Steve Kerr mourra-t-il avec ses idées ?

Steve Kerr a mis du temps à réagir et à abandonner son small ball fétiche dans le game 6. Tyronn Lue en a profité et les Warriors ont pris l'eau. Le coach de l'année 2016 pourra-t-il justifier son statut dans le game 7 décisif ?

Shaï MamouPar Shaï Mamou  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Steve Kerr mourra-t-il avec ses idées ?
Steve Kerr n'a pas cassé sa plaquette lors du game 6. On ne l'a pas non plus vu pousser la moindre vraie gueulante. Le coach des Golden State Warriors a constamment tenté de rassurer ses joueurs lors des temps morts, comme s'il avait compris, il y a plusieurs jours déjà, que tout se jouerait lors d'un game 7 épique dans la Bay Area. Ce calme relatif et apparent cachait en fait de l'impuissance, presque de la résignation. Kerr mérite d'être encensé pour la manière dont il a transformé une équipe prometteuse en une machine de guerre capable de réaliser le meilleur bilan de l'histoire en saison régulière. Mais ça ne doit pas masquer les erreurs qu'il peut commettre à l'occasion. Le sort n'a pas épargné Steve Kerr, privé tour à tour de Draymond Green (pour un match) et d'Andrew Bogut (jusqu'à la fin de playoffs), puis obligé de s'appuyer sur un Stephen Curry diminué par un genou douloureux et un Andre Iguodala au dos capricieux. Cela dit, ça n'explique pas toutes les options prises par le Coach of the year 2016, particulièrement dans ce game 6 disputé dans l'Ohio. En l'absence de Bogut et au vu de l'insistance des Cavs à vouloir dominer sur le plan athlétique et dans la peinture, on pensait voir Festus Ezeli intégré au 5 comme en saison régulière dans pareille situation. Raté, c'est le fameux "death line-up" très small qui a débuté avec Draymond Green au poste 5. Sur les phases offensives, il a manqué le point de fixation qui permet aux Warriors, dont le jeu tourné vers l'extérieur n'est plus à démontrer, de prospérer. Les Cavs ont eu beaucoup moins de mal à défendre face à ce dispositif et ont aussi bien pu gêner les shooteur que parasiter la circulation de balle. Sans big man au départ (Ezeli est entré par la suite, mais le mal était déjà fait), Golden State a été réduit à la portion congrue de shoots exploitables sur phases de construction et a dû majoritairement attendre que Stephen Curry, Klay Thompson et leurs camarades se créent leurs propres shoots. Le premier quart-temps a ainsi été un calvaire sur ce plan (31-11 au score), les artilleurs des Dubs n'étant pas en rythme.

Ce small ball n'est mortel qu'en cours de match

Défensivement, le bât a rapidement blessé aussi. Les Cavs ont sans surprise attaqué le cercle et profité de l'absence d'intérieurs de taille en deuxième rideau pour se régaler dans ce secteur. Lorsque certains Warriors ont réussi à limiter leurs vis à vis - Klay Thompson contre Kyrie Irving dans un premier temps par exemple - Lue a profité des spécificités adverses pour mettre "Uncle Drew" sur Curry et confirmer les difficultés du MVP à défendre sur son rival. Dans le même temps, LeBron James a rappelé que sans dissuasion autre que celle de Green près du cercle, il n'avait pas grand chose à craindre dans la peinture. L'avantage de mobilité initial dont disposaient les hommes de Kerr a d'ailleurs rapidement été réduit à néant lorsque Kevin Love a été remplacé par le toujours mobile Richard Jefferson pour un nombre trop élevé de fautes.  Pour faire simple, ce small ball qui a fait le succès de Golden State depuis de longs mois n'est pas une solution de départ, mais une carte a l'efficacité bien supérieure en cours de jeu pour casser les lignes et profiter de la fatigue de l'adversaire.
Steve Kerr a mis près de 10 minutes à se rendre compte que sa tactique ne fonctionnait pas (ou à accepter le fait que ce n'était pas la stratégie adéquate, ce qui est plus problématique) et a laissé son équipe s'enfoncer avec aucun point marqué pendant 5 minutes. Paradoxalement, c'est Draymond Green, l'homme qui rend ce small ball si efficace en cours de match, qui a le plus pâti de cette option. Au marquage de Tristan Thompson (auteur d'un double-double à 15 points et 16 rebonds, dont 9 dans le premier quart-temps cauchemardesque de GS), son utilité n'a pas été flagrante en défense et sa créativité en attaque n'a pas sauté aux yeux en dehors de deux ou trois montées de balle tranchantes.
Malgré l'avantage du terrain, un casse-tête se présente à Steve Kerr pour ce game 7 décisif dans la nuit de dimanche à lundi. Avec le même effectif à sa disposition, s'entêtera-t-il à jouer petit dès le départ par orgueil ou relancera-t-il des joueurs comme Festus Ezeli ou Anderson Varejao ? Dans tous les cas, c'est sans doute de cette gestion que dépendront les chances de back-to-back des Warriors...
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