Les Pelicans, une nouvelle ère bien intrigante

Les Pelicans, une nouvelle ère bien intrigante

Les New Orleans Pelicans ont perdu Anthony Davis mais la franchise va avoir un mix intéressant de jeunes joueurs dans son roster.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Analyse
La saga est terminée. Cinq mois après avoir demandé à quitter les New Orleans Pelicans, Anthony Davis a obtenu gain de cause. Il a été envoyé aux Los Angeles Lakers, sa destination préférentielle affichée depuis février dernier. David Griffin, le GM de la franchise de Louisiane nommé il y a quelques semaines, a fait ce que son prédécesseur Dell Demps n’avait pas osé faire à l’époque. Pour sa défense, le timing n’était pas tout à fait le bon en pleine saison. Les Pels ont donc récupéré Lonzo Ball, Brandon Ingram, Josh Hart et trois tours de draft – le 4ème choix de 2019, un pick 2021 (protégé top-8, non protégé en 2020), un pick 2024 (non protégé) – en plus des droits de swap sur la draft 2023. Un joli paquet. Sans doute l’offre la plus conséquente pour une superstar en fin de contrat. Griffin a essayé de faire monter les enchères auprès des Boston Celtics en utilisant les Lakers. Mais Rich Paul, l’agent de Davis, a été très bon dans sa négociation en déclarant publiquement que son client ne resterait pas plus d’un an en cas de transfert dans le Massachusetts. Une menace qui a refroidi Danny Ainge, le Président des C’s, d’inclure Jayson Tatum dans un package. Et à partir de ce moment-là, la proposition de Los Angeles avait tout simplement plus de sens. Tatum était le joueur recherché par New Orleans – une potentielle star en devenir, ce que ne sont sans doute pas Ingram et Ball. Il sort d’une saison en demi-teinte – tout de même 16 points, 45% aux tirs, 37% à trois-points et 6 rebonds de moyenne, en partageant la balle avec d’autres stars – mais ce qu’il a montré jusqu’à présent laisse deviner un avenir plus brillant que celui de n’importe lequel des jeunes joueurs des Lakers. Les Pelicans n’avaient de toute façon pas vraiment le choix. La valeur d’Anthony Davis aurait diminué à chaque mois le rapprochant de l’expiration de son contrat, en 2020. Il était évident qu’il ne comptait pas rester. Même après s’être entretenu avec les nouveaux dirigeants et malgré une arrivée imminente de Zion Williamson, probable premier choix de la prochaine draft. Alors le management a fait le plein d’assets. Des jeunes joueurs, trois de 24 ans et moins (22 pour Ingram et Ball au début de la prochaine saison), et des picks. Un trésor de guerre intéressant pour compenser la perte du meilleur joueur de l’équipe depuis 2012. Est-ce vraiment de bons atouts pour autant ?

Lonzo Ball, cible prioritaire des New Orleans Pelicans

Lonzo Ball, et non Brandon Ingram, était peut-être le joueur le plus désiré par les Pelicans. La franchise manifestait déjà un intérêt persistant pour le deuxième choix de la draft 2017 dès février. S’ils avaient pu, les Lakers l’auraient sans doute gardé. Zo était notamment proche de LeBron James, un joueur avec qui il peut potentiellement « fit ». Potentiellement seulement parce que les derniers mois écoulés ont prouvé qu’il n’était pas toujours facile pour le jeune meneur d’exister autour d’une superstar qui contrôle autant le jeu. Mais les Angelenos se devaient de le céder pour satisfaire les demandes des Pelicans. Les débuts de l’aîné Ball en NBA ont été plutôt moyens sur le plan purement statistique. Il a parfois été très bon et d’autres fois très maladroit. Ça donne quand même 10 points, 6,2 rebonds, 6,4 passes à 38% aux tirs et 31% à trois-points en 99 matches. Parce que oui, il n’a joué que 99 matches en deux ans. Son état de santé inquiète un peu. Il est souvent blessé. Il doit se renforcer et prouver qu’il peut tenir la cadence. C’est la première étape. Ça devrait l’aider à prendre du rythme. Quand il jouait plusieurs matches d’affilée, Zo finissait par se mettre en confiance et à hausser son rendement. Le seul, c’est qu’il finissait donc par se blesser à un moment ou un autre. La deuxième étape consiste à travailler son tir – même si ça résulte aussi de la première étape. Il est passé de 36 à 40% aux tirs et de 30 à 33% à trois-points entre sa première et sa deuxième saison NBA. C’est encourageant. Dans le meilleur des scénarios, il deviendra un excellent joueur. Peut-être un All-Star. Sans doute une pièce majeure d’un candidat au titre d’ici plusieurs saisons. Mais c’est le meilleur des scénarios. Une thèse plus neutre penchera pour un bon joueur de basket. Pas une star NBA, issue souvent attendue pour les joueurs sélectionnés à l’une des trois premières positions de la draft.

