Les 10 pires choix des Sacramento Kings

Les Sacramento Kings ont fait passer le management catastrophique au rang d'art. Retour sur une pléiade de décisions qui ont mené au chaos.

Les 10 pires choix des Sacramento Kings
On s'en doutait un peu, mais ils l'ont confirmé avec éclat et plus tôt que prévu. Les Sacramento Kings sont la franchise de sport US la plus dysfonctionnelle de ces dernières années. Depuis l'arrivée de Vivek Ranadive, les Californiens accumulent les erreurs de casting, les trades et choix de Draft bancals et hasardeux, mais aussi les contre-performances sportives. Voici les 10 décisions les plus catastrophiques prises par la direction depuis la Draft de DeMarcus Cousins, parti aujourd'hui sous d'autres cieux.

1 - Isaiah Thomas, il le valait pourtant bien

Comment transformer un coup de génie en immense connerie. Avant même qu'Isaiah Thomas ne prenne la dimension que l'on connaît aujourd'hui avec Boston, son talent avait fait de lui le meilleur dernier choix (60e pick) de l'histoire de la Draft. Les Kings avaient été les seuls à croire au potentiel du meneur de poche et bien leur en a pris. Malheureusement, ils n'ont, comme beaucoup, pas su prévoir que "IT" deviendrait l'un des scoreurs les plus terrifiants de la ligue et un All-Star incontournable quelques années plus tard. Le 12 juillet 2014, les Kings estiment qu'ils peuvent trouver mieux que Thomas sur le marché et acceptent de le laisser filer après un sign and trade avec Phoenix. Dans l'opération, les Suns ont uniquement abandonné... Alex Oriakhi. Alex qui ? Les férus de NCAA se souviendront peut-être que ce dernier était starter en 2011 lorsque UConn a remporté le tournoi national (chez les Huskies, figurait également un certain Kemba Walker). Drafté en 57e position, Oriakhi a rapidement compris que sa carrière serait plus prospère à l'étranger. Coupé après six matches par Limoges, il a ensuite évolué en Israël, en Lituanie, en D-League, en Italie, au Venezuela, en Turquie et finalement au Mexique aujourd'hui. Pendant ce temps-là, Isaiah Thomas tourne à 30 points par match et joue pour la 2e meilleure équipe de la Conférence Est. https://www.youtube.com/watch?v=vWE4-fGV-Uc

2 - L'homme qui murmurait à l'oreille de Cousins

En novembre 2014, DeMarcus Cousins souffre d'une méningite et doit se reposer pour une durée de 10 matches. L'équipe en perd logiquement 8 en l'absence de son leader. Durant cette mauvaise passe, "Boogie", très actif au sein de la communauté, se rend dans un Walmart pour distribuer des cadeaux à des enfants défavorisés près de la Sleep Train Arena. A peine arrivé, le pivot All-Star reçoit un coup de fil le sommant de se rendre immédiatement auprès de la direction. Vivek Ranadive et Pete D'Alessandro, le GM, l'attendent pour évoquer la situation sportive. Le propriétaire lui explique alors qu'il est convaincu que Tyrone Corbin, l'assistant de Mike Malone, ferait sans doute du meilleur travail que son supérieur si on lui confiait les clés de l'équipe. Interloqué, Cousins ne mâche pas ses mots et demande au businessman indien s'il n'a pas perdu la tête et s'il s'est fixé une deadline pour prendre cette décision. Réponse de Ranadive : la décision a déjà été prise, Malone va être limogé. Cousins ne comprend pas pourquoi on l'a détourné d'un événement caritatif alors qu'il n'a de toute façon pas eu son mot à dire. Il enrage de voir Malone, avec qui il entretenait jusque-là d'excellents rapports grâce à son franc-parler et à sa pédagogie, être remplacé par Corbin. Quelques semaines plus tard, alors que Corbin pourrit l'équipe lors d'une séance vidéo, Cousins dégoupille et lance en quittant la pièce : "Pourquoi est-ce qu'on ne montre pas des vidéos avec toutes les erreurs de ce connard ?" S'il n'est pas certain que les Kings seraient devenus une équipe de playoffs avec Mike Malone, il est peut être le seul coach avec une vraie chance de faire atteindre sa pleine mesure à Cousins en tant que leader.

