Al Horford et le dilemme des Atlanta Hawks

Les Atlanta Hawks sont à un carrefour dans leur quête d'un titre NBA. La franchise a deux options : miser sur la continuité avec Al Horford ou repartir de zéro.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Analyse
Al Horford et le dilemme des Atlanta Hawks
Les temps sont durs à Atlanta. Malgré une quatrième place au sein de la Conférence Est, les Hawks traversent une période délicate - cinq défaites lors des sept derniers matches - et ils font face à des choix cornélien à l'approche de la deadline des transferts (18 février) et d'un été qui s'annonce mouvementé avec la hausse significative du Salary Cap. D'ordinaire peu médiatisés, même quand ils gagnent, les faucons alimentent la colonne "rumeurs NBA" depuis deux semaines. Le nom de Jeff Teague a d'abord circulé entre New York et Utah avant que les spéculations autour de l'avenir d'Al Horford prennent le relais. Le contrat du pivot dominicain arrive à expiration en juillet prochain et, selon Yahoo! Sports, il exigerait le montant maximum pour son nouveau deal.

Al Horford, la vitrine des Atlanta Hawks

[caption id="attachment_271995" align="alignleft" width="318"] Al Horford peut aussi bien jouer dos au panier que s'écarter du cercle.[/caption] Horford, qui fêtera ses 30 ans début juin, est au sommet de son art. C'est l'une des stars méconnues - et souvent sous-estimée - de la ligue. Il ne poste pas des statistiques surréalistes. Il ne fait pas lever les foules par ses dunks surpuissants. Il n'est pas le joueur le plus charismatique et évolue pour une franchise qui ne séduit pas le grand public malgré le basket offensif fluide pratiqué depuis l'arrivée aux commandes de Mike Budenholzer, ancien assistant de Gregg Popovich à San Antonio. Discret, altruiste et efficace, le natif de Puerto Plata est le symbole même de sa franchise.
"Il est notre pierre angulaire", témoignait Kyle Korver dans un article de Grantland ('The unassuming, unknown superstar status of Al Horford') consacré à son coéquipier en janvier 2015. "Son jeu est à l'image des Hawks, ou de ce que veulent devenir les Hawks."
[superquote pos="d"]"Son jeu est à l'image de ce que sont les Hawks." Kyle Korver[/superquote]Des passes. Un sens du sacrifice. Du mouvement. De la polyvalence. Atlanta a tutoyé les sommets de la NBA la saison dernière, terminant en tête de la Conférence Est avant de voir ses rêves de finales NBA brisés par les exploits individuels de LeBron James, Kyrie Irving et les Cleveland Cavaliers en playoffs. C'était peut-être l'occasion ou jamais pour une franchise toujours placée mais jamais gagnante depuis bientôt dix ans. Les Hawks ont renoué avec les joies d'une qualification en playoffs en 2008, alors qu'Al Horford était encore un rookie drafté en troisième position quelques mois auparavant. Formé aux Gators, il était un talent de plus au sein de l'équipe de Florida sacrée deux années de suite en NCAA sous l'impulsion du Dominicain mais aussi de Joakim Noah ou encore Corey Brewer. Pas égoïste de nature, le brillant intérieur a appris à se fondre dans un collectif et à s'adapter à plusieurs systèmes de jeu. Ce sont justement ces caractéristiques - en plus de ses qualités techniques évidemment - qui font du joueur de 29 ans une star à part dans le paysage NBA et un candidat presque garanti à un contrat maximum (son précédent deal était de 60 millions sur cinq ans) au moment de l'explosion du Cap. [caption id="attachment_264477" align="alignleft" width="318"] Al Horford tourne à 15 points et 7 rebonds cette saison.[/caption] Quelque chose ne tourne plus rond à Atlanta depuis deux semaines. Les Hawks n'ont inscrit que 96,6 points sur 100 possessions lors des sept derniers matches alors que l'attaque est le point fort des hommes de Mike Budenholzer. Seuls les tristes Los Angeles Lakers et Phoenix Suns ont fait preuve de moins d'efficacité sur la même période. Peut-être que l'heure est au changement en Géorgie. La franchise a changé de propriétaires en avril dernier et les dirigeants ont sans doute senti le besoin de relancer la machine. D'apporter du sang neuf. Les jeunes Tim Hardaway Jr. et Kent Bazemore (free agent en juillet) ont intégré l'effectif l'été dernier. Dennis Schroder est promis à une place de titulaire - à Atlanta ou ailleurs - ce qui pourrait précipiter le départ de Jeff Teague. Tous ses jeunes joueurs ont un coût. Ils seront tôt ou tard éligibles à une extension de contrat. Al Horford aussi, a un prix. Encore plus important. Si les Hawks décident de lui offrir autour des 146 millions de dollars sur cinq ans (!!!), ils auront encore un peu de marge pour embaucher quelques joueurs de complément susceptibles de s'intégrer au système de Budenholzer. Ce serait le choix de la continuité. Atlanta a beau être l'une des plus grandes métropoles du pays, les meilleurs free agents ont pour coutume de bouder les Hawks, et ce malgré la qualité du groupe déjà en place. Si le management estime que cette ossature est encore en mesure de se mesurer aux Cavaliers en playoffs, alors la franchise poursuivra sans doute dans la même direction. Une blessure de LeBron ou de l'un de ses deux lieutenants de luxe n'est pas à exclure.

