Dwight Howard, le retour du combattant

On le pensait dépassé par l'événement. Notamment suite à son exclusion lors du Game 4, ponctuée par six fautes et deux fautes techniques. Dwight Howard a finalement joué un rôle décisif dans cette série, et insufflé l'esprit de la gagne dans les rangs texans.

Dwight Howard, le retour du combattant
Dwight Howard est déjà sur les nerfs lorsqu'un spectateur du Staples Center s'adresse à lui en plein Game 4 de la série qui oppose les Los Angeles Clippers aux Houston Rockets. Il ne peut pas se contenir et l'invite donc à descendre des tribunes pour en découdre, avant de retourner sur le parquet. Là où il reçoit une deuxième faute technique, et doit quitter ses coéquipiers après seulement 18 minutes passées sur le terrain. Sur le chemin qui le mène aux vestiaires, un autre supporter des Clippers lui rappelle sa relation tendue avec la star des Lakers en lui lançant un : « Kobe ! ». Dwight Howard se retourne. Il n'avait pas besoin de ça pour connaître une très mauvaise nuit. Car comme son équipe, l'ancien habitant de la Cité des Anges a connu un passage difficile à LA. [html]

Dwight Howard threatening me.

Une vidéo publiée par S. Sami (@s_universal) le

[/html] [html][/html] Avant ce Game 4 perdu par son équipe, il n'avait pu empêcher la défaite des siens à l'occasion du troisième match de la série malgré un double-double (14 points, 14 rebonds). Loin d'avoir réalisé de mauvais matches lors des games 1 (22 points et 10 rebonds) et 2 (24 points et 16 rebonds), il était tombé dans le piège de LA. À l'image de cette confrontation tendue avec Matt Barnes qui lui avait valu 15 000$ d'amende. La suite de la série s'annonçait donc être des plus difficiles : les Angelenos menaient désormais 3-1. Il fallait rattraper ce retard. Puis prendre un avantage décisif qui semblait alors bien lointain. [html] [/html]

La naissance d'un leader

Après ce difficile Game 4 au Staples Center, plus jamais Dwight Howard ne passera en-dessous de la barre des 14 points et 14 rebonds. Mieux : c'est lui qui mènera son équipe vers les finales de conférence alors que beaucoup la donnait vaincue dès le Game 4. Lors du Game 5, il inscrit 20 points et récupère 15 rebonds. Lors du Game 6, 20 points et 21 rebonds. Surtout, lors de cet avant-dernier match de la série, il convainc ses coéquipiers que l'élimination n'est pas actée. Et ce alors que les Clippers sont menés de 19 points à l'issue du troisième quart-temps.
« J'ai arrêté de regarder l'horloge et le score », raconte-t-il au Houston Chronicle. « Nous nous sommes sacrifiés pour l'équipe. Nous avons joué beaucoup de minutes, nous avons joué dur, nous avons joué ensemble et nous n'avons jamais cessé d'y croire. Notre foi a été mise à l'épreuve toute la soirée et à travers toute la série et au lieu de plier, nous avons continué unis. Maintenant, il ne nous reste plus qu'un match. »
Lors de ce retour au Staples Center après son exclusion, D12 a joué le rôle de meneur d'hommes. Du leader vocal qui supplée son coach, donne des consignes sur le parquet, prend la parole pour motiver tout un collectif.
« Nous devons croire que nous pouvons remporter cette série. Tout commence avec ce que nous allons faire ce soir. C'est notre état d'esprit : jouer dur dès le début, mettre l'intensité en premier et on l'espère réaliser un grand match », explique-t-il aux médias avant la rencontre.
Dès l'entame du match, il affiche la couleur en signant les six premiers points et cinq des sept premiers rebonds de son équipe. Problème : son coach, Kevin McHale, est obligé de le bencher. En cause : un nombre de fautes excessif à ce moment du match. Deux précisément, à cinq minutes de la fin du premier quart-temps. Une limite de son jeu qu'il lui appartient de gommer.

