Oui, les Sixers sont déjà des contenders

Si cela pouvait paraître insensé il y a encore quelques mois, les Philadelphia Sixers ont de bonnes chances de disputer les Finales NBA. Voici pourquoi.

Oui, les Sixers sont déjà des contenders
Faisons comme si on avait à notre disposition une machine à remonter le temps. Revenons seulement deux ans en arrière, en avril 2016. Joel Embiid n'a pas encore joué le moindre match en NBA. On commence légitimement à se demander s'il ne va pas compter encore moins d'apparitions que Greg Oden dans la ligue. Les Sixers ne savent pas encore s'ils auront le 1st pick pour drafter Ben Simmons. Sam Hinkie, vexé qu'on lui impose les Colangelo en superviseurs, abandonne le Process entamé trois ans plus tôt. Imaginez une seconde que l'on dise à un fan de Philly, à cet instant précis, que son équipe aura de vraies chances de disputer les Finales NBA dans moins de deux ans. Ou même simplement qu'elle finira devant les Cavs au 3e rang de la Conférence Est. Le type aurait immédiatement appelé l'asile pour y faire interner le messager. Et pourtant... La conjoncture et la configuration de ces playoffs NBA font que les grandes déclarations de Joel Embiid pour qui "le titre, c'est maintenant", ne font plus rire personne. On ne va pas affirmer que les Sixers représenteraient un danger majeur pour les Warriors ou les Rockets. Mais le simple fait que l'on se pose la question est déjà fou. En quelques mois, tout s'est incroyablement bien goupillé en Pennsylvanie. Cinq ans pile poil après que la première pierre du Process ait été posée par son architecte. Après un premier tour joliment maîtrisé, voilà que la troupe de Brett Brown, enfin récompensé pour son travail, commence vraiment à ressembler à un contender au sens propre du terme. A savoir une équipe capable de lutter pour le titre et donc d'atteindre les Finales NBA. Voici pourquoi.

Aucun adversaire ne paraît insurmontable

Depuis 8 ans, la perspective d'affronter LeBron James et les Cavs est synonyme de panique chez les équipes de la Conférence Est. Le changement, c'est maintenant. On le voit bien dans ce 1er tour. Cleveland est à égalité (2-2) avec Indiana. Le "King" et ses sujets sont plus vulnérables que jamais et n'inspirent plus du tout la même crainte. La série n'est pas encore terminée que LeBron tire la langue, gérant comme il peut ses temps de domination magistrale et les séquences où la fatigue l'oblige à attendre davantage de ses partenaires. Parmi les autres concurrents sur le chemin des Finales, tous affichent des lacunes et des signes de faiblesse. Boston, potentiel adversaire des Sixers en demi-finale, est diablement bien coaché mais ne peut pas compter sur ses deux meilleurs joueurs pour cette campagne ! Toronto commence déjà à retomber dans ses travers et à peiner face à une équipe classée #8. Milwaukee n'a pas de véritable identité de jeu et doit s'en remettre aux exploits désordonnées de son Greek Freak. Indiana, en dépit d'un état d'esprit et d'une cohésion admirables, manque de talent brut. Washington... reste Washington. Aucune équipe à l'Est ne surfe sur une meilleure dynamique depuis la fin de la saison régulière. Et aucune n'inspire ne serait qu'un semblant de crainte à ces Sixers.

Deux starlettes déjà prêtes...

On a allumé un paquet de cierges depuis deux ans pour que Joel Embiid et Ben Simmons soient en bonne santé en même temps. C'est le cas et les deux hommes ont développé une alchimie et un niveau de jeu commun déjà époustouflants. Il est rare que deux joueurs aussi inexpérimentés - Embiid a 24 ans mais 94 petits matches de NBA derrière lui, Simmons est un rookie - soient aussi forts aussi tôt. Dans leurs registres respectifs, le Camerounais ont le potentiel pour devenir deux des meilleurs joueurs de tous les temps à leur poste. Rien que ça. Si tant est que Simmons ait un poste à proprement parler, évidemment... Les voir y parvenir, c'est autre chose. En tout cas, on sait déjà qu'ils n'ont absolument aucun symptôme de trac ou de liquéfaction sur une scène aussi grande que celle des playoffs. Joel Embiid joue avec une intensité de dératé malgré les risques encourus après sa blessure au visage et Ben Simmons a pratiquement tourné en triple-double sur la série contre le Heat, tout en réussissant à ne pas dégoupiller face à des adversaires agressifs et prêts à lui rentrer dedans. Aucune équipe n'a véritablement ce qu'il faut pour stopper Embiid et Simmons s'ils sont à 100%. La faculté du pivot à alterner domination intérieure et départs au large pour faire mouche à trois points est ingérable. La polyvalence et le profil de Simmons sont un mystère pour les défenses. Aucune n'est véritablement parvenue à lui faire payer son absence de shoot fiable. Plus important encore, puisqu'il paraît que la défense fait gagner des titres, les deux compères sont déjà des "top" défenseurs. Au-delà même des statistiques parfois flatteuses en termes de contres et d'interceptions, Philly peut s'appuyer sur deux joueurs qui comprennent le jeu dans leur moitié de terrain et ne seront pas obligés d'être planqués dans des systèmes. C'est aussi là l'une de leurs forces principales.

... et bien entourées

Limiter ces Sixers au tendem Embiid-Simmons serait réducteur. Et c'est aussi là que Philly se pose en épine dans le pied magistrale pour les favoris habituels. Le recrutement a été pensé pour que des vétérans toujours capables d'apporter leur écot encadrent cet axe fort. JJ Redick fait un malheur au scoring. Ersan Ilyasova, Marco Belinelli et Amir Johnson sont des facilitateurs intéressants et expérimentés. Ce bon vieux Bob Covington (qui n'a que 27 ans) est un soldat parfaitement adapté à ce type de quêtes. TJ McConnell a la hargne adéquate pour être un back up solide et au profil différent de celui de Simmons. Markelle Fultz, qui a pour le moment réussi à chasser ses démons, est un facteur X qu'il conviendra de surveiller aussi, tout rookie qu'il est. Quant à Dario Saric, le fit est assez parfait et son niveau de jeu ces dernières semaines donnerait presque envie de l'inclure dans une sorte de Big Three avec Embiid et Simmons. En bref, Philadelphie a tout un arsenal à sa disposition pour faire cauchemarder

Un parfum de Magic 95 chez ces Sixers

L'histoire se répète parfois, avec des schémas d'équipes qui se dupliquent, 10, 20, 30 ou 40 ans après en dépit de l'évolution du jeu. Cette équipe des Sixers fait immanquablement penser au Magic de 1995. Orlando était l'équipe hype de l'époque, articulée autour d'un intérieur dominant (Shaquille O'Neal/Joel Embiid) et d'un meneur de grande taille au potentiel effarant (Penny Hardaway/Ben Simmons). Il y a un côté fun, insouciant et rafraîchissant chez ces Sixers qui rappelle cette belle mais courte parenthèse du côté de Disneyworld. On souhaite évidemment aux Sixers une issue moins douloureuse. Orlando avait été sweepé par Houston, avant de progressivement voir son duo majeur se déliter pour finalement se séparer. Les ingrédients pour éviter ce destin tragique sont là. A Brett Brown de bien les utiliser.