Le moment d'appuyer sur 'reset' ?

Ou alors les dirigeants peuvent opter pour une autre solution, plus radicale : casser le noyau dur en transférant Al Horford - soit avant la deadline, soit cet été via un sign&trade. Selon Chris Mannix, les Boston Celtics auraient contacté les Hawks au sujet d'un éventuel échange impliquant le pivot All-Star et Teague. Atlanta ne bradera certainement pas son intérieur et les franchises intéressées devront mettre un place un package vraiment intéressant - jeunes joueurs, choix de draft - pour forcer la main des dirigeants et indiquer du même coup aux Hawks que le temps de la reconstruction est arrivé.
"Al sait qu'il est très précieux pour nous", précise son coach. "On veut continuer à se construire autour de lui."
[caption id="attachment_229789" align="alignleft" width="318"] Al Horford est au coeur des rumeurs NBA.[/caption] Le staff des Hawks est le plus à même de juger le plus précisément possible sa star. L'essence du jeu d'Al Horford se lit dans les petits détails auxquels les dirigeants des autres franchises ne peuvent pas toujours prêter attention.
"Je l'appréciais en temps que joueur, mais pas autant que ce que j'aurais dû le faire", notait Kenny Atkinson, un assistant coach débarqué à Atlanta en 2012. "Il était éclipsé par Josh Smith et Joe Johnson. Il est beaucoup plus fort que ce que je pensais [avant d'arriver aux Hawks]."
Les Boston Celtics disposent du choix de draft des Brooklyn Nets. Un pick juteux promis au top 5, si ce n'est mieux (les Nets ont le troisième plus mauvais bilan de la NBA). La franchise du Massachusetts ne devrait pas se séparer d'un sésame si précieux, même pour un joueur de la trempe d'Al Horford. Du point de vue des Hawks, se séparer de sa star pour récupérer un choix en dehors du top 5 - ou top 10 - a peu de sens. Le niveau de la prochaine cuvée de rookies ne fait pas fantasmer les scouts et les franchises NBA et, à l'exception de Ben Simmons, rares sont les prospects à posséder le potentiel, et on parle bien uniquement de potentiel, de la machine à shooter et à passer d'Atlanta.

Quel avenir pour les Hawks ?

Si Horford laisse planer l'hypothèse d'un éventuel départ, alors les Hawks céderont peut-être à la précipitation et chercheront peut-être un transfert rapide, s'évitant ainsi la désillusion de le voir partir sans contrepartie en juillet.
[superquote pos="d"]"Je suis optimiste au sujet des Hawks." Al Horford[/superquote]"Bien sûr qu'il y a des villes qui permettent d'exploiter encore mieux (qu'à Atlanta) l'aspect marketing. La ville est géniale. Cette franchise va dans la bonne direction. Je suis optimiste au sujet de l'avenir des Hawks", déclarait l'intéressé.
Sa déclaration peut-être interprétée de plusieurs manières, selon le point de vue retenu : la notion de marketing et la possibilité de jouer dans un plus grand marché - dans un état plus "hispanique" - ou sa confiance envers la direction. Les Portland Trail Blazers prouvent cette saison qu'une franchise peut perdre plusieurs cadres à l'intersaison et tout de même rester compétitive en misant sur des jeunes joueurs délaissés sur le marché. Si Horford venait à quitter le navire, les Hawks pourraient profiter de l'espace libéré sous le Cap pour engager des joueurs prometteurs capables de contribuer rapidement tout en misant sur Dennis Schroder, Paul Millsap et Kent Bazemore (dans l'hypothèse d'un transfert de Teague). Mais Portland a en Damian Lillard une superstar capable de faire la différence. Les Bulls possèdent Jimmy Butler. Les Wizards ont John Wall (et Bradley Beal). Sans Al Horford, les Hawks n'ont pas ce joueur capable de faire la différence seule sur trois ou quatre possessions consécutives en playoffs. Même si ses statistiques - 15 points à 50%, 34% à trois-points, 7 rebonds et 3 passes en 31 minutes - ne suscitent pas l'excitation, Horford est un joueur capable de joueur sur plusieurs positions et donc de s'associer à n'importe quel type d'intérieur et de s'intégrer à n'importe quel système. Il a même ajouté un tir à trois-points à son arsenal pour s'accorder avec les besoins de la ligue actuelle. Un joueur de ce standing est une denrée rare même s'il est encore plus intéressant lorsqu'il est entouré d'une ou deux autres superstars. Un luxe dont ne jouissent pas les Atlanta Hawks et qui leur fait défaut année après année, élimination au second tour après élimination au second tour.
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