Comment le nouveau CBA a tué la deadline des trades

Le nouveau CBA, signé en novembre 2011, est sûrement à l'origine du manque de mouvement lors de cette deadline.

Comment le nouveau CBA a tué la deadline des trades
Si le nouveau Collective Bargaining Agreement (CBA), signé par l'Association des joueurs (NBALP) et les propriétaires au terme d'âpres négociations en novembre 2011, a permis un retour au jeu plus rapide qu'en 1998-99 puisque nous n'avions alors perdu que 16 matches (pour 32 en 98-99), ses clauses ont maintenant un effet contraignant pour pas mal d'équipes, ce qui impacte aussi indirectement les joueurs. Le Commissaire David Stern, en partance en février 2014, savait sans doute que c'était la sa dernière négociation salariale et, sous la pression des propriétaires pour lesquels il travaille, il avait mis l'accent sur l'aspect "sécurité financière" de cet accord. En y ajoutant des clauses telles qu'une Luxury Tax renforcée, il avait aussi dans l'esprit une meilleure protection des teams par rapport à leurs free-agents, tout ceci ayant pour but d'avoir une ligue un peu plus égalitaire, à l'image de la NFL. C'est d'ailleurs la ligue de football US qu'Adam Silver, le Vice-Commissaire pour encore une année avant de prendre la place de Papy Stern, adore et prend en exemple dès qu'il le peut. [caption id="attachment_23085" align="alignright" width="250"] Mark Cuban et les Mavs ont déjà intégré les mesures imposées par le CBA.[/caption] Cette saison est, par exemple, la dernière où s'appliquera la règle du "1 dollar de taxe pour 1 dollar au-dessus du palier" (le palier est fixé à 70 millions de dollars, plus les 4 millions de latence appellées "Apron" (tablier)) lors du calcul de la Luxury Tax. Dès la saison prochaine, ce calcul deviendra exponentiel et fera planer l'ombre de taxes gigantesques sur des équipes à la surface financière pas forcement très grande. Si des équipes comme les Lakers ou les Knicks, avec leurs contrats TV locaux gargantuesques, n'ont sans doute que faire des 90 ou 100 millions de dollars de Taxe de Luxe qu'ils devront débourser dès l'année prochaine, d'autres teams, comme les Mavs par exemple, pourtant détenus par un millionnaire texan, ont intégré ces nouvelles données depuis la saison dernière. C'est dans cette optique que Mark Cuban n'avait pas retenu son free-agent Tyson Chandler lors de l'intersaison 2012, préférant rester dans les clous financiers plutôt que d'offrir un contrat max et se retrouver en mauvaise posture à partir de l'année prochaine avec une masse salariale gigantesque.

La fin des sign-and-trades

Cette Taxe de Luxe va également venir compliquer les choses d'un point de vue strictement sportif puisque, dès la saison prochaine (2013-2014), les équipes la payant ne pourront plus être impliquées dans des sign-and-trades. Ces sign-and-trades sont des deals importants où un free-agent signe un contrat avec son ancienne équipe avant d'être transféré dans les 48 heures (sinon le deal est nul et non avenu) dans une autre équipe, qu'il a choisie avant la signature de ce contrat. Tout ceci permet au joueur et aux deux équipes de bénéficier de cette transaction alors qu'un free-agent signant simplement dans sa nouvelle équipe laisse son ancienne equipe nue comme un ver. LeBron James et Chris Bosh avaient atterri au Heat par le biais de telles transactions, par lesquelles les Cavs et les Raptors avaient récupéré de belles Trade Exceptions, valables une année, de plus de 14 millions de dollars (pour Cleveland) et 9 millions (pour Toronto). Les deux équipes avaient neanmoins décidé de ne pas s'en servir pour ne pas alourdir leurs masses salariales mais les détenaient, au cas où. La notion de "Repeat Offenders" (en clair, les teams qui paient la Taxe de Luxe saison après saison) va ensuite venir compliquer les choses pour ces franchises car, dès 2014-2015, ces équipes devront alors payer une Taxe de Luxe encore plus importante, si elles la  payaient lors des trois derniéres saisons (3 saisons sur les 4 dernières en 2015-2016). Par exemple, les equipes dépassant le palier de moins de 5 millions de dollars (donc, une masse salariale entre 70 et 75 millions) devront payer 1,5 dollar pour chaque dollar au-dessus mais les franchises coutumières du fait ("repeat offenders") devront, elles, payer 2,5 dollars pour chaque dollar au-dessus. Pour les équipes dépassant de plus de 15 millions de dollars, ce montant passera de 3,25 dollars à 4,25 dollars, par exemple.

