Timothé Luwawu-Cabarrot : « Sur le terrain, je veux être le soldat du coach »

Au Thunder, Timothé Luwawu-Cabarrot va aller chercher un nouveau challenge pour montrer qu'il a bien les qualités d'un joueur NBA d'impact. Retour sur l'entretien qu'il nous avait accordé pour REVERSE.

Timothé Luwawu-Cabarrot : « Sur le terrain, je veux être le soldat du coach »
REVERSE : Pour une équipe qui a connu autant de défaites par le passé, on a l'impression que votre groupe vit bien. Comment est l'ambiance dans le vestiaire ? Timothé Luwawu-Cabarrot : Je crois que je n'ai jamais été dans une équipe avec une aussi bonne ambiance ou alors c'était quand j'étais en espoirs ou en Serbie, avec des mecs qui ont tous vingt ans. L'ambiance est vraiment incroyable ! Les vétérans comme les rookies, on s'entend tous bien. Le fait de gagner, ça aide forcément un peu, mais il n'y a vraiment aucun con dans l'équipe et aucune personne qui fait des actions débiles ou que tout le monde déteste. C'est un bon groupe et j'espère que ça va rester comme ça pendant longtemps. REVERSE : Qui est le plus gros ambianceur ? Timothé Luwawu-Cabarrot : On est beaucoup à être comme ça. Je pourrais dire Amir Johnson, Covington, T.J. McConnell, Saric, Embiid, Holmes aussi ou même moi. C'est vraiment un groupe de bons vivants, de personnes qui ne se prennent pas la tête. On est une bande de potes. Personne ne se sent mal à l'aise dans le groupe, du coup tout le monde est un peu plus boute-en-train qu'il ne l'est peut-être au naturel. C'est plutôt cool. REVERSE : Quels sont les gars avec lesquels tu bouges le plus et avec lesquels tu t'entends le mieux ? Timothé Luwawu-Cabarrot : Franchement, j'aime vraiment tout le monde dans cette équipe, je ne pourrais même pas te dire avec qui je m'entends le mieux. Mais instinctivement, je te dirais Saric, Jerryd Bayless, T.J. McConnell et J.J. Redick, ça c'est les mecs avec lesquels je vais prendre un café la plupart du temps ou avec qui on va au resto ou faire du shopping. Mais je pourrais tout aussi bien y aller avec Ben ou avec Joel ou Covington. REVERSE : Avec Saric, vous parlez peu en yougo ? Timothé Luwawu-Cabarrot : (Il se marre) On ne se parle pas en Serbo-Croate, parce que j'ai déjà tout oublié, mais on se lâche quelques petites insultes de temps en temps pour rigoler ou quelques petites phrases qu'on aime bien dire.
« Ben Simmons, c'est le genre de joueur qui montre des choses à l'entraînement, mais qui a un déclic dès qu’il arrive en match et qui se place à un niveau au-dessus. »
REVERSE : Tu parlais de J.J. Redick. Il est bien sûr venu à Philly pour tout ce qu'il peut apporter sur le terrain, mais probablement aussi pour son leadership. On sait que c'est quelqu'un qui se prépare de manière très méticuleuse, est-ce qu'il y a des choses que tu as apprises à son contact ? Timothé Luwawu-Cabarrot : (Il réfléchit) Je pense que ce que je suis encore en train d'apprendre de lui, c'est son attitude et son degré d'exigence envers lui-même. Le mec ne se laisse jamais aller. Dès qu'il rentre sur le terrain, il est en guerre, tu n'auras jamais l'impression qu'il s'en fout ou qu'il est là sans être vraiment là. Il peut avoir des jours sans, des jours où il ne va pas rentrer de tirs ou où il va perdre des ballons, etc. Mais tu vois qu’il prend ça vraiment à cœur et que ça le fait chier de mettre l'équipe en difficulté. Ça lui fait du mal de perdre la balle pour l'équipe ou de rater des tirs pour l'équipe. Il est concentré sur ce qu'il fait, mais il pense d'abord au groupe parce qu'il sait que ce qu'il apporte, ça aide la team et qu'on compte sur lui pour faire ces choses-là. Il a un gros degré d'exigence envers lui-même et envers le groupe. C'est ça qui m'impressionne et que j'apprends de lui chaque jour. REVERSE : L'an dernier, Ben Simmons était déjà là mais il n'avait pas pu jouer à cause de sa blessure. Tu t'attendais à ce qu'il fasse un début de saison pro comme ça ? Timothé Luwawu-Cabarrot : Franchement, non et je pense que personne ne s'y attendait. C'est le genre de joueur qui montre des choses à l'entraînement et qui est bon, mais qui, dès qu'il arrive en match, a un déclic et se place à un niveau au-dessus. Sa grande force, c'est qu'il arrive à chaque fois à hausser son niveau. REVERSE : Quand le coach a annoncé qu'il voulait le faire jouer meneur, tu y as cru tout de suite ? Timothé Luwawu-Cabarrot : Ouais, parce que c'est un joueur qui a besoin d'avoir la balle longtemps et beaucoup pour rendre l'équipe meilleure. REVERSE : On a vu Joel Embiid un peu énervé après votre défaite contre Phoenix (115-101, le 4 décembre). Qu'est-ce qui vous manque encore pour éviter de perdre ce genre de matches que vous devriez dominer ? Timothé Luwawu-Cabarrot : De la discipline. Et puis ça fait tellement longtemps que l'équipe n'avait pas gagné comme ça, qu'on se l'est un peu joué avant le match et qu'on s’est sans doute cru meilleurs qu'on n’est. On n'a pas joué sérieusement comme on aurait dû le faire et on a mérité de perdre. Ça nous apprendra pour la suite à respecter chaque adversaire, parce que c'est la NBA quand même. Tu ne peux prendre personne de haut. REVERSE : Joel, c’est votre leader émotionnel ? Timothé Luwawu-Cabarrot : Joel est notre leader sportif et en termes de charisme et de présence sur le terrain. Le gars fait 2,15 m, 130 ou 140 kg, il demande la balle, il marque trois paniers d'affilée et le match est plié. Mais je pense que McConnell est vraiment notre leader émotionnel. REVERSE : Ah ouais ? Comment ça s’exprime ? Timothé Luwawu-Cabarrot : C'est plus par ses actions : ces moments où il est en colère envers lui-même parce qu'il a raté un tir ou qu'il va éclater de feu parce qu'il vient de marquer deux ou trois paniers d'affilée ou qu'il fait une interception et qu'il a marqué avec un and-one. Après, il va crier et tout le monde va être fou de rage ou exploser sur le banc. Il n'est pas du genre à arriver au temps-mort et à dire au coach « Tais-toi ! » et à gueuler en disant qu'on joue comme des merdes (rires). Il ne va pas faire ça, mais il va se donner à fond sur le terrain et il va tout lâcher. REVERSE : Pour revenir sur Joel, il aime bien balancer sur Twitter, ce qui crée pas mal de controverses. Vous, ça vous fait plutôt marrer ou est-ce que c'est relou des fois ? Timothé Luwawu-Cabarrot : Ça nous fait rire, parce qu'on le connaît. En plus, moi, je lui parle en français et, à chaque fois, il me dit ce qu'il fait et ce qu'il pense derrière tout ça. REVERSE : Ce côté un peu « troll », il l'a aussi avec vous des fois ? Timothé Luwawu-Cabarrot : Ouais, ouais, ouais, il est tout le temps comme ça (rires). REVERSE : Votre début de saison a aussi été marqué par la controverse autour de Markelle Fultz et de son épaule. On l'a assez peu vu jouer finalement, comment est-ce que tu le perçois, toi ? Timothé Luwawu-Cabarrot : Je pense qu'il n'est pas très loin d'être de retour et que c'est tant mieux pour l'équipe. Ça va nous aider et il va nous apporter son énergie et tout son talent. En match, pour l'instant, on n'a pas encore vu Markelle Fultz, on a plus vu un joueur qui était en plein doute et qui n'était pas vraiment à 100% physiquement. REVERSE : De belles choses sont à venir pour lui ? Timothé Luwawu-Cabarrot : Ah oui, forcément. Tu peux être sûr et certain que ça va être un bon joueur. Son talent est tellement évident qu'il suffit juste qu'il travaille et qu'il ait confiance en lui et ça va le faire. REVERSE : Comment est-ce que tu vois la suite des choses pour les Sixers et pour toi ? Timothé Luwawu-Cabarrot : Je pense qu'on va monter en puissance et que tous ces petits matches qu'on a laissé échapper – comme contre Phoenix ou les Lakers – vont nous permettre d'aller en prendre d'autres, comme celui d'hier à Minnesota. On va grandir en tant qu'équipe et chacun, individuellement, en tant que joueur aussi. Après, personnellement, je pense aussi que je vais monter en puissance. Il me suffirait juste d'un match pour débloquer le compteur et retrouver un peu de réussite et après ça ira. REVERSE : On va continuer à croire au « process » alors... Timothé Luwawu-Cabarrot : (Rires) Voilà, exactement.

Cet entretien de Timothé Luwawu-Cabarrot est extrait du REVERSE #65

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