Boris Diaw, la grande classe

Boris Diaw est l'un des principaux artisans du succès des Spurs depuis le début des finales. Le Français joue comme il sait le faire : avec classe et noblesse.

Boris Diaw, la grande classe
En feuilletant l’un des anciens numéros de REVERSE à la pause déjeuner, nous sommes tombés sur un grand entretien réalisé avec Joakim Noah (REVERSE#33) à l’occasion de l’Eurobasket. Lors de l’interview, le pivot des Chicago Bulls a décrit ses coéquipiers de l’équipe de France en un seul mot. Florent Piétrus ? « Gladiateur. » Kevin Séraphin ? « Rhinocéros. » Boris Diaw ? « Robocop. » Robocop. « Le président » a tendance à faire la police chez les Bleus, d’où le surnom attribué par Noah. Il tire les oreilles de ses coéquipiers retardataires. Il distribue les amendes. Bref, il se comporte comme un patron. A vrai dire, il y a un côté noble et chevaleresque qui se dégage de Boris Diaw. Sur le parquet, il distribue les offrandes en grand seigneur. Il contrôle. Il réceptionne et retransmet immédiatement au joueur démarqué avant même que le joueur en question soit en position. Il régale. [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=U5Y2gauWdVs[/youtube] [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=00S2o68yEVc[/youtube] Certains de nos confrères américains découvrent soudainement les talents de Boris Diaw. Moqué pour sa condition physique, le Français fait l’étalage de toute sa classe. Il transpire le basket et il n’a même pas besoin de marquer pour être considéré comme l’acteur le plus utile de son équipe. Depuis le début des finales, il tourne à 6 points, 8,3 rebonds et 4,7 passes. Mais peu de joueurs peuvent se targuer d’avoir un impact aussi grand que le sien sur le parquet. Les San Antonio Spurs ont surclassé le Miami Heat de 45 points avec « Babac » sur le parquet. Alors que les dunks, tirs au buzzer et autres actions spectaculaires font des millions de vue sur YouTube, Diaw pratique un autre basket. Un basket élégant et altruiste. Un basket qui met en avant la passe plutôt que le tir.
[superquote pos="d"]"Les bons passeurs sont sous-estimés" Boris Diaw[/superquote]« Quels sont les choses que vous devez faire avant de tirer ? » Questionne le joueur des Spurs. « Tout le monde accorde de l’importance à l’adresse aux tirs. Mais avant de shooter, il faut d’abord défendre, dribbler et faire plusieurs passes afin de trouver un joueur ouvert. »   « Le shoot est la dernière étape. Evidemment, elle est très importante. Vous n’allez pas marquer si vous ne savez pas shooter. Mais savoir passer est un atout pour trouver des joueurs en bonne position (pour shooter). Les passeurs sont sous-estimés. Cela devrait être un aspect plus important du jeu. »
Les Spurs se reposent justement sur une mécanique parfaitement huilée et sur un sens du collectif et du dépassement de l’individu. Les joueurs de Gregg Popovich sont à la recherche permanente de la passe en plus, l’extra-passe. Les bons tirs sont délaissés au profit des très bons tirs. Peu importe qui shoote du moment que ce dernier est en très bonne position pour marquer. Une philosophie qui correspond parfaitement à celle de Boris Diaw. Comme s’il était programmé pour jouer au sein de cette équipe.
« Lorsque vous faites circuler la balle et que tout le monde fait un bon match, le danger vient de partout et cela devient difficile pour la défense », assure Boris Diaw.
Polyvalent au possible, Diaw s’ennuyait lors de ses dernières saisons à Charlotte. Les Bobcats ne pratiquaient pas le basket champagne des Spurs. Star montante à Phoenix, le Français s’est perdu en Caroline du Nord – même s’il reste l’un des meilleurs joueurs de la courte histoire des Cats. Il a donc mis un terme à son contrat via un buyout en cours de saison (2012). San Antonio lui tendait les bras.
« La présence de Tony, la philosophie de Popovich et le style de jeu des Spurs m’ont aidé à prendre ma décision. Je voulais juste venir et apporter ma contribution. »   « Il était très bon à Phoenix et a connu des saisons difficiles avec Charlotte », raconte son ami Tony Parker. Lorsque les Spurs m’ont demandé ce que je pensais de Boris, j’ai expliqué qu’il correspondait parfaitement à notre équipe et notre style de jeu. Je suis vraiment content de le voir exploser sur le devant de la scène. Désormais, tout le monde voit ce dont il est capable. »
Boris Diaw a déjà donné un aperçu de son immense talent lors de son passage aux Suns. Si Joakim Noah a cumulé les triples-doubles cette saison, son compatriote capitaine de l’équipe de France le faisait déjà bien avant lui, ce qui lui a valu notamment un trophée de Most improved Player. Il a connu des saisons fastes avec Phoenix, l’engouement autour des Suns, l’expérience des playoffs… et la désillusion de perdre en finale de Conférence. Boris c’est un peu LeBron dans un corps de bon vivant. A vrai dire, combien de joueurs NBA ont le QI basket de Diaw ? L’intérieur des Spurs a une vista et une vision du jeu exceptionnel que Gregg Popovich peine encore à déchiffrer complètement.
« J’apprends encore à l’utiliser au mieux. Il est capable de marquer mais c’est aussi un super passeur. Il lui arrive de switcher en défense sans que ça soit prévu dans le plan de jeu… il le fait parce qu’il a vu quelque chose. Peu de joueurs sont capables de comprendre réellement ce qui se passe des deux côtés du parquet. »
Boris Diaw voit avant les autres et il réagit en conséquence. Un luxe rare pour une équipe et une qualité trop peu soulignée. Lorsqu’il est sur le parquet, la tâche est facilitée pour les quatre joueurs qui l’accompagnent. Il est capable de se créer son propre tir – rappelons qu’il jouait meneur aux Hawks à son arrivée en NBA – il peut dégainer de loin – il était listé comme un ailier – et il peut prendre l’avantage au poste bas – il jouait pivot à Phoenix et Charlotte. Il sait tout faire. Même s’il ne défend plus trop sur LeBron James (le « King » a trouvé la solution face à « Babac »), sa mobilité est précieuse de l’autre côté du parquet. Sa présence dans le cinq a relancé les Spurs lors du Game 3, juste après la défaite infligée par le Heat lors du Game 2. Il s’affirme de plus en plus comme l’un des facteurs X de cette finale NBA. Boris Diaw est un seigneur du basket. Il ne lui manque plus que l'anneau. Cela pourrait ne pas trop tarder.