Rudy Gobert, qu’attendre de sa nouvelle vie chez les Wolves ?

Rudy Gobert, qu’attendre de sa nouvelle vie chez les Wolves ?

Rudy Gobert est très attendu à Minnesota, où il trouve un contexte idéal pour faire passer un cap aux Wolves et cimenter son statut.

Shaï MamouPar Shaï Mamou  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Article

Rudy Gobert faisait partie des meubles au Jazz. A tel point que l'on commençait à se demander si, à son entrée dans la trentaine, il n'allait pas faire partie de ces joueurs qui ne connaissent qu'une seule et même franchise tout au long de leur carrière en NBA. Après tout, il avait bien résisté aux critiques sur le montant de son contrat ou sur son émotivité lorsque le statut de All-Star lui était refusé,  ou plus violent sans doute, le statut d'ennemi public numéro qui lui a été brandi pendant quelques mois après l'affaire des micros.

Même sa relation avec Donovan Mitchell, jugée irréparable à un moment, avait pu être rafistolée. Finalement, Utah n'a pas passé le cap sportivement, Danny Ainge a pris le contrôle des opérations et voilà Rudy lancé dans une nouvelle aventure du côté de Minneapolis.

Avant toute chose, il faut se rendre compte que la transaction a fait tiquer beaucoup de monde en NBA. Rudy Gobert est souvent sous-coté et traité avec trop peu de respect dans la ligue, mais même ses défenseurs les plus ardents ne s'attendaient pas forcément à voir les Wolves offrir, en gros, six premiers tours de Draft (dont Walker Kessler, de la cuvée 2022, et un échange de picks en 2026) pour le récupérer. Beaucoup estiment que ce deal est celui qui a réellement dicté le marché lors de l'intersaison, plus que les doléances astronomiques des Nets pour Kevin Durant.

C'est peut-être de ce côté-là que réside le seul vrai danger pour le pivot des Bleus sur sa première saison dans les Twin Cities.

Les attentes collectives autour de Minnesota ne sont pas encore aussi élevées que ce qu'il a pu connaître au Jazz, après les trois demi-finales de Conférence en cinq ans et les espoirs qu'elles ont suscités. Une qualification pour les playoffs, directement ou via le play-in tournament, contentera, au moins partiellement, tout le monde. Sur lui, en revanche, qui va toucher 38, 41 et 43 millions jusqu'à la fin de son contrat avec les Wolves, il y aura forcément de la pression.

Les fans espéreront que leurs dirigeants n'ont pas hypothéqué une partie de l'avenir de la franchise pour un joueur qui ne changera pas la trajectoire de l'équipe. On peut déjà les rassurer. Il y a de fortes chances que la seule présence de Rudy Gobert, s'il joue comme on le sait capable de jouer, modifie déjà radicalement le plafond de Minnesota. Les playoffs, pour lui, qui les joue sans interruption depuis 2017, c'est désormais business as usual.

Soulagment : on ne lui demandera plus de progresser en attaque, simplement d'être lui-même

Ce nouveau chapitre sera plein de nouveautés pour Rudy, à l'exception du fait que son nouvel employeur attendra encore de lui qu'il soit l'arbre qui cache la forêt en défense. Pas de problème, qu'il joue en club ou en sélection, l'ancien Choletais apporte naturellement de la dissuasion et un comportement de leader défensif. On parle quand même d'un joueur trois fois meilleur défenseur NBA et fréquemment dans la discussion lorsqu'il ne gagne pas le trophée.

Bonus intéressant cette fois, on ne lui demandera probablement pas de faire ce qu'il ne sait pas faire ou de développer davantage d'armes offensives. A ses côtés, il y aura déjà un intérieur avec une cible sur le dos et la pression d'être le franchise player en la personne de Karl-Anthony Towns, virtuose offensif s'il en est, en même temps que pion à l'engagement défensif discutable. Non loin d'eux, Anthony Edwards, dont a déjà pu voir le potentiel assourdissant en attaque, sera aussi là pour alimenter le marquoir. A la mène, D'Angelo Russell peut être frustrant, mais les premiers entraînements ont montré qu'une connexion très prometteuse entre D-Lo et Rudy était déjà en construction.

"D'Angelo voit tout. Parfois, il m'a vu alors que je ne pensais pas que c'était le cas. J'ai trouvé ça impressionnant et excitant. Il faut connaître les habitudes de chacun. Il me fait penser à Joe Ingles, même s'il est plus rapide que Joe (sourire). A partir du moment où je l'aide à aller sur sa gauche (sur pick and roll, NDLR), il arrivera à avoir l'avantage, que ce soit pour scorer ou passer".

Il n'y a aucune raison pour que les fans de Minny se mettent subitement à demander au Français de devenir Nikola Jokic ou Joel Embiid parce que leur équipe manque de solutions offensives. Et ça, c'est une très bonne nouvelle pour lui permettre de s'épanouir et rester dans le registre dans lequel il excelle, ce dont les Wolves ont justement grand besoin. On l'a bien vu la saison dernière face à Memphis en post-saison.

Une connexion avec D-Lo et du tall ball avec KAT

Ce système avec deux intérieurs de grande taille, un peu à contre-courant de ce qui fait en NBA, n'est pas pour déplaire à Rudy Gobert. Il l'a expérimenté chez les Bleus lors des derniers Jeux Olympiques et parfois de l'EuroBasket 2022, lorsque Vincent Collet lui a adjoint Vincent Poirier ou Moustapha Fall. L'adaptation a été bonne et l'impact de la Stiffle Tower n'en a pas été moindre, bien au contraire. Aucune raison que ce ne soit pas également le cas avec les Wolves. Surtout avec un animal de la trempe de KAT à ses côtés, que les défenseurs ne pourront pas simplement laisser libre, ce qui laissera du champ libre à Rudy dans des positions qu'il affectionne. Les fameuses dans lesquelles il était parfois royalement ignoré sous le maillot du Jazz...

"À Utah, on jouait très souvent avec quatre shooteurs autour de moi. Mais j'ai toujours aimé jouer avec un grand, car j'aime passer la balle. Je peux trouver des joueurs extérieurs aussi, poser des écrans. Je sais que je peux rendre les autres meilleurs.

J'aime déjà la façon dont le coach Chris Finch va m'utiliser, que ce soit en attaque ou en défense. On a beaucoup parlé sur ce que je peux apporter. Je compte être le meilleur possible des deux côtés du terrain", a-t-il expliqué lors du media day.

Evidemment, tout le monde est sur son 31 lors du media day et chaque recrue pense avoir rejoint la meilleure situation du monde, celle dans laquelle elle va pouvoir briller et remporter des titres. En ce qui concerne Rudy Gobert, pour la bague, il faudra peut-être attendre un peu. Pour ce qui est de faire gravir des échelons supérieurs et faire de Minnesota une équipe respectée, crainte et proche des meilleures de l'Ouest, il a tout à fait raison d'afficher le sourire qui était le sien en début de semaine.

On ne serait pas étonnés, au vu du profil du groupe qu'il a rejoint, de le voir lutter jusqu'au bout dans la course au trophée de Defensive Player of the Year. Cela voudra dire que le projet de faire des Wolves un endroit qui compte sur la carte de la NBA est en bonne voie.

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