Touche pas à mon Udonis Haslem

Avant de proposer Evan Turner aux Indiana Pacers, les Philadelphie Sixers ont voulu refourguer au Miami Heat, en l'échange d'Udonis Haslem.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Touche pas à mon Udonis Haslem
La présence d’un vétéran dans un vestiaire a parfois plus d’impact que celle d’un jeune joueur sur le parquet. Dans une NBA dictée par les statistiques de plus en plus avancées, la valeur d’une voix forte dans un groupe se traduit difficilement dans les chiffres. En conséquence, elle peut être négligée par tous ceux qui ont un regard extérieur sur un joueur ou une équipe. Cette saison, Udonis Haslem, 33 ans, passe moins d’un quart d’heure par rencontre sur le terrain (14 minutes). Il tourne à 3,6 points et 3,6 rebonds par match. Son temps de jeu, de même que son impact sur le terrain, s’est amoindri saison après saison. Mais sa valeur dépasse le cadre traditionnel des points, des rebonds ou même ceux plus abstrait de l’énergie dépensée et du sens du sacrifice. Evan Turner a été drafté en seconde position par les Philadelphie Sixers en 2010. Même si son explosion se fait toujours attendre (arrivera-t-elle seulement un jour ?), il est toujours considéré comme un jeune arrière prometteur. Avec les très modestes Sixers, il a démontré cette saison une partie de son talent. Il tournait à 17,4 points, 6 rebonds et 3,7 passes sous les ordres de Brett Brown. Les meilleures statistiques de sa carrière. Alors lorsque les dirigeants de Philadelphie proposent un échange entre Turner et Haslem, la grande majorité des fans NBA vont estimer que l’échange est inégal. Le Heat se renforce avec du sang neuf à l’arrière. Le Heat récupère un ancien deuxième choix de draft capable de suppléer Dwyane Wade, blessé un match sur deux. Le Heat renforce encore une fois son banc avec un talent offensif de plus. Le Heat réalise le gros coup de l’année avec ce transfert. Le Heat sera champion. Mais le Heat perd Udonis Haslem. Originaire de Miami, Haslem a joué au lycée et à la faculté en Floride avant de rejoindre les rangs du Heat en 2003. Il n’a jamais quitté ses terres. Il est resté fidèle à sa franchise même quand sa valeur sur le marché a pris de l’ampleur – il tournait alors à 11 points et 9 rebonds de moyenne. Il a fait un trait sur dix millions de dollars – deux fois – pour rester à Miami. Il y a remporté trois titres et il est, avec Dwyane Wade, le dernier rescapé de l’effectif héroïque sacré champion NBA en 2006. Sa voix est écoutée et respectée, même par des joueurs de la trempe de LeBron James ou Ray Allen. Udonis Haslem est l’âme du Miami Heat et le symbole de l’esprit familial de la franchise, une philosophie si cher aux yeux de Pat Riley (le président) et Nick Arison (le propriétaire). Selon le Miami Herald, les Philadelphie Sixers ont proposé Evan Turner en échange d’Udonis Haslem le soir de la deadline NBA. Le Heat a refusé. Turner a ensuite été envoyé aux Indiana Pacers, en échange de Danny Granger, ancien meilleur joueur de la franchise d’Indianapolis dont la carrière a pris du plomb dans l’aile depuis sa grave blessure au genou. Même s’il ne faut pas tirer des conclusions trop hâtives, on remarquera que les Pacers ont connu des difficultés depuis le transfert de Granger. Plus que leurs problèmes sur le terrain (efficacité offensive proche du néant, etc), on notera les tensions naissantes dans le vestiaire en l’absence de leur ancien leader. Le groupe de Frank Vogel paraissait pourtant si soudé.
[superquote pos="d"]"Udonis est l'âme de cette équipe" Mario Chalmers[/superquote]« Vous comprenez maintenant pourquoi on n’a pas transféré Haslem », remarquait récemment un dirigeant du Miami Heat.   « Udonis, c’est le cœur et l’âme de cette équipe. C’est l’un des capitaines, l’un des leaders. Il montre à tout le monde ce qu’est le bon exemple. Je ne sais pas (comment ça se serait passé s’il avait été transféré). Ça n’aurait pas été une bonne chose, » témoignait pour sa part Mario Chalmers.
Il existe des dizaines et des dizaines d’intérieur capable de compenser l’apport d’Udonis Haslem sur le parquet. Mais combien d’entre eux auront son impact dans un groupe ? Toutes les grandes franchises – les candidats au titre – disposent d’un vétéran de cette trempe, capable d’influencer sur la dynamique de son équipe. En juin prochain, Haslem décrochera peut-être une quatrième bague. Une ligne de plus sur son C.V qui en dit parfois beaucoup plus que les statistiques…
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