Brandon Ingram enfin libéré aux New Orleans Pelicans

Brandon Ingram a lui aussi été drafté en deuxième position. Un an avant son coéquipier, en 2016. Il était alors comparé à Kevin Durant, un rapprochement qui s’explique quasiment uniquement par leur physique longiligne. Il est grand et maigrichon, agile et à l’aise en dribble pour sa taille. Ça s’arrête-là. Ingram est un slasheur qui a besoin de la gonfle pour s’exprimer et ça ne collait pas avec LeBron James. On peut même penser que ça aurait pu partir au clash entre les deux s’ils avaient continué à cohabiter. B.I. a notamment pris le leadership en main sur le terrain même quand James est revenu de blessure. Avec un certain agacement palpable envers son aîné. Il a d’ailleurs rapidement manifesté sa joie d’être transféré. L’ailier aura plus d’occasion de se mettre en valeur aux Pelicans. C’est tout de même un garçon à 18,3 points, 5 rebonds et 3 passes de moyenne ! Il y a un talent certain. Est-ce un futur All-Star pour autant ? Ce n’est pas dit. En tout cas, peut-être pas un multiple All-Star. Josh Hart était le jeune joueur dont le profil collait le mieux avec James : c’est un arrière capable de bien shooter de loin et de bien défendre. Un « role player » au style très convoité en NBA. Une belle pioche des Pels, même si son potentiel est évidemment limité. Aucun de ces trois ne semblent en mesure d’assumer un jour le poids d’une franchise sur leurs épaules. Ce ne sont pas des superstars en puissance. Ils n’ont ni le talent ni le potentiel d’un Anthony Davis.

Des choix de draft mais peu de chances de récupérer une star

Les picks sont de jolis atouts supplémentaires. Mais sans être renversants pour autant. Un quatrième choix de draft, c’est propre. Mais la cuvée est surtout très forte… dans son top-3. Il y a une baisse de niveau ensuite. Il y a tout de même des joueurs très intéressants à aller chercher : Cameron Reddish (peut-être le plus gros potentiel disponible même s’il a moins de certitude que d’autres prospects), Jarrett Culver, DeAndre Hunter, etc. Sauf coup de chance, il est peu probable que l’un de ces gars-là change brutalement l’avenir de New Orleans. Les picks 2021, 2023 (droits de swap) et 2024 seront sans doute mal placés, en fin de premier tour. Anthony Davis a signé aux Lakers pour s’y engager sur le long terme. Il devrait donc signer un contrat maximum dès 2020, le liant à l’organisation jusqu’en 2024 ou 2025. Pile dans son « Prime », lui qui est déjà l’un des six ou sept meilleurs joueurs du monde. Il va continuer à progresser. Les Angelenos ont peu de chances de manquer à nouveau les playoffs. C’est donc des picks autour du vingtième choix que vont récupérer les Pelicans. Les superstars de demain sont rarement dénichées à ce stade de la draft.

La flexibilité, ça n'a pas de prix

Mais on ne sait jamais ! Et c’est ça toute l’idée de ce transfert. Avec tous ces assets, David Griffin possède ce qui est le plus important en NBA : de la flexibilité. Un luxe. Il peut faire d’autres échanges avec ces picks. Il peut trouver un « steal » à un moment donné. De toute façon, une équipe qui se sépare de sa superstar n’est jamais compensée à sa juste valeur. Même quand un All-Star fait partie du package comme on a pu le voir avec DeMar DeRozan. Les New Orleans Pelicans n’ont pas récupéré un joueur amené à remplacer Davis mais… peu importe ! Ils ont le premier choix de la draft pour ça. Zion Williamson est amené à devenir leur prochain visage. Par contre, si le backcourt formé par Ball et Jrue Holiday a de l’allure sur le papier, on peut se demander si les Pelicans ne manquent pas d’un créateur d’élite ballon en main. Zo fluidifie le jeu mais il manque de vitesse et d’explosivité. Ingram peut assumer ce rôle s’il passe un vrai cap (voire deux). Il faudra aussi que deux des trois extérieurs convertissent plus de 37% de leurs tirs à trois-points au coté de Zion. Sinon le spacing de l’équipe risque d’être problématique. Mais l’avenir est excitant à New Orleans et c’est ce qui compte pour l’instant. Normalement, une franchise qui perd sa superstar sombre dans l’ennui. Là ce n’est pas du tout le cas. Au contraire, les Pelicans seront l’une des équipes à suivre l’an prochain.
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