuvre et que celui qui avait fini demi-finaliste de l’Euro 99 avant d’atteindre la finale des Jeux Olympiques 2000 reste une référence en termes de performances. Laurent Foirest, que l’on avait interviewé dans le REVERSE de février-mars 2013, estimait lui que les instances du basket français ne s’étaient pas montrées assez reconnaissantes envers l’équipe de Jean-Pierre de Vincenzi, qui n’avait eu droit à un hommage collectif que 10 ans plus tard lors d’un All-Star Game de LNB… [superquote pos="d"]Fournier : "Imaginez si on se met à dire ça, mais qu’il n’y a pas de résultats derrière… On aura l’air malin".[/superquote]Aujourd’hui 5ème au classement FIBA, l’EdF n’a plus à craindre cette absence de visibilité qui avait frappé ses aînées. Dans l’inconscient collectif et même dans celui de certains internationaux de la dernière génération, les médaillés d’argent de Sydney occupent néanmoins la place la plus importante dans la vitrine sentimentale du basket français. Evan Fournier, qui n’avait que 8 ans lors de l’épopée de la bande à Bilba, connaît ses classiques et abonde dans ce sens. « Je n’ai pas la prétention d’affirmer qu’on a la meilleure équipe de France de l’histoire. Imaginez si on se met à dire ça, mais qu’il n’y a pas de résultats derrière… On aura l’air malin. On a une très belle équipe et elle n’est pas loin de faire partie des meilleures, mais on en reparlera dans quelques années. Il y a quand même les vice-champions olympiques de 2000 qui étaient très forts. C’est pour moi le plus gros résultat d’une équipe de France de basket à ce jour. » Un joli clin d’œil et une belle preuve de respect quand on sait que, depuis cet exploit, les Bleus ont tout de même décroché un Euro (2013), ainsi qu’une médaille de bronze (2005) et une médaille d’argent (2011) dans la même compétition, et le bronze à la Coupe du Monde 2014.

Enfin un secteur intérieur bien garni

Si la confiance règne chez les fans et que les billets pour assister aux éventuels matches à élimination directe s’arrachent, c’est aussi parce que la France va enfin se présenter avec une raquette potentiellement meilleure que celle de la plupart de ses adversaires. Pour la première fois depuis 2011, où Noah, Ali Traoré et Kévin Séraphin avaient été performants, Collet dispose de quatre joueurs capables d’occuper le poste 5 dans des circonstances changeantes et face à des menaces spécifiques : le tentaculaire Rudy Gobert, l’accrocheur Joffrey Lauvergne, l’instinctif Boris Diaw et l’offensif Alexis Ajinça. Un gage de sûreté, si toutefois l’infirmerie ne se remplit pas comme à chaque fois dans les dernières encablures (malheureusement, Alexis Ajinça a déclaré forfait depuis la parution de REVERSE #52 – ndlr). [superquote pos="g"]Aucune équipe n'a remporté un Euro à la maison depuis 22 ans...[/superquote]« Je ne me réjouis pas encore, on a déjà vécu des situations où on pensait être fournis », prévient Collet. « À ce niveau, on sait très bien qu’on ne peut pas y arriver sans un secteur intérieur performant. Les atouts sont là, mais la première arme de l’équipe de France en post-up, c’est Boris Diaw. Ça n’a jamais changé. Nos autres intérieurs progressent énormément dans des secteurs qui ne leur sont pas familiers et ça, c’est déjà énorme. Dans le basket européen, tu as besoin de savoir te placer, d’être juste dans le jeu. Sinon, ton attaque peut vite être étouffée. La seule manière de contourner ça, quand tu manques de tirs ou de moves offensifs, c’est l’utilisation de l’espace et de la mobilité. Et là-dessus, ils travaillent bien. » Ce luxe dans le choix des armes et ce recours potentiel au small ball avec « Babac » en 5, on le retrouve également à l’arrière et à l’aile avec des profils comme ceux de Nicolas Batum, Antoine Diot (depuis remplacé par Thomas Heurtel – ndlr), Nando De Colo, Evan Fournier ou Mickaël Gelabale. Voilà qui pourrait bien faire la différence au moment de retrouver l’Espagne, la Serbie ou une autre nation européenne désireuse de « taper » le co-organisateur du tournoi. Un espoir compréhensible, quand on sait qu’aucune équipe n’a remporté un Euro à domicile depuis 1993 et le sacre de l’Allemagne. « J’ai prévenu Tony et Boris du danger de la situation et de la nécessité qu’ils protègent les autres de l’engouement médiatique et de la ferveur populaire. C’est très dur de gagner une compétition à la maison. Si même l’Espagne n’y est pas arrivée l’an dernier alors qu’elle avait de la marge sur tout le monde à part Team USA, cela doit nous alerter. Nous devrons trouver notre chemin, même s’il est escarpé », anticipe ainsi le sélectionneur. On fait confiance aux Bleus pour se frayer un passage vers le dernier carré et dérider un public qui passera lui aussi l’épreuve du feu. Généralement considéré comme plus froids et moins enthousiastes que leurs voisins lorsqu’il s’agit de mettre de l’ambiance dans une salle de basket, les Français devront prouver qu’ils sont capables de chasser ce cliché et de rendre l’événement inoubliable. Comme Tony Parker et ses partenaires sur le terrain, en somme… Les adversaires des Bleus dans le Groupe A : Russie, Finlande, Pologne, Israël, Bosnie
Afficher les commentaires (0)
Atlantic
Central
Southeast
Pacific
Southwest
Northwest