Bol Bol, l’héritier qui voit haut et loin

Bol Bol fera ses grands débuts en NCAA la saison prochaine. L'empreinte très particulière laissée par son père l'oblige à prouver qu'il est un joueur très différent mais néanmoins bien plus doué.

Bol Bol, l’héritier qui voit haut et loin
Toutes les semaines, retrouvez le portrait d'un jeune joueur, lycéen ou universitaire, à l'histoire, au parcours et au talent qui méritent d'être relatés et suivis. Après Mac McClung, le "Wayne Rooney du high school basketball", intéressons-nous à un joueur complètement différent. Autant par son pedigree que pour son style de jeu, Bol Bol n'a rien à voir avec McClung. Il n'a même pas grand chose à voir avec grand monde. Evidemment, le nom de famille rappellera des choses aux suiveurs du basket des années 90. Manute Bol, géant parmi les géants, était un phénomène de foire à l'âge très vraisemblablement dissimulé (certains de ses anciens coaches évoquent jusqu'à 15 ans de plus que l'âge annoncé), mais à l'impact culturel et visuel indéniable en NBA. Bol Bol est l'un des enfants de l'ancien pivot des Bullets, des Sixers et des Warriors. Le garçon a 18 ans, pas de doute là-dessus. Il est arrivé avec sa famille en 2001 aux Etats-Unis avec un statut documenté de réfugié politique à l'âge de 2 ans. Son père était alors accusé par le gouvernement de Khartoum d'avoir financé un groupe d'opposition chrétien et d'être un espion à la solde des Etats-Unis... Bol mesure 2.21 m à 18 ans. Ce n'est que 10 centimètres de moins que son père. De quoi se dire qu'il sera un basketteur avec le même profil. Un protecteur de cercle, un contreur. Raté. En tout cas, ce n'est pas ce que le jeune homme souhaite et ce n'est pas là-dessus que le feront travailler ses coaches dans l'Oregon. Contrairement à son géniteur, Bol Bol va passer par la case universitaire après avoir déjà eu droit à une formation à l'américaine dans pas moins de quatre lycées référencés entre le Kansas, la Californie et le Nevada. Le garçon peut évidemment faire des dégâts dans la peinture. 2.21 m, ça ne peut pas être que pour la décoration. Mais Bol Bol est aussi un joueur qui aime dribbler, créer et shooter, tous les pré-requis pour être considéré comme un intérieur à fort potentiel.
Chez les Ducks, sur le campus de Eugene dans l'Oregon, il aura tout loisir d'explorer les différentes facettes de son jeu. Bol a opté pour cette fac fiable (5 participations au Tournoi NCAA consécutives) au détriment de la grosse écurie Kentucky, dont il rêvait pourtant lorsqu'il était petit. La raison : il a été bluffé par la connaissance de son jeu qu'avaient le coach des Ducks et ses assistants. Pour ne rien gâcher, ce grand fan de sneakers a eu droit à un show lui montrant toutes les paires spéciales qu'il aurait à sa disposition s'il choisissait Oregon plutôt que le tutorat de John Calipari, noyé au milieu d'autres talents à la cote immense. Bol Bol, en plus de jouir d'une belle cote de popularité auprès des scouts, est apprécié par ses pairs, ses rivaux (Shareef O'Neal, dont il est proche, est le fils de qui vous savez...) et de quelques célébrités. Il y a deux ans, l'adolescent a ainsi fait la connaissance de rappeurs de Migos, devenus des stars locales depuis, et ces derniers ne manquent aucun de ses gros matches.
Le plus dur commence pour le jeune intérieur. Sortir de l'ombre de son père aux yeux du grand public. Si la génération actuelle ne connaît que vaguement Manute Bol, les anciens ne manqueront pas de comparer leur style et leur personnalité.

"En grandissant, j'ai pu voir l'estime que les gens avaient pour mon père. Je réalise quelle personne exceptionnelle c'était. Je suivrai toujours son conseil : n'abandonne jamais et garde un coeur solide. Quand on me dit que je ne suis bon que parce que je suis grand et qu'on ne me connaît que parce que mon père a joué en NBa, ça me motive dix fois plus", raconte Bol Bol dans SLAM.

L'état d'esprit est le bon. On suivra attentivement les premiers pas de Bol Bol en NCAA dans quelques mois.