Donovan Mitchell : Un nouvel espoir

Promis à la dépression après le départ de Gordon Hayward, le Jazz revit au rythme des cartons de Donovan Mitchell, roi inespéré de Salt Lake City.

Donovan Mitchell : Un nouvel espoir

A Jazz Thing

Trouver un potentiel chef de file est la première étape pour toute équipe en reconstruction. Souvent la plus complexe. Il arrive que des franchises végètent dans les profondeurs du classement pendant toute une décennie avant de mettre la main sur LE gars capable de les relever. Les Kings ou même les Wolves (avant Karl-Anthony Towns) en savent quelque chose. Utah a eu le pot – et encore une fois, le coup d’œil – de mettre la main sur cette perle rare juste avant que son leader ne se fasse la malle. Une fois la star draftée, encore faut-il réussir à la convaincre de rester une fois ses premiers contrats arrivés à expiration. Sur ce point, le Jazz est en avance. Parce qu’il n’y a finalement pas eu de période de reconstruction. Le club peut toujours compter sur un excellent coach, un système bien défini, une identité de jeu, l’une des meilleures défenses de la ligue, des joueurs de devoir qui se donnent des deux côtés du parquet et une autre pièce majeure en la personne de Rudy Gobert. Ils ont tous les ingrédients pour entourer Donovan Mitchell maintenant… et même dans le futur. Le pivot français n’a que 25 ans. Ils vont grandir ensemble. Dante Exum, prodige australien et cinquième choix de la draft 2014, va souffler ses 23 bougies en juillet. Des blessures ont ralenti son développement, mais il a un potentiel très intrigant.

« Nous sommes persuadés que Dante va devenir un bon joueur NBA », assurait même le GM Dennis Lindsey en février dernier.

Sur le papier, Exum est peut-être le complément idéal du pistolero. Il est long, athlétique et solide défensivement. On peut aisément fantasmer d’un backcourt dévastateur du côté de Salt Lake City d’ici quatre à cinq ans. Un avenir brillant se dessine. Ce simple droit de rêver est un luxe pour les supporteurs d’une franchise rarement habituée à ce que les meilleurs joueurs du monde viennent et surtout restent. Mais ils ont peut-être enfin une star qui partage leurs valeurs et celles de la ville. Un homme simple. Pas spécialement branché « bling-bling ». Avec le sens de la famille.

« Je garde un tout, tout, tout petit cercle très, très, très proche de moi », admet volontiers l’intéressé.

« Ma mère, ma sœur et moi. Et peut-être Chris Paul », ajoute-t-il en se marrant.

Un gars loyal. S’il a réfléchi plus d’une fois avant de franchir le cap pour aller en NBA, ce n’est pas seulement parce qu’il attendait que quelqu’un lui dise qu’il avait le niveau pour le faire. En mars 2017, sa décision semblait évidente : il se devait de revenir aux Cardinals. Louisville venait de se faire éliminer par Michigan au deuxième tour du tournoi NCAA. Hors de question de laisser tomber les siens après cette désillusion. Quelques semaines après, cet échec encore imprimé dans sa tête, il se rendait en Californie au fameux camp où il a finalement tapé la balle avec Chris Paul. Encore un peu plus tard, alors qu’il était finalement prêt à rejoindre les pros, il effectuait son premier arrêt lors de sa tournée de workouts avec les franchises NBA. Direction Salt Lake City. Il n’y avait jamais mis les pieds. Mais dès sa sortie de l’aéroport, le jeune homme admirait la vue des montagnes au loin depuis la vitre de son Uber. Le soir même, après un entretien réussi, il appelait sa mère pour lui dire à quel point il aimait la ville. Il se voyait jouer ici. Vivre ici. Son vœu a finalement été exaucé le soir de la draft. Au moment de monter les gradins pour aller serrer la pince d’Adam Silver, il a été informé que les Nuggets l’avaient en réalité choisi pour le Jazz.

« Je me suis mis à sourire quand j’ai appris ça et je n’ai pas arrêté de le faire tout au long de la soirée. »

Depuis, ce sont les dirigeants et les fans d’Utah qui ont la banane jusqu’au nombril jusqu’aux oreilles. Gordon Hayward a quitté le navire à 27 ans. L’apogée de sa carrière est calquée sur la domination des Warriors et de leurs quatre All-Stars. C’est peut-être même pour ça qu’il a fui plus à l’Est. Son potentiel, finalement, était déjà connu. Celui de Donovan Mitchell laisse plus de place au mystère. A l’imaginaire. Il est déjà plus fort aujourd’hui que ce que son prédécesseur ne l’a été avant de disputer sa troisième saison dans la ligue. Sa franchise ira aussi loin qu’il peut la porter. Cette saison mais aussi dans le futur. A l’ombre du plus grand crève-cœur de la franchise se cachait finalement la lueur d’un nouvel espoir.

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Les stats de Donovan Mitchell

Per Game Table
Season Age G GS MP FG% 3P% eFG% FT% TRB AST STL BLK TOV PTS
2017-18 21 79 71 33.4 .437 .340 .506 .805 3.7 3.7 1.5 0.3 2.7 20.5
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