NBA : la No Balls Association

Les teams ont donc commencé le lent et difficile processus de devoir améliorer leurs performances par d'autres moyens que de proposer le plus gros contrat au free-agent disponible, ou d'intégrer à son effectif des salaires qui s'avèreront extrêmement penalisants d'ici quelques saisons. Comme dit plus haut, la NFL (avec ses revenus énormes et ses bénefices stratosphériques) est un devenu un vrai modèle pour tous les propriétaires de franchises et celle que l'on surnomme parfois la "No Fun League" (car les trades de superstars n'y arrivent que très rarement et que les franchises sont toutes puissantes par rapport aux joueurs et à leurs destins) semble avoir transformé la NBA, qui est pourtant beaucoup plus une Player-League, en "No Balls Association" (Pas de c******* ), comme l'avait surnommée Bill Simmons il y a quelques années. C'est sans doute à tout ça qu'ont dû penser les GM's lors de cette Trade Deadline, comme l'a confirmé l'un d'entre-eux à Ken Berger de CBS Sports.
"C'est une deadline totalement en phase avec le CBA. Si vous ne pouvez pas récupérer un premier tour de draft pour JJ Redick, on est dans un monde différent. Ce gars-là, on était sûr de pouvoir récupérer un premier tour pour lui dans le passé."
En effet, comme vous avez pu le suivre hier lors de notre couverture en live de la trade deadline et dans notre recap de tous les trades, le shooteur du Magic avait plusieurs équipes sur les rangs pour l'accueillir mais il a fini par atterrir chez les Bucks contre trois joueurs de complément, sans aucun tour de draft. Dans le même temps, Sam Presti a encore fait valoir sa maitrise du salary-cap en envoyant Eric Maynor à Portland contre une trade exemption de 2,7 millions de dollars en même temps qu'un tour de draft, qui permettront au Thunder, deja engagé à hauteur de 45 millions de dollars par saison jusqu'en 2015-2016 sur seulement trois joueurs (Kevin Durant, Russell Westbrook et Serge Ibaka), de pouvoir se renforcer dans le futur sans avoir à payer de taxe de luxe. Ce dernier aspect avait d'ailleurs été l'une des raisons du transfert de James Harden à Houston avant le début de cette saison.

Josh Smith, première victime du nouveau CBA ?

Dans le même ordre d'idée, si Josh Smith va finir son contrat avec les Hawks et devenir Unrestricted Free-Agent en juillet prochain, c'est sans doute car Danny Ferry, le GM d'Atlanta et GM de Cleveland lorsque Lebron avait pris sa "Decision", n'a pas reçu de proposition impliquant de hauts choix de draft puisque la plus proche d'aboutir était celle de Milwaukee, ne contenant qu'un seul tour de draft (sûrement vers le milieu de la draft, vu les résultats des Bucks). La perspective de payer MBah a Moute et Ekpe Udoh 9 millions de dollars la saison prochaine n'aura pas enchanté l'ex-Dukie et il aura donc préféré le risque de voir Josh Smith s'en aller en juillet pour rejoindre une autre écurie. Mais, avec ces nouvelles règles, peu d'équipes pourront sans doute offrir un énorme contrat à Smith et, de toute façon, le joueur ne pourra récupérer un contrat max de 5 ans qu'en resignant à Atlanta. Les sign-and-trade étant plus compliqués à mettre en place, Smith fera-t-il donc le choix de l'argent en espérant que Ferry parviendra à attirer d'autres free-agents (Atlanta aura près de 36 millions de cap room cet été) ou bien ira-t-il dans une franchise mais en n'y pouvant signer que pour 4 saisons (laissant donc quelques 17 millions de dollars dans l'affaire...)? Après l'ennui mortel d'hier soir, l'excitation ne devrait sans doute pas quitter les observateurs attentifs de l'inter-saison, qui va de plus en plus devenir le vrai rendez-vous des GM's, certains pour compléter leur draft d'autres pour se rattraper.