Day 1-3 : Cougars finlandaises, sandwichs froids et dunks de Rudy Gobert

Plongée dans les coulisses de l'Eurobasket avec notre envoyé spécial à Montpellier. Voilà ce que l'on a retenu des trois premiers jours de compétition.

Day 1-3 : Cougars finlandaises, sandwichs froids et dunks de Rudy Gobert
Mardi 8 septembre, Montpellier. Premier jour de repos pour les acteurs engagés dans le grand tournage de l'Eurobasket 2015. L'occasion pour moi de vous faire partager la chance que j'ai de pouvoir suivre la compétition "de l'intérieur" en tant que journaliste accrédité. De l'ambiance à la vie en coulisses en passant par mes propres observations sur le jeu et les joueurs, je vais essayer de vous décrire au mieux ce que j'ai vécu lors de ces trois premières journées. Si vous avez suivi un peu l'actualité de l'Eurobasket, que ce soit sur Internet, à la télévision ou dans les journaux, vous avez sans doute entendu parler des supporteurs finlandais venus en masse dans l'Hérault. Ils ont déboulé par cars entiers le soir du premier match contre l'équipe de France. PAR CARS ENTIERS. Selon Google Maps, il y a 36 heures de route entre Helsinki, la capitale de la Finlande, et Montpellier. 34 heures si cela ne bouchonne pas trop sur la A1. Toujours selon Distanceentre.com, 3104 kilomètres séparent le pays nordique du sud de la France. Et pourtant, les Finlandais sont venus par milliers - ils seraient plus de 4000 - dans le Languedoc-Roussillon. A tel point que l'on pourrait croire que l'Eurobasket se déroule à Espoo ou Tampere (les deux plus grandes villes du pays après Helsinki) lorsque l'équipe de France n'est pas de sortie à la Park&Suites Arena de Pérols. Les bleus et blancs sont partout : dans les hôtels, sur la place de la Comédie, dans les bars, dans les tribunes, dans le tramway, au KFC en face de la salle... PARTOUT. Apparemment, il n'y a pas que des Finlandais au KFC. Les fans finlandais ont fait le spectacle depuis le début de la compétition. Ils supportent leurs joueurs favoris de la même façon que ces derniers évoluent sur le terrain : avec passion et énergie. Beaucoup d'énergie. Joffrey Lauvergne nous avait prévenu après la victoire douloureuse de l'équipe de France lors du premier match :
"Les Finlandais vont surprendre du monde. C'est une équipe difficile à jouer." L'intérieur avait évidemment vu juste. Après avoir accroché les Bleus et Israël, les coéquipiers de Sasu Salin ont décroché leur première victoire contre la Russie, au bout du suspense, hier.
Le match contre la Russie était plus que plaisant à suivre, notamment dans le money time. Grosse mention pour Petteri Koponen qui a manqué trois tirs décisifs de suite lors de la même possession (!) alors que les deux équipes étaient à égalité à 78 partout. On aurait dit l'un de ces forceurs qui abordent toutes les filles avec des "coucou ça va ?" sur Adopteunmec.com. Un Jean-Claude Duss (avec un D, comme Duss) des temps modernes, en somme. Sauf que Koponen, lui, il finit toujours par conclure. Quelques secondes plus tard, c'est bien lui qui achevait la Russie avec un shoot assassin. Et hop, on est presque assuré de retrouver des milliers de Finlandais pour un huitième de finales au Stade Pierre Mauroy. Voilà qui doit faire très plaisir aux organisateurs. En parlant de Koponen, j'ai été séduit par un autre joueur finlandais depuis le début de l'Eurobasket. Erik Murphy, un ancien gars de ma #BullsNation né à Lyon, comme moi. Sauf que ça fait deux fois d'affilée qu'il m'esquive pour une interview. La Russie, en tout cas, ce n'est clairement plus ce que c'était. Vitaly Fridzon et ses coéquipiers sont à la ramasse complet et pourtant ils nous ont joué la carte du "On s'est bien battu, on est fier de nous" et tout le tralala en conférence de presse après la défaite contre la Finlande. Fini la belle époque des coups de gueule. Heureusement, il nous reste les journalistes russes. Ah, les journalistes russes. Les plus agités en tribune de presse et de très, très loin. Ils tapent du poing, ils hurlent, ils balancent un flot de mots indescriptibles mais qui s'apparentent fortement à des insultes lorsque l'un de leurs joueurs rate un shoot. Promis, j'essaierai de m'asseoir à côté des Russes lors du prochain match contre la France. Sans vouloir descendre l'organisation, on sent tout de même que l'Eurobasket est un peu moins funky que la Coupe du Monde en Espagne. Il y a un peu moins d'animation pendant les temps morts, la Kiss Cam est mal exploitée, pas de Dancing Cam, pas de groupes locaux déguisés... pour reprendre les propos d'une journaliste que j'aime beaucoup mais dont je tairais le nom "on dirait un tournoi banal en France" et j'ai alors rajouté "ouais, auquel on aurait invité des équipes étrangères". Nouveauté assez amusante par contre, les meilleurs tweets avec le #EuroBasket2015 sont diffusés sur l'écran géant de l'Arena de Montpellier. J'ai tout misé sur ce tweet : Ah sinon, en parlant de journaliste et de russes.... il y a une journaliste russe blonde qui donnerait bien des idées à notre ami Thierry Normandie. Sans transition, laissez-moi vous parler un peu de la cantine réservée aux journalistes. Voilà par exemple mon repas d'hier soir. Ce sont des sandwichs froids. Froids. IL N'Y A QUE DU FROID. En Espagne, au moins, on avait deux plats chauds par jour. Là il faut attendre 19 heures pour avoir à manger. Et on a le droit à des pauvres bonbons à la menthe au goûter. Fuck, je me suis embourgeoisé. Pour en revenir un peu au parