Carmelo Anthony, un leader qui s’ignorait

Carmelo Anthony n'a plus le temps de laisser les autres mener la barque, autant en sélection que chez les Knicks. "Melo" doit devenir le patron et il le sait.

Carmelo Anthony, un leader qui s’ignorait
L'image a beaucoup fait rire. Dans leur avion, les joueurs de Team USA entonnent à tue-tête un tube de pop mielleux des années 2000, "Thousand Miles" de Vanessa Carlton. Jimmy Butler, fan de Taylor Swift et de country, s'égosille sans surprise. Kyrie Irving, assis à côté de l'arrière des Bulls, et Kevin Durant, qui passait par là, se la donnent aussi. Avant que DeMar DeRozan, le caméraman de fortune, ne stoppe cette scène sympathique, son smartphone s'arrête brièvement sur un membre de l'équipe qui n'a pas du tout l'air dans le même trip. Carmelo Anthony ne sourit pas. [caption id="attachment_175089" align="alignleft" width="318"] Les Knicks auront besoin d'un Carmelo Anthony taille patron pour retrouver les playoffs.[/caption] On ne sait pas si "Melo" se dit qu'il est trop vieux pour ces conneries, comme Danny Glover, ou simplement s'il a la tête ailleurs. N'y voyez pas un quelconque problème relationnel avec ses camarades. Anthony est, avec Kyle Lowry, le seul trentenaire du groupe et entend visiblement se comporter comme tel. Mieux, ceux qui suivent Team USA depuis le premier rassemblement de Las Vegas, peuvent témoigner d'une chose : la star des New York Knicks et vétéran de la sélection US joue les leaders. Il semblerait que l'ancien joueur des Denver Nuggets ait pris conscience du rôle qui devait désormais être le sien, autant avec l'équipe nationale qu'à Big Apple à la rentrée.

Pas gueulard, mais plus vocal

S'il a toujours été un franchise player évident de par son talent, "Melo" ne s'est jamais montré très vocal ou démonstratif dans sa manière de "mener". L'ailier passé par Syracuse a souvent eu des vétérans sur lesquels s'appuyer et capables de taper du poing sur la table pour remobiliser le groupe. D'un naturel sympathique et agréable, Anthony découvre petit à petit la fonction, avec des coéquipiers qui passent la moitié de leurs trajets en avion et de leurs réunions post-entraînement à "snaper", "instagramer" ou "tweeter". Lui aussi, veille à ne pas laisser ses fans dans le noir sur les réseaux sociaux, mais ses interventions sont plus rares et discrètes. Récemment elles ont même été à teneur très politique, un autre signe de maturité pour celui qui a connu la violence des rues de Baltimore durant sa jeunesse. [superquote pos="d"]"Melo ne va pas se mettre à gueuler sur les gens où à fracasser des chaises"[/superquote]A 32 ans, c'est la première fois que le numéro 7 des Knicks prend des camarades à part pendants les entraînements ou les shootarounds. On l'a vu opérer avec Jimmy Butler, très à l'écoute des conseils prodigués par son aîné sur le strict plan technique. Lors des temps morts, le champion NCAA 2003 est moins effacé que lors des précédentes compétitions internationales auxquelles il a participé et qui lui ont permis d'être en passe de devenir le premier triple médaillé d'or olympique de l'histoire du basket américain. Avec les Knicks, Carmelo a débuté son vrai mandat de chef de file l'an dernier, en invitant plusieurs joueurs de l'effectif, majoritairement des nouvelles têtes, à travailler en groupe du côté de Porto Rico. Lance Thomas, qui sera toujours un membre des Knicks à la rentrée, avait expliqué :
"Ce que j'ai pu voir de lui, c'est clairement du leadership. Le fait qu'il insiste pour rassembler les gens avant le début de la saison pour que tout le monde se connaisse et créé des liens, c'est fort. On était comme une bande de potes".
Phil Jackson a confirmé que le charisme de Melo avait commencé à faire son effet dans un style plus discret que certaines autres stars de la ligue.
"Il ne va pas se mettre à gueuler sur les gens où à fracasser des chaises. Il le faut de façon détendue et sans stress. Il donne l'exemple en travaillant très dur et en préparant parfaitement les matches. Willis Reed et Michael Jordan étaient aussi des leaders par l'exemple très efficaces".
S'il sera épaulé par d'autres joueurs avec de la bouteille à New York, comme Joakim Noah, Carmelo Anthony n'a plus le temps de laisser les autres donner le ton. Il est indiscutablement le meilleur basketteur de cette équipe en termes de talent pur et il doit, d'une certaine manière adopter le comportement d'un alpha dog. C'est à ce prix que la franchise retrouvera, peut-être, un peu de son prestige et le goût des playoffs. Et que "Melo" sortira de ce costume de surdoué incapable de faire mieux qu'une finale de conférence avec les Nuggets dans sa carrière en NBA...