Comment la France doit-elle aborder son 8e face à la Géorgie ?

La phase de poules est terminée et l’équipe de France s’avance vers son premier match couperet de cet Euro, dimanche en huitième de finale face à la Géorgie.

Comment la France doit-elle aborder son 8e face à la Géorgie ?

Dans le podcast de jeudi (à retrouver sur YouTube et vos plateformes de podcasts) Shaï Mamou et Théophile Haumesser reçoivent Maud Stervinou pour dresser un bilan du premier tour de l'EuroBasket 2025 et notamment faire le point sur les performances de l'équipe de France et ce que cela appelle pour la suite.

Déjà, le constat : ils sortent avec un bilan positif, une seule défaite concédée contre Israël, et surtout l’impression d’avoir posé les bases d’un collectif cohérent malgré l’absence de plusieurs cadres.

Sur le plan du contenu, il y a eu plus de satisfactions que d’inquiétudes. Défensivement, la patte de Frédéric Fauthoux est visible. Les Bleus imposent un rythme élevé, pressent haut, switchent sans complexe sur les postes extérieurs et profitent de leur envergure pour couper les lignes de passe. Les premières mi-temps face à l’Islande ou à la Slovénie ont montré la capacité de ce groupe à tuer un match par la défense et à enclencher un jeu de relance qui leur donne de l’air rapidement.

En attaque, l’image d’une équipe plus fluide se dessine également : la circulation de balle est meilleure, les coupes et les déplacements sans ballon permettent de punir les trappes adverses, et l’adresse extérieure retrouvée contre l’Islande (près de 40% à trois points) donne un peu plus de confiance.

Le programme complet des 8e de finale de l'Eurobasket

Individuellement, plusieurs joueurs se sont affirmés. Élie Okobo assume son rôle de dynamiteur en fin de quart-temps, capable d’aller chercher ses points quand le collectif ralentit. Sylvain Francisco impressionne par son intensité défensive et son énergie créatrice. Jaylen Hoard apporte une vraie justesse dans les choix, tandis que Timothé Luwawu-Cabarrot et Gerschon Yabusele se sont posés en leaders de vestiaire et de terrain. Et puis il y a Zaccharie Risacher, qui confirme match après match qu’il a déjà le bagage pour peser dans une compétition internationale.

Il y a toutefois des zones d’ombre. Le forfait d’Alex Sarr a laissé un vide difficile à combler dans la protection du cercle et la défense sur pick and roll. Mam Jaiteh fait le travail avec son profil différent, mais l’équipe concède plus de points sur ces séquences et doit compenser par une défense collective impeccable. L’attaque de zone reste aussi un vrai test : face à Israël, les Bleus ont montré leurs limites dès que l’adresse extérieure s’asséchait et qu’il n’y avait plus de point de fixation intérieur. Enfin, l’absence d’un “go-to guy” identifié en fin de match peut être une force – chacun peut step-up – mais aussi une limite si la tension monte dans un quart de finale.

France - Géorgie, dimanche 14h, un test et une opportunité

Face à la Géorgie, la mission est claire : éviter le piège physique. Les intérieurs géorgiens savent imposer un combat dans la raquette, Mamukelashvili en tête, et le duo Shermadini–Bitadze apporte taille et expérience. C’est une équipe qui aime ralentir le rythme, poser ses systèmes demi-terrain et user ses adversaires à l’intérieur. Les Bleus devront donc maintenir le tempo, utiliser leur profondeur pour multiplier les rotations, et continuer à s’appuyer sur leur défense pour lancer le jeu rapide. Offensivement, la patience sera essentielle : ne pas tomber dans les tirs précipités face à une défense dense, et garder la variété dans les options.

Ce huitième de finale de l'Eurobasket est à la fois un test et une opportunité. Test, parce qu’il confronte la France à un adversaire rugueux, différent de ceux affrontés en poules, et qui mettra à l’épreuve leur capacité à répondre physiquement sans s’éparpiller. Opportunité, parce qu’une victoire nette confirmerait que ce groupe a le mental et les ressources pour aller chercher plus loin que prévu dans ce tournoi. Les Bleus avancent sans statut de favori dans cet Eurobasket, mais avec des certitudes grandissantes. Et dans ce rôle d’outsider assumé, ils savent qu’ils peuvent être dangereux.

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Zoom technique : France – Géorgie : tenir à l'intérieur, contrôler le tempo

La Géorgie n’a pas la profondeur d’effectif des grosses cylindrées, mais elle s’appuie sur une identité très claire : densité intérieure, rythme ralenti, demi-terrain structuré. Le danger vient de leur secteur intérieur : Goga Bitadze (Orlando Magic), Giorgi Shermadini (référence en Liga Endesa) et Sandro Mamukelashvili (Toronto Raptors) forment un trio capable de poser des problèmes à une France amoindrie dans la raquette depuis le forfait d’Alexandre Sarr. Attendez-vous à des séquences où la Géorgie cherchera à exploiter le pick and roll et à provoquer du jeu dos au panier pour tester la dissuasion française.

Offensivement, l’équipe française devra veiller à ne pas tomber dans le piège du rythme imposé par les Géorgiens. Ces derniers aiment les possessions longues et physiques, et s’ils parviennent à ralentir Francisco et Okobo, le match peut vite s’installer dans une fausse intensité, favorable à leurs grands gabarits. La clé sera donc de mettre de la pression dès la première passe, forcer les Géorgiens à sortir de leur confort et accélérer les transitions.

Défensivement, la Géorgie alterne entre homme à homme rugueux et zone 2–3 compacte pour couper la pénétration. Israël avait déjà puni la France avec une zone bien exécutée : il faudra donc de la patience, de la mobilité de balle, et surtout de l’adresse. Risacher et Okobo seront attendus pour sanctionner derrière l’arc, tandis que Yabusele aura un rôle central comme point d’ancrage à l’intérieur pour faire bouger cette défense.

Enfin, l’aspect psychologique n’est pas à négliger. La Géorgie arrive dans ce huitième de l'Eurobasket sans pression particulière, avec l’étiquette du poil à gratter. Pour les Bleus, ce statut d’outsider favori malgré tout est toujours le plus piégeux : il faudra garder la dureté défensive vue en début de matchs de poule et ne pas laisser de fenêtre d’espoir à une équipe qui vit beaucoup sur l’énergie et l’euphorie.