3 -"Teach me how to Jimmer"

Une preuve que les Kings et leur propriétaire sont obsédés par la hype ? Leur choix de monter un trade le soir de la Draft pour récupérer Jimmer Fredette, starlette NCAA et de Youtube, auquel la fac mormonne de Brigham Young a voué un incroyable culte. En se penchant d'un peu plus près sur son cas, les Californiens auraient probablement passé leur tour, tant les caractéristiques physiques et techniques de "Jimmer" (qui cartonne aujourd'hui en Chine), étaient trop limitées pour envisager de le voir un jour parmi les meilleurs. Les Kings ont ainsi fait un deal à 3 avec Charlotte et Milwaukee, abandonnant au passage le pick n°8 (Bismack Biyombo). Dans cette cuvée, Sacto est ainsi passé à côté de Klay Thompson, Kawhi Leonard, Jimmy Butler en se concentrant bien trop sur Fredette. On n'oubliera cela dit jamais le morceau "Teach me how to Jimmer" qui a sans doute poussé à faire croire aux Kings qu'il leur fallait à tout prix le recruter... "Jimmer Fredette, (hey) nothin' but net, crazy in a daze, no defense can faze, 30 footers he raises, always amazes". Quel flow ! https://www.youtube.com/watch?v=nAUVV8BXwlI

4 - "Stauskas ? Stauskas ?"

En juin 2014, Grantland filme le processus de Draft des Kings pour un petit documentaire (supprimé depuis malheureusement...). On y voit le GM Pete D'Alessandro avoir recours à des techniques plutôt modernes, comme celle de solliciter des intervenants extérieurs (des fans dénichés sur le net pour certains) pour décortiquer la moindre stat qui pourrait aider la franchise à dénicher le joueur adéquat. Le nom qui revient le plus souvent est celui d'Elfrid Payton et on pense que le meneur de Louisiana-Lafayette sera l'heureux élu, d'autant que Sacramento a besoin d'un point guard. Le jour J, le propriétaire Vivek Ranadive est étonnamment actif dans la war room alors que D'Alessandro et ses collaborateurs sont sur le pont. Le documentaire montre un Ranadive assis à la table des discussions et en train de militer pour que le 8e pick soit utilisé pour Nik Stauskas, le shooteur de Michigan, au détriment de Payton. Les visages sont perplexes et on a l'impression que seul Ranadive, qui interroge tout le monde en lançant des "Stauskas ? Stauskas ?" au moment de la décision, est tétanisé. On connait la suite. D'Alessandro n'a pas envie de perdre son job (ce qui arrivera peu de temps après au final...) et opte pour Stauskas. Incapable de régler la mire et au final peu utilisé par ses coaches respectifs, Stauskas est tradé en 2016 dans une opération non moins désastreuse (voir plus bas). Le pire dans cette Draft, ce n'est pas tant le mauvais choix d'homme que l'interventionnisme de Ranadive et le sentiment, déjà, qu'il n'y a pas de pilote compétent dans l'avion.

5 - Stauskas, acte II

Et pourquoi ne pas tenter de gommer une boulette en commettant une boulette encore plus grosse ? Le 10 juillet 2015, un an après avoir tenté le pari Stauskas, les Kings se sont dit que ce serait une bonne idée d'inclure l'ancien Wolverine dans un deal censé les aider à libérer de la masse salariale pour faire signer... Rajon Rondo, dont l'expérience à Sacto sera de courte durée. En plus de Stauskas, Carl Landry et Jason Thompson sont envoyés à Philadelphie. Mais le GOAT Sam Hinkie, crucifié pour ses péchés depuis, a eu le génie d'inclure, entre autres, le droit d'échanger avec les Kings le 1er tour de 2017 et un 1er tour 2019... Lancés en monde full tanking, les Californiens perdent ainsi l'occasion de jouir d'une pépite lors de cette cuvée et en feront profiter les Sixers. Ouch !

6 - Ils ont ignoré Hassan Whiteside

Ne pas détecter le talent d'un joueur et le laisser passer à la Draft est déjà douloureux. Mais réussir à drafter un joueur talentueux mais ne pas se rendre compte de sa qualité est devenu une spécialité chez les Kings. Avant de sous-évaluer Isaiah Thomas, Sacramento en avait fait de même avec Hassan Whiteside. Drafté en 32e position en 2010, le pivot touche aujourd'hui plus de 25 millions de dollars par an à Miami et est considéré comme l'un des meilleurs protecteurs de cercle et rebondeurs de la ligue. Après 19 bouts de matches en deux saisons et des aller-retours en D-League, les Kings n'ont pas vu l'étincelle et l'ont contraint à un exil pour le moins exotique entre le Liban et la Chine. https://www.youtube.com/watch?v=pciST1C-E2Y

