Analyse : Comment les Spurs ont déjoué

La mécanique habituellement bien huilée des Spurs a connu pas mal de couacs la nuit dernière. Rien de très alarmant, mais de quoi permettre à Gregg Popovich de secouer ses ouailles.

Analyse : Comment les Spurs ont déjoué
Invoquer le bon fonctionnement de la climatisation de l'AT&T Center ou le numéro de soliste phénoménal de LeBron James pour expliquer la défaite ses Spurs est un peu léger. Dans ce game 2, on a d'abord pensé que la circulation de balle hyper fluide des Texans et leur capacité à toujours chercher un partenaire mieux placé suffirait. Les premières minutes allaient d'ailleurs dans ce sens, avec une relation 4-5 parfaite entre Tim Duncan et Tiago Splitter, le premier inscrivant 7 points sur 3 passes décisives du second, obligeant Erik Spoelstra à déjà procéder à quelques ajustements. Pour diverses raisons, San Antonio a commencé à connaître quelques courts-circuits dans sa mécanique habituellement irréprochable à compter du 2e quart-temps. L'excellente défense du Heat sur jeu placé et le manque de mouvement de tous les joueurs de Gregg Popovich à de très rares exceptions ont permis à Miami de revenir progressivement dans le coup et de combler l'écart d'une dizaine de points qui s'était créé.
"Soit vous bougez, soit vous mourez. On ne l'a pas fait en tant que groupe, mais de façon individuelle. Or, on est pas assez bons pour se le permettre", a déploré Popovich après la partie.
Pop n'a pas tort, hormis Tony Parker et Manu Ginobili, combien de joueurs de son effectif sont réellement capables de faire la différence en sortie de dribble ou en pénétration ? Même l'Argentin, très à l'aise depuis le début des playoffs - à la fois à la finition et à la construction - s'est laissé aller à des séquences en solo bien trop compliquées et non conformes aux souhaits de son coach. Si le Heat peut se permettre d'employer une stratégie d'isolation pour profiter des coups de chaud de LeBron ou de privilégier les un-contre-un lorsque Dwyane Wade a les jambes pour le faire, San Antonio vit et meurt par le partage du ballon et la mobilité constante.

Pas de sang froid sur la ligne, Leonard en difficulté

Boris Diaw, avec 5 passes, a bien tenté de joué les distributeurs, mais les autres passeurs providentiels comme Splitter ont progressivement disparu de la rencontre. Le fait que le Brésilien ne touche pas ou très peu le ballon près du cercle est généralement un signe que la construction du jeu n'est pas aussi fluide que d'habitude. Miami a beau avoir très bien défendu, il n'est pas non plus normal que Danny Green, sniper principal des Spurs, n'ait eu que 3 tentatives extérieures à se mettre sous la dent. Les statistiques ne mentent pas, lorsque Green inscrit plus de 3 paniers à 3 points dans un match, San Antonio ne perd jamais. L'arrière a même pris sa chance à des spots inhabituels pour lui histoire de se sentir plus impliqué. Généralement plutôt sereins sur la ligne, les Spurs ont également manqué de lucidité dans ce domaine. A 6 minutes de la fin, alors que les chassés-croisés se multipliaient au tableau d'affichage, ils ont ainsi manqué une belle occasion de prendre 6 points d'avance, un pécule non-négligeable à cet instant du match. Le coup de coude de Mario Chalmers dans le poitrail de TP a offert deux lancers au Français. Irréprochable jusque-là, le meneur des Bleus a manqué de sang froid et loupé ses deux tentatives avant de voir Tim Duncan se rater dans le même exercice quelques secondes plus tard. Autre facteur aggravant, les difficultés globales de Kawhi Leonard. Les statistiques n'ont jamais été le paramètre clé pour juger les prestations de "Sugar K". Mais en plus de ne pas poser des chiffres démentiels, le jeune ailier des Spurs lutte pour retrouver l'aplomb défensif qui a fait sa force lors des tours précédents. Difficile de lui en vouloir lorsque LeBron James est dans une forme aussi étincelante que la nuit dernière. Mais Leonard est rapidement limité par les fautes évitables qu'il commet sur la star du Heat et peut difficilement lutter à armes égales sur la durée. Outre deux paniers primés, le #2 n'a pas non plus eu le tranchant offensif qu'il est capable d'apporter en temps normal, ni sa faculté à voler des ballons et à filer en contre-attaque comme il l'a si bien fait durant la série contre OKC. On peut imaginer que Gregg Popovich, passablement agacé parce qu'il a décrit comme de l'individualisme, ne va  pas laisser les choses en l'état. Tony Parker et ses coéquipiers devraient engloutir un nombre conséquent séances vidéos pour voir leurs errements pointés du doigt et y remédier avant le premier match à South Beach mardi.