Ray Allen continue de défier les règles du temps

Détenteur du plus grand nombre de paniers à trois-points inscrits en playoffs, Ray Allen défie encore et toujours les lois du temps. Et ce n'est pas fini...

Ray Allen continue de défier les règles du temps
Disons-le d'entrée : les fans des Boston Celtics auront du mal à aller au bout de cet article. Parce qu'il évoque la trajectoire de Ray Allen, celui qui a rejoint l'été dernier le Miami Heat, l'ennemi juré, au terme d'une énième aventure extraordinaire en playoffs avec les Celtics (défaite 3-4 en finale de conf' contre… le Heat). "Il m'a vraiment blessé. Je n'aurais jamais cru qu'il partirait là-bas", déclarait récemment Paul Pierce au Boston Herald. Pendant que ce même Paul Pierce, arme offensive esseulée, galère face aux Knicks (et encore, ce n'est rien à côté de Jason Terry, remplaçant supposé de RayRay), Ray Allen s'éclate dans les rangs du champion NBA. Ce n'est même pas une surprise, tant le 20 devenu 34 a fait étalage de son professionnalisme et de son souci du perfectionnisme depuis le début de sa longue carrière. Mais quand même. On a beau être habitué aux coups d'éclats (ou de classe, c'est selon) de l'inusable sniper, sa capacité à briller, saison après saison (17 au compteur…), "force le respect", comme le résume Erik Spoelstra, tout juste cinq ans de plus que son joker de luxe (42 ans, contre 37 à Allen). Puisqu'avec Allen, il est souvent question de records, autant rester dans l'ambiance : la nuit dernière, le 4ème marqueur du Heat (10,9 pts en saison régulière, à 41,9% à trois-points) a battu le record détenu par Reggie Miller du plus grand nombre de trois-points inscrits en playoffs (322, après son 5/8 dans le Game 3). C'est un coup double - triple, pour le coup : en février 2011, Allen avait déjà délicatement chipé à l'ex-gâchette des Pacers celui du plus grand nombre de tirs longue distance en saison régulière, sous le maillot des C's.
"Je pense à tous ces gars qui sont passés avant moi, et à ce que j'ai été capable de réaliser depuis que je joue au basket. Il y a eu beaucoup de grands joueurs, de grands shooteurs, beaucoup de grands athlètes en général, et j'ai été capable d'en arriver là et de laisser cette empreinte", se félicitait hier RayRay en conférence de presse.
Imaginez le tableau : Allen a planté plus de trois points en playoffs que huit équipes NBA…  
"Reggie (Miller) avait établi un record. Je pense aussi à Craig Hodges. J'ai joué avec Dale Ellis et Dell Curry, et j'ai observé ces gars-là. Ricky Pierce, aussi. J'ai joué avec de grands shooteurs et j'ai eu l'opportunité de voir en premier lieu ce que ça demande de se préparer, ce qu'il faut pour être capable de devenir un grand shooteur à chaque instant du match. Je fais juste attention à cela. Je sais qu'il y a des jeunes qui me regardent et qu'un jour, ils se concentreront sur ce record pour, espérons-le, le battre."
Ça, c'est moins sûr. Car il faut un physique d'acier pour marcher dans les traces de l'iron-man du Heat. Si Stephen Curry est tout récemment parvenu à s'adjuger le record d'Allen sur une saison (272, contre 269), saura-t-il empiler les saisons et les shoots avec la cadence de métronome de son aîné ? Pourra-t-il, à 37 ans, continuer de s'infliger des séances de shoots quotidiennes et terminer - presque avec le sourire - par 20 pompes "fingers in the nose" après un concours perdu contre des p'tits jeunes ?

Une séance de shoots avec l'ancien Heat Keith Askins

[youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=q-KPDQ_COcM[/youtube]   Evidemment, du ball-boy à Pat Riley, tout le monde sur South Beach se frotte les mains de l'apport de Ray Allen depuis le début de saison. Dans le jeu en mouvement mis en place par coach Spo, au fil des fixations incessantes des James, Wade et Chalmers, les shooteurs longue distance du Heat s'en donnent à cœur joie : avec 39,6% d'adresse longue distance, les Floridiens affichent le 2ème bilan de la saison régulière, derrière Golden State. RayRay (139/332, 41,9%) fait bien sûr partie du quintette - si l'on excepte le délirant 2/3 de Chris Andersen et les 38,9% de Rashard Lewis - à plus de 40% derrière l'arc en saison régulière, en compagnie de Shane Battier (136/316, 43%), Mike Miller (73/175, 41,7%), Mario Chalmers (123/301, 40,9%) et LeBron James (103/254, 40,6%).
"J'ai toujours eu la vision que ce serait génial de l'avoir dans mon équipe", confiait ce dernier à USA Today en décembre dernier. "D'avoir cette menace, ce gars qui créé des espaces et qui met des shoots décisifs à n'importe quel moment du match."
Allen avait d'ailleurs sauvé la mise à LeBron face aux Spurs, le 29 novembre dernier, après un cafouillage de ce dernier dans les ultimes secondes du match. [youtube hd="1"]http://www.youtube.com/watch?v=342ngkvxIoE[/youtube] C'est également sur des services de James que Ray Allen a inscrit deux autres shoots assassins fin 2012. L'un contre Cleveland, le 24 novembre. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=BTygLLMswDQ[/youtube] L'autre, un game-winner (à 4 points !) face aux Nuggets le 3 novembre, depuis le corner gauche du parquet de l'American Airlines Arena. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=ViyfPYLZ68c[/youtube] Avoir le meilleur shooteur à trois-points de l'histoire dans son équipe, c'est un peu comme percer un coffre-fort tous les jours (driver et fixer) et trouver des lingots d'or derrière la paroi à chaque fois (servir Allen en périphérie). [superquote pos="d"]A l'aise dans son rôle de remplaçant "tueur" de sang-froid[/superquote] Le pire, c'est qu'en compétiteur chevronné qu'il est, Ray Allen a pris une autre dimension en playoffs, lui qui avait déjà haussé le ton après le All-Star break (44% à trois-points). En alternant shoots de loin et pénétrations face aux Bucks, le futur Hall of Famer a planté 20 points dans le match 1, a pris part au 12-0 décisif dans le 4ème quart-temps du match 2 et a scoré 23 points (meilleur marqueur) la nuit dernière dans le match 3. A l'aise dans son rôle de remplaçant "tueur" de sang-froid, en somme.
"Maintenant qu'on est en playoffs, je sais qui est mon adversaire direct, les systèmes que l'équipe adverse met en place, ceux qu'on doit mettre en place pour l'emporter, donc j'essaye de saisir chaque opportunité pour être le plus efficace possible et d'apprendre chaque jour dans cette nouvelle équipe. Je pense qu'on est encore en phrase d'apprentissage, et on continue de grandir", assurait cette nuit Allen.
Sans trop se mouiller, on imagine déjà un Ray Allen décisif en finale de conférence, puis en Finale, à l'instar de Shane Battier et Mike Miller face à OKC en juin dernier. "Jesus" empochera-t-il une deuxième bague après celle de 2008 ? Sûr qu'au fond de lui, devant sa télé, Paul Pierce serait quand même content pour son pote. Et que James Harden se demandera encore pourquoi il a sorti cette phrase à Ray Allen après avoir mis un trois points sur sa tête... [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=6w3fRHrKWVg[/youtube] Ray Allen is the greatest of all-time, and it's still his time...