"Bill en voulait à la ville de Boston. Si je puis me permettre, cette animosité était tout à fait justifiée. Il considérait les Celtics comme sa famille, donc il n'était pas complètement opposé à ce qu'ils lui rendent hommage. Il ne voulait simplement pas que les fans soient là", avait raconté Tommy Heinsohn, l'un des ses plus fidèles coéquipiers de l'époque.Bill Russell était un homme intègre. Celui qui a une statue à son effigie à Boston avait par exemple refusé, il y a 44 ans, de devenir le premier Afro-Américain introduit au Hall of Fame de Springfield. Il estimait que d'autres avant lui auraient dû avoir droit à cet honneur. Bill Russell n'avait donc jamais accepté la bague qui va avec la distinction. C'est chose faite depuis fin 2019. Dans un tweet, l'homme au 11 titres de champion entre 1957 et 1969 avait expliqué sa décision.
"Lors d'une cérémonie privée avec ma femme et mes amis proches comme Alonzo Mourning, Ann Meyers, Bill Walton et d'autres, j'ai accepté ma bague. En 1975, j'avais refusé d'être le premier noir à y accéder. J'avais le sentiment que d'autres joueurs devaient avoir cet honneur avant moi. Il est bon de voir du progrès de ce côté-là".Bill Russell : les mots magnifiques de MJ, Kareem, Magic et les autres après son décès Un récit de sa fille Karen, paru en 1987 dans le New York Times, montrait le quotidien pesant de la famille Russell. "Un soir, nous rentrions d'un weekend de trois jours et avons découvert que nous avions été cambriolés. Notre maison était en ruines et le mot "nègre" était peint sur nos murs. Les voleurs avaient versé de la bière sur la table de billard et déchiré le tapis. Ils avaient cassé l'armoire à trophées de mon père et détruit la plupart d'entre eux. J'étais pétrifiée et sous le choc. La police est venue, mais ce n'est qu'après leur départ que mes parents ont constaté, en soulevant leurs draps, que les voleurs avaient déféqué dans leur lit. A chaque fois que les Celtics jouaient à l'extérieur, des vandales venaient renverser nos poubelles. Mon père était allé s'en plaindre à la police, mais on lui avait dit que c'était sans doute l'oeuvre de ratons laveurs. Il leur a alors demandé où il devait se rendre pour se munir d'une arme et les ratons laveurs ne sont jamais revenus... On a reçu des lettres de menaces de mort après un article écrit par mon père sur le racisme dans le basket. Le FBI en a été informé. Lorsque mon père a consulté son dossier chez eux, il s'est aperçu qu'il y était constamment mentionén comme un 'nègre arrogant qui ne signe pas d'autographes aux enfants blancs'." Terrifiant et tellement représentatif de ce qu'ont vécu Bill Russell et sa famille à l'époque...
