[ITW] Victor Wembanyama se livre sur sa première saison en NBA : « C’est mon destin »

DE NOTRE CORRESPONDANT À SAN ANTONIO — Après le dernier match de la saison, dimanche, Victor Wembanyama s'est confié au sujet de sa première année en NBA.

[ITW] Victor Wembanyama se livre sur sa première saison en NBA : « C’est mon destin »

La première saison de Victor Wembanyama en NBA est officiellement arrivée à son terme. Après le dernier match des Spurs ce dimanche, qu’il a passé sur le banc, le rookie s’est livré à un groupe restreint de journalistes français sur son année historique. Interview.

Le consensus est que tu as dépassé la hype et les attentes pour ta première année. Es-tu d’accord avec ce constat ?

C’est peut-être le cas, mais ce n’est pas ce que je ressens. Chaque jour, j’essaie de me surpasser, d’accomplir plus de choses, d’établir de nouveaux records, de gagner plus de matches. Mais le lendemain, je me dis toujours que je n’en ai pas fait assez, pour me pousser encore plus. Ma première impression, ce n’est donc pas que j’ai dépassé les attentes, mais plutôt que j’aurais dû en faire plus.

Quelles sont tes plus grandes fiertés de la saison ?

L’une d’entre elles, c’est mes lignes statistiques uniques, notamment dans les victoires. Le fait de faire des choses qui n’ont jamais été réalisées auparavant. Il y a aussi le fait d’être le meilleur rookie dans la plupart des catégories statistiques et le meilleur contreur de la ligue. J’en suis assez fier.

Même si tu savais que les Spurs pensaient à long terme, tu ne t’attendais probablement pas à perdre 60 matches cette année. Y a-t-il eu un moment où ta confiance dans l’avenir de la franchise a été ébranlée ?

Personnellement, je n’ai jamais douté. Je n’ai jamais pensé que je n’étais pas dans la meilleure situation ou au meilleur endroit. Dès le début, les Spurs ont fait un excellent travail de communication, en me tenant au courant de la plupart des choses. Ils n’ont rien laissé au hasard et je crois qu’ils ont les choses en main. Certes, j’aurais préféré que nous fassions les playoffs et que nous ne perdions pas 60 matches. Même si c’est difficile actuellement, j’ai une confiance totale en mes coéquipiers et en notre projet. Ma confiance n’a vacillé à aucun moment.

« Tout donner pendant la saison, pour ensuite mériter de me reposer pendant quelques semaines. »

Comment s’est passée ta première saison sous la houlette de Gregg Popovich ? Y a-t-il quelque chose qui t’a particulièrement surpris ?

Ce qui m’a marqué, c’est à quel point il se soucie de ses joueurs : il voit d’abord les personnes, ensuite les joueurs. Cela ne m’a pas surpris longtemps, car il l’a fait savoir dès le premier jour, voire un peu avant. C’est formidable. Dans de nombreux cas, que ce soit en NBA ou ailleurs, la relation entre les entraîneurs et les joueurs est loin d’être parfaite. Je suis heureux que les choses soient comme elles sont ici.

Ces derniers temps, tu nous as confié à plusieurs reprises que la France te manque. Quand prévois-tu de rentrer et quels sont tes plans à ton retour ?

Je ne sais pas encore quel jour je rentrerai, mais cela arrive très vite. Je vais rester à San Antonio pendant quelques jours pour les tests médicaux de fin d’année, continuer à m’entraîner, puis rentrer. Je vais aller voir mes grands-parents, que je n’ai pas vus depuis mon départ. Je vais voir mon frère, j’aimerais bien voir quelques-uns de ses matches, ainsi que ma sœur. La nourriture me manque aussi… j’irai manger un grec peut-être ? Ça serait pas mal (rires).

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Le fait d’évoluer dans un nouveau championnat tout en étant loin de ton frère, ta sœur et toute ta famille a sans doute été éprouvant. La saison a-t-elle été drainante mentalement ?

Oui, clairement, à la fois mentalement et physiquement. Mais il faut s’y attendre et c’est aussi le but. Si ça n’avait pas été le cas, cela aurait voulu dire que je ne m’étais pas assez mis en difficulté. J’essaie vraiment de me pousser le plus possible, de tout donner pendant la saison, pour ensuite mériter de me reposer pendant quelques semaines.

Entre les hauts et les bas, ces derniers mois ont dû être très intenses sur le plan émotionnel. Comment as-tu vécu cette année émotionnellement ?

Oui, il y a eu un moment où c’était assez dur de perdre tous ces matches. Surtout de devoir y retourner le lendemain ou deux jours après et se retaper des gros balèzes en match (rires). Ça a parfois été difficile, mais je suis assez bien entouré pour qu’il n’y ait pas d’irrégularités dans tout ça. Il n’y a pas eu de moment où j’ai craqué, où je me suis mis à pleurer pour rien ou à être dépressif. C’est donc positif.

« Il y a des millions de personnes qui aimeraient être à ma place, donc je suis obligé de faire le maximum et d’en profiter. »

Tu as souvent décrit ta passion comme le basket comme ton moteur. À quel point le fait de faire ce que tu aimes tous les jours t’a-t-il aidé à traverser les défaites et à progresser ?

Avant 95 % des matches, j’ai essayé de me poser et de réaliser à chaque fois à quel point j’avais de la chance d’être sur le terrain, malgré la difficulté. Par exemple, ça m’est arrivé d’être à l’échauffement, 30 secondes avant le match, et je me sens fatigué. Je me dis que j’ai joué hier et que je vais rejouer dans deux jours. Mais j’essaie de me rappeler la chance que j’ai, et le fait que ça ne va pas durer pour toujours.

Il y a des millions de personnes qui aimeraient être à ma place, donc je suis obligé de faire le maximum et d’en profiter. La défaite, c’est toujours dur à digérer, mais ça fait partie du jeu. Par contre, pendant le match, il y a des moments très durs. Mais je continue de pousser parce que j’aime ça et que c’est mon destin. C’est ce que j’ai envie de réaliser. Ce sont vraiment ces raisons intérieures qui me poussent à continuer. Parce que, vraiment, des fois c’est dur. Parfois, après les matches, je m’évanouis presque. Je m’allonge sur le sol et je suis mort, je ne peux plus bouger.

Tu es déjà devenu une star qui dépasse le cadre de son sport. Sens-tu que ton statut a changé, à la fois aux États-Unis et en France ?

Oui, bien sûr. Après je suis vraiment déconnecté de tout ça dans ma vie privée, donc je ne me sens pas du tout comme une star. Mais en France, j’ai toujours ce sentiment que le basket reste vraiment dans une sphère assez fermée, et pas très grand public comme aux États-Unis. Mais peut-être que je me trompe. J’ai hâte de voir comment ce sera en France quand je rentrerai. Je ne sais pas à quoi m’attendre.

À quoi ressemblerait une saison réussie pour nous tous l’année prochaine ?

Je ne veux surtout pas que la prochaine saison se termine aussi tôt. Je veux que nous allions plus loin et que nous participions en playoffs. Idéalement, j’aimerais remporter tous les matches bien sûr, mais pour gagner il y a beaucoup de petites choses à régler. Il ne suffit pas de dire que l’on souhaite remporter un titre ou atteindre les playoffs pour construire quelque chose de grand. Chaque jour, il faut ajouter une nouvelle brique, et c’est ainsi que nous bâtirons la maison.

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