Des fautes et des briques

La faute : là est bien le péché mignon du pivot. C'est notamment pour cela que Hakeem Olajuwon l'incite à rester au sol et à veiller à la manière dont il utilise ses bras. Bénéficiant des conseils de « The Dream », il raconte :
« La principale chose dont me parle Dream, c'est de rester au sol. Il sait que je veux être physique contre mes adversaires, et surtout, utiliser mes jambes et mes pieds plutôt que mes bras. C'est son message : continuer de jouer aussi dur, d'être dominant dans la raquette, mais rester au sol. »
Dwight Howard le sait : en commettant moins de fautes, il pourra rester plus longtemps sur le parquet. Prêter davantage main forte à ses coéquipiers, et davantage faire gonfler ses stats. Mais les conseils de l'ancien Rocket sont plus faciles à écouter qu'à appliquer. Ainsi, D12 a provoqué quatre fautes lors du Game 1, quatre lors du Game 2, trois lors du Game 3, six lors du Game 4, deux lors du Game 5, quatre lors du Game 6 et trois lors du Game 7. Autre épine dans le pied de ce géant : l'adresse aux lancers-francs. Quand Kevin McHale veut profiter des difficultés à l'exercice de DeAndre Jordan, Doc Rivers en fait de même avec le pivot des Rockets. D12 confirme alors sa réputation à 4/9 sur la ligne lors du game 1, 8/21 lors du game 2, 4/11 lors du game 3, 1/6 lors du game 4, 6/14 lors du game 5, 6/16 lors du game 6 et 4/8 lors du Game 7. Malgré cela, sa présence dans la raquette des Rockets joue un rôle majeur lors des trois derniers matches de la série. Et D12 continue de jouer les leaders. Dès le come-back victorieux des Rockets, il prévient :
« Nous sommes très contents. Mais ce n'est pas encore fait. »
Vient alors le match décisif. Les Rockets prennent l'avantage sur les Clippers. Mais ces derniers reviennent à dix points à deux minutes de la fin du match. Sur le banc, Dwight Howard remobilise une dernière fois ses troupes.
« Restez concentrés. Attendez que le match soit terminé, et après vous pourrez sourire et profiter », lâche-t-il durant un temps mort, tout en applaudissant ses coéquipiers.
Même lorsqu'il est contraint d rejoindre le banc pour éviter d'être victime du « Hack-a-Dwight », le Texan ne s'arrête pas.

Sur les traces du dream d'Hakeem

Une machine à double-double (six sur la série, dont trois derniers matches à 20 points et 15 rebonds, 20 points et 21 rebonds et 16 points et 15 rebonds). À rebonds, aussi, surtout défensifs (71 rebonds défensifs contre 26  offensifs sur la série). Mais également à contres (cinq durant le premier match, quatre dans le deuxième et 15 sur la série). Dwight Howard a répondu présent dans de nombreux secteurs lors de cette série. À l'image des Rockets, menés 3-1 avant de se qualifier pour la finale de conférence, il a su rebondir après avoir été envahi par la frustration à Los Angeles. En attaque, ses points ont été précieux aux Rockets. En défense, il a su rappeler à tous pour quelles raisons il a été désigné à trois reprises meilleur défenseur de l'année. [html]https://www.youtube.com/watch?v=A5_TkS07vc4[/html] Lors de la saison régulière, le pivot a raté 41 rencontres. La faute à une blessure au genou qui l'a obligé à redoubler d'efforts afin de retrouver le meilleur de sa forme d'ici les playoffs. Revenu à la compétition deux semaines avant le début du premier tour, il a ensuite tourné à 17 points et 14 rebonds face aux Mavs. Un rythme qu'il a maintenu face aux Clippers (18 points et 14 rebonds). « C'est un monstre pour nous depuis qu'il est revenu », explique son coéquipier Trevor Ariza. En l'absence de Donatas Motiejunas, le sort de Houston reposait en grande partie sur ses performances et sa capacité à répondre à DeAndre Jordan. Tout comme lors de sa rééducation longue de deux mois, il n'a jamais abandonné. Avec le même objectif : mener son équipe vers un titre NBA. Une hargne qui a déteint sur les hommes de Kevin McHale. Et qui pourrait permettre à Dwight Howard de connaître le même destin que son mentor et ancien pivot des Rockets, Hakeem Olajuwon. Soit remporter une bague NBA, vingt ans après les exploits du Dream.