Faudra pas bégayer quand Devin Booker va percer

(Trop) souvent oublié de la liste des potentielles superstars de demain, Devin Booker est une machine à scorer qui va faire très mal en NBA.

Faudra pas bégayer quand Devin Booker va percer
Philly. L’antre des deux prodiges censés révolutionner la ligue d’ici peu. Joel Embiid et Ben Simmons. Les médias, les fans, les superstars actuelles… tout le monde n’a d’yeux que pour eux. Quand il s’agit de parler des prochains visages du basket mondial, ce sont leurs noms – et celui de Giannis Antetokounmpo – qui reviennent en premier. Suivent ceux de Kristaps Porzingis, Karl-Anthony Towns et Andrew Wiggins (principalement cité par les nostalgiques de Kobe Bryant et Tracy McGrady). Et Devin Booker alors ? Zappé. Ignoré. Oublié. Un peu comme l’a fait la défense des Sixers au moment de croiser la route du latino-afro-américain le plus sensass de la ligue cette nuit.

« Devin a fait un sacré match. On les a pris de haut et ils nous l’ont fait payer », notait Joel Embiid.

Le Camerounais a fait son game. 22 points, 12 rebonds. Simmons a compilé 20 points, 8 rebonds, 7 passes et 6 steals. Une ligne de stats assez dingue. Et pourtant, le vrai champion de la nuit, c’est Booker. 46 points, 8 rebonds, 5 tirs primés. Chaud patate. Quand un joueur de 21 ans met 46 pions, il y a des chances qu’il tabasse son record personnel. Allez, rajoutez-donc 24 points. Car oui, pour ceux qui l’aurait oublié – et oui, n’oubliez pas que Devin Booker est un joueur souvent oublié donc il y en a forcément qui ont oublié les 70 points du gaillard – l’arrière des Phoenix Suns est l’un des rares hommes à avoir planté 70 putains de points sur un terrain NBA. Ils sont six en tout et pour tout. Dans toute l’Histoire de cette ligue. Six à avoir atteint le plateau incroyable des 70 unités (Wilt Chamberlain, plusieurs fois, Kobe Bryant, Elgin Baylor, David Robinson, David Thompson et donc Booker). La performance de la nuit du gamin suivait ses 38 points passés contre Boston – l’équipe face à laquelle il a mis 70 points – ce weekend. Le road trip des Suns se passent bien pour lui. Nous l’avions d’ailleurs cité parmi les joueurs bouillants du moment. Parce qu’il monte doucement en puissance, même si son équipe patine (9-16, ce qui n’est pas non plus aussi dégueulasse que Chicago, Atlanta ou Dallas). Souvent irrégulier depuis sa révélation lors de la deuxième moitié de sa saison rookie, le treizième choix de la draft 2015 commence à prendre le pli en attaque. Il anticipe mieux les réactions de la défense, ce qui explique sa facilité à enchaîner (enfin) les bons matches. Il n’a pas encore la constance d’un Kevin Durant, d’un LeBron James ou d’un James Harden mais il progresse. Ah, tiens, en parlant d’Harden. C’est peut-être la meilleure comparaison avec Booker. Il y a un petit quelque chose. Une similitude dans la façon de scorer, d’agresser son vis-à-vis et de provoquer des fautes. On peut aussi lui imaginer une évolution dans la même longueur d’onde – sans pronostiquer une réussite similaire. Devin Booker et James Harden ont sensiblement le même gabarit (1,98 m). Ils sont tous les deux des slashers qui aiment s’exprimer avec la balle même s’ils sont capables de shooter. Bon, après, le barbu est plus fort à tous les niveaux mais il est aussi plus âgé et plus expérimenté. Il n’était pas aussi fort que son jeune successeur au même âge. Parce que même si Booker est bon aujourd’hui, cela se sent que ce n’est que le début. Il gratte tranquillement son potentiel. Il le caresse. C’est la partie immergé de l’iceberg. On ne parle pas pour autant d’un futur GOAT mais, niveau scoring, le garçon va sûrement s’installer prochainement par les deux ou trois meilleurs marqueurs NBA. Place qu’occupe Harden aujourd’hui. Il y a des chances que la star montante des Suns affiche quatre ou cinq kilos de muscles en plus sur la balance d’ici trois ou quatre ans. A ce moment-là, son physique se rapprochera encore plus de celui du MVP des Houston Rockets. Il n’a pas la même vision du jeu que son aîné. Et il ne l’aura sans doute jamais. Mais de la même façon que Mike D’Antoni a osé confier la mène à Harden, les Suns envisageraient eux aussi de plus en plus de laisser leur meilleur élément prendre le contrôle de l’attaque. Au moins cette saison. Rappelons d’ailleurs qu’ils ont laissé filer Eric Bledsoe sans obtenir de vrai meneur en contrepartie. La prochaine draft leur permettra peut-être de trouver un joueur sur le poste mais il n’est pas du tout improbable que Booker soit bombardé premier playmaker de son équipe de plus en plus fréquemment. A ce moment-là, Phoenix aura sans doute un joueur impossible à stopper en attaque. Lui en veut encore plus. « Je sais qu’il y a beaucoup de choses que je dois travailler. Il faut que je relève cette franchise, commencer à nous faire gagner des matches et nous envoyer en playoffs. Je suis prêt à tout pour ça. » Il y a encore un peu de temps avant que l’organisation de l’Arizona remonte vraiment la pente. Et contrairement à Simmons ou Embiid, Devin Booker ne sera peut-être jamais l’un des quatre ou cinq joueurs capables de porter une franchise jusqu’au titre NBA – et de toute façon, des joueurs de ce type, il n’y en a justement que quatre ou cinq par génération. Mais le meilleur reste à venir pour lui. Et à ce moment-là, toutes les défenses de la ligue vont vraiment se mettre à flipper.

Devin Booker flanque 46 points aux Sixers

https://www.youtube.com/watch?v=GwzkTI9c3AI