Titre NBA, Hall of Fame : comment juger réellement un joueur ?

J.R Smith et Tracy McGrady se déchirent : tu préfères gagner un titre ou intégrer le Hall of Fame ? Peu importe en réalité..

Titre NBA, Hall of Fame : comment juger réellement un joueur ?
Durant l’été, on ne sait pas si le soleil frappe trop fort mais en tout cas, les joueurs lancent de nouveaux débats que nous n’avions pas vraiment vu venir. Le dernier en date concerne le début d’embrouille entre Tracy McGrady et J.R Smith. Les deux n’arrivent pas à se mettre d’accord. T-Mac estime qu’entrer au Hall of Fame vaut plus que gagner un titre NBA. Dans la foulée, Smith s’est offusqué, clamant qu’il n’y a rien de plus fort que d’être champion. Un débat agité mais au final, que choisir ? Surtout, les deux distinctions ont-elles toujours autant d’importance ?

La dictature de la bague

Le basket est un sport collectif. Logiquement, l’objectif devrait donc toujours être la victoire finale de son équipe, l’apogée d’une saison de supériorité. C’est ainsi que les légendes du jeu se sont construites. Les 11 titres de Bill Russell le font passer d’un excellent joueur à la machine de guerre qu’il est désormais dans la mémoire des gens. Ceux qui ne l’ont pas vu jouer s’inclinent immédiatement à la vue des bagues de champions. Si Michael Jordan est reconnu comme le GOAT, le plus grand de tous les temps, il le doit forcément à ses campagnes de playoffs. MJ était un joueur unique, tout le monde l’a vite compris. Mais en remportant deux triplés, en imposant ce sentiment de domination ultime sur des générations de stars privées de titres NBA (Stockton, Malone, Ewing, Barkley etc..), il s’est hissé au dessus de tout le monde. Cependant, le spectre de Jordan a aussi créé son propre monstre. Tous ses défenseurs ont brandi les six bagues de champion comme un crucifix face à un vampire, renvoyant les possibles concurrents à ces deux triplés. Demandez donc à Kobe Bryant qui doit encore se retourner la nuit en rêvant d’un sixième sacre.

Un titre, mais à quel prix ?

C’est une sorte de vérité universelle qui s’est logée dans la tête de n’importe quel joueur NBA. Pour être grand, il faudrait absolument être champion. Une version un peu simpliste qui a créé ses propres dérives. Tout d’abord, en bas de l’échelle des joueurs NBA, on retrouve ces joueurs en manque de reconnaissance. Arrivant à la fin d’une carrière honorable, ils pensent qu’un titre pourrait redonner des couleurs à leur héritage. Non non, on ne pense pas du tout à David West ou Anderson Varejao, on ne se permettrait pas de les nommer.. Qu’est-ce que cela peut bien apporter en plus ? On ne renie certainement pas le bonheur que doit procurer une victoire en finale NBA. Pour autant, ce n’est pas en la remportant en étant le huitième ou neuvième joueur de l’équipe que la carrière d’un West va forcément avoir une autre saveur.

Ecrire l’histoire sans être champion

Le soucis, c’est que cette soif de titres à tout prix a récemment aussi touché les top players de la ligue. C’est l’heure de parler du cas Kevin Durant. Il symbolise parfaitement à la fois le champion ainsi qu’un futur hall of famer. Sa décision de rejoindre les Golden State Warriors lui a assuré une première bague et certainement d’autres dans un futur proche. Personne ne va lui retirer ce mérite. Mais quelle va être la valeur de ce titre dans l’histoire de la ligue ? Celle d’un regroupement de talents exceptionnels mais refusant en quelque sorte l’adversité ? Certaines légendes se forment également dans la défaite, ou du moins dans la bataille. Le duo Karl Malone-John Stockton n’a jamais connu le succès en finales NBA. Par contre, leur équipe du Jazz reste (avec les Pistons) celle qui a le plus posé de problèmes à Michael Jordan. Kevin Durant est très régulièrement montré du doigt, comme LeBron James en 2011. Ce n’est pas tant un acharnement quand on regarde à quel point sa décision marque un virage dans la construction d’une légende. Un seul titre gagné avec le Thunder et Russell Westbrook n’aurait-il pas eu une saveur plus importante qu’un triplé avec Golden State ? C’est possible.. Le ressenti du public NBA est quelque chose de difficile à analyser. La victoire « facile » n’est pas estimée. Tout le monde retient la surprise Dallas en 2011 quand le doublé de Miami paraît être une formalité du fait de la présence de James, Dwyane Wade et Chris Bosh. Pourtant, entre la finale de conférence face à Boston en 2012 et celle face à San Antonio en 2013, les Floridiens ont atteint un niveau stratosphérique et parfois sous-estimé.

Le Hall Of Fame pour réparer les erreurs

L’avantage d’un panthéon du basket, c’est qu’il est possible de prendre absolument tout en compte. Ce n’est plus un concours de qui a le plus de bagues, sinon Robert Horry serait le meilleur joueur du début des années 2000. Le Hall of Fame permet de remettre en perspective une carrière qui peut sembler orpheline d’un sacre de champion NBA. Comment ne pas considérer Patrick Ewing comme l’un des plus grands pivots de l’histoire ? Or, si le seul critère était les bagues, il serait hors du classement. Cela permet aussi de mettre enfin en valeur le plus important : le jeu ! Il n’a beau avoir récupéré qu’un seul titre en fin de carrière à Dallas, Jason Kidd a bouleversé le poste de meneur de jeu. Charles Barkley a révolutionné celui d’ailier fort sans avoir la chance de toucher au graal collectif.

Des nominations nécessaires mais un peu galvaudées

Malgré tout, il ne faut pas prendre les déclarations de Tracy McGrady comme parole d’évangile. Le Hall of Fame représente évidemment une consécration incroyable. Elle met en valeur des joueurs exceptionnels, pas seulement de multiples champions. Mais il faut aussi savoir analyser le caractère d’une nomination. T-Mac, à l’image d’un Steve Nash ou d’un Allen Iverson, a intégré ce panthéon pour la qualité de son jeu, le génie qu’il a apporté sur un terrain. Il existe aussi certains joueurs élus pour des raisons un peu étrangères au jeu pur et dur. S’il a été un bon joueur, le manque d’impact et les blessures récurrentes de Yao Ming laissent perplexe quant à sa nomination. Il devient difficile de ne pas y avoir une dimension marketing évidente. Au final, il faut surtout retenir que la carrière d’un joueur ne dépend pas que de titres ou du fait d’entrer au Hall of Fame. J.R Smith a gagné une bague de plus que Tracy McGrady, devient alors un meilleur joueur ? Non. Inversement, même s’il n’intégrera probablement pas le panthéon du basket, est-ce qu’Andre Iguodala échangerait sa carrière contre celle de T-Mac ? Ce n’est pas certain.. Un joueur se juge sur sa carrière globale, son impact, pas sur une simple nomination ou une bague au bout du doigt.