Donovan Mitchell pour Rudy Gobert pour la gagne, comme un symbole

Le Jazz a battu les Mavericks sur un dernier panier de Rudy Gobert, bien servi par son coéquipier Donovan Mitchell. Un paradoxe.

Donovan Mitchell pour Rudy Gobert pour la gagne, comme un symbole

Rudy Gobert et Donovan Mitchell ont une relation un peu particulière. Une manière polie et déguisée de dire qu’ils ne s’entendent pas aussi bien que d’autres duos de stars en NBA. Les principaux protagonistes rétorqueront que ce n’est du vent, du bruit sur lequel surfent les médias. Un refrain répété haut et fort après la victoire in-extremis du Jazz sur les Mavericks (100-99) la nuit dernière. Ils rappelleront qu’ils sont les mieux placés pour savoir ce qui se trame dans le vestiaire.

Pourtant, la friture sur la ligne semble bien réelle, quoi qu’ils en disent. Mitchell n’aurait pas adressé la parole à son partenaire pendant des mois après avoir eu le sentiment qu’il l’avait infecté au COVID-19 en mars 2020. Une attitude qui paraît particulièrement injuste au vu de ce qui se sait désormais sur le virus et son mode de transmission.

Mais ça, c’est oublié. En revanche, cette saison, l’absence de connexion entre les deux joueurs sur le terrain a été particulièrement mise en avant. La réalité, c’est qu’ils ne se trouvent pas, ou très peu. Le nombre de passes (de simples passes) par match de Donovan Mitchell vers Rudy Gobert plafonnait même à 2,7. Irréel pour une association entre deux All-Stars.

Souvent oublié près du cercle, même quand il est défendu par un joueur beaucoup plus petit, le pivot français avait des raisons d’être frustré. Mais là encore, en apparence, tout le monde assure faire confiance à ses copains. La réalité visuelle est différente. Bien souvent, quand il drive, l’arrière américain préfère tenter sa chance que de ressortir la balle vers son camarade. Sauf dimanche. Pour la première fois en 345 matches ensemble, il a décidé de servir Gobert dans un moment chaud. Et le Jazz en est ressorti vainqueur. Sacré symbole.

« Une justice poétique d’une certaine manière », avouait Rudy Gobert. « C’est une action que nous avons déjà plein de fois. Mais là, c’était pour la gagne. »

Plein de fois… en réalité pas vraiment. S’unir dans un moment aussi spécial – avec le risque de se retrouver mené 1-3 avant un match à l’extérieur – doit forcément créer des liens. Leur célébration pleine d’entrain dans la foulée fait aussi plaisir à voir.

« Une sorte de métaphore », résumait Quin Snyder, lui aussi conscient de la symbolique et donc des difficultés qu’ont les deux stars à se trouver. « Je ne vais pas vous mentir, ça fait du bien. »

On peut même aller plus loin en imaginant que c’est un nouveau départ. Le Jazz avait gaspillé une avance de plus de 10 points et s’apprêtait à perdre devant son public. Le voilà désormais à 2-2, remotivé, avec l’espoir d’aller encore plus loin. Rudy Gobert et Donovan Mitchell ne se sont pas leur dernier mot.

CQFR : Gobert clutch, Tatum superstar, Brooklyn au bord du gouffre