Affaire PL-Chalon : aux confins du ridicule

Dans quelques heures, l'Elan Chalonnais s'apprêtera à jouer son dernier match de l'année. Comme d'habitude, les joueurs, qui se sont entraînés hier encore, arriveront au Colisée, se changeront et s'échaufferont. Comme d'habitude, on allumera les lumières, on installera la table et les chaises pour accueillir chronométreurs et marqueurs, on branchera les chronos et la table […]

Dans quelques heures, l'Elan Chalonnais s'apprêtera à jouer son dernier match de l'année. Comme d'habitude, les joueurs, qui se sont entraînés hier encore, arriveront au Colisée, se changeront et s'échaufferont. Comme d'habitude, on allumera les lumières, on installera la table et les chaises pour accueillir chronométreurs et marqueurs, on branchera les chronos et la table de marque. Comme d'habitude, les arbitres siffleront les trois minutes, puis une minute. Mais voilà, les spectateurs ne verront pas d'entre-deux, et encore moins de match, suite parfaitement logique de l'un des épisodes les plus surréalistes de l'histoire du basket français. Paris-Levallois a en effet annoncé qu'il ne disputerait pas cette rencontre, donnée à rejouer ce soir par la chambre d'appel fédérale. Rappelons que le litige portait sur le match entre Chalon et Paris du 27 Octobre 2007, auquel avait participé Mohamed Koné, à l'époque Chalonnais, alors qu'il avait reçu la veille (lui, mais pas son club) un courrier lui notifiant une suspension pour un contrôle positif au cannabis. Et si le CNOSF a récemment confirmé la décision de la Chambre d'appel de la FFBB (à savoir match à rejouer), le Paris-Levallois a très vite fait savoir qu'il ne rejouerait pas ce match, certain que ce match devait être gagné sur tapis vert. Le PL, dont la cause a été pour le moment rejetée par tous les organismes qu'il a saisis, a déposé vendredi devant le Tribunal Administratif de Paris un référé en suspension et annulation de la décision fédérale. Et ils paraissent plutôt confiant. A tel point que la veille, jeudi, leur site a publié un communiqué hallucinant, assurant que le club était maintenu, et s'en félicitant, avant de se raviser dans la journée et de publier un communiqué un peu plus sobre, appelant à « l'application des règlements ». Dans un premier temps, le site annonçait étonnamment que « tout comme nous le présagions, les tribunaux devraient prochainement accorder 'match gagné' pour le Paris-Levallois contre Chalon. Alors, le Paris-Levallois se retrouverait à égalité au classement avec Chalon et Gravelines. Or, au sein de cette égalité à trois, c'est bien le club de Chalon qui occupe la troisième et dernière place. » Une annonce absolument abusée que confirmait, selon un article AFP paru sur le site de la ligue, le vice-président Solly Azar : « C'est une certitude, il n'y a aucun doute qu'on aura raison devant le Tribunal administratif. La France entière peut être contre nous, on est dans notre bon droit. » Pourtant quelques heures plus tard, le site se ravisait et remplaçait son communiqué par un nouveau, beaucoup plus sobre. Mais la position n'a pas changé : le PL persiste à affirmer que Chalon est responsable de la participation au match de Koné et demande la victoire sur tapis vert. La décision du Tribunal Administratif est donc attendue avec impatience. Dans un communiqué ce jour du Paris-Levallois rappelant qu'il ne se rendra pas à Chalon ce soir, on apprend que l'audience est fixée au 26 mai. Après les contestations et lamentations d'usage qui suivront le verdict, peut-être le basket professionnel français arrêtera-t-il de se ridiculiser. Finalement, la sous-médiatisation dont il est victime présente parfois bien des avantages. Au moins, seuls les initiés savent à quel point il peut être parfois risible...