7 - Vlade Divac, trop de pouvoir, trop tôt

Vlade Divac est l'un des meilleurs intérieurs européens de l'histoire, ça ne fait aucun doute. Mais ça ne doit pas le préserver des critiques dans ses nouvelles fonctions. Après avoir été une pièce centrale du deal qui a conduit Kobe Bryant jusqu'aux Lakers et un fan favorite chez les Kings, le Serbe a logiquement tenté sa chance en Californie pour son après-carrière. Après s'être rapproché de Vivek Ranadive en mars 2015, Divac est devenu le vice-président des opérations basket, avant d'être finalement promu General Manager, faute de hiérarchie très établie, en août de la même année. Petit problème, malgré son expérience, l'intéressé ne connaît pas tous les ressorts du CBA et mise davantage sur ses relations et son flair pour opérer. D'aucuns se sont fait l'écho de situations embarrassantes lors de négociations ou de finalisations de deals, où la méconnaissance des règlements NBA de Vlade Divac a fait perdre toute crédibilité à la franchise. Pas de quoi faire douter l'ami Vivek, qui lui a offert un nouveau contrat rondelet et longue durée en mars 2016. Dernier fait d'arme en date : avoir annoncé publiquement et en privé que DeMarcus Cousins ne serait tradé sous aucun prétexte, pour finalement faire le coup en douce durant le All-Star Weekend. On se demande bien qui va vouloir travailler avec lui à l'avenir...

8 - Furious George chez les Sacramento Kings

George Karl n'est pas ce que l'on peut appeler un inconnu en NBA. On parle tout de même de l'un des coaches avec le bilan le plus victorieux de l'histoire, mais aussi d'un entraîneur à fort caractère qui fait très rarement des compromis. Certaines stars qu'il a eu sous ses ordres à Milwaukee, Seattle et à Denver peuvent en témoigner... Il était écrit d'avance que Karl n'aurait pas la patience et la santé pour supporter DeMarcus Cousins avec cette équipe et à ce stade de sa carrière. Pourtant, les Kings ont tenté le coup et ont échoué dans les grandes largeurs, non sans avoir laissé les deux hommes se ridiculiser en faisant semblant de bien s'entendre pour mieux se dézinguer par voie de presse ou sur les réseaux sociaux. Et encore, on ne saura probablement pas tout avant que "Furious George" ne sorte un nouveau bouquin sur le sujet. Un an de perdu et des dommages collatéraux évidents...

9 - La Draft 2016

Les Kings avaient le 8e pick l'année dernière. Plutôt que de tenter de bien faire leur job une fois n'est pas coutume durant la Draft, ils ont lâché le joueur sélectionné (où qu'on leur a suggéré), Marquese Chriss, pour récupérer deux choix un peu plus bas : Giorgios Papaganis et Malachi Richardson. Un Grec qu'on ne verra peut-être jamais et dont personne ou presque n'avait jamais entendu parler, et un arrière scoreur qui s'est révélé avec Syracuse mais sur lequel aucune équipe sérieuse n'a voulu miser. Dans le package, les droits sur Bogdan Bogdanovic, déjà pas très chaud pour quitter la maison pour jouer aux Suns, et qu'on ne verra pas de si tôt non plus...

10 - Le départ de Boogie

Le bouquet final, assurément. Refuser un paquet d'offres a priori plus que correctes pendant plusieurs années, soutenir constamment le joueur contre vents et grosses marées, annoncer qu'il va prolonger pour un montant proche de 200 millions de dollars et... tout envoyer valser. DeMarcus Cousins a, en gros, été échangé contre peanuts ou rien de très tangible pour le moment. Buddy Hield, 23 ans et un ceiling peu élevé, ne sera probablement pas une star NBA, Tyreke Evans arrive en fin de contrat et ne sera pas forcément ravi de revenir à Sacramento, Langston Galloway va être coupé, un second tour 2017 et un premier tour 2017... protégé top 3. Que Sacramento ait décidé de lâcher l'affaire est compréhensible. Mais pas dans ces conditions. Pas pendant un All-Star Game. Et pas contre si peu... C'est un manque de respect pour les fans qui ont pourtant fait des pieds et des mains pour que la franchise ne déménage pas il y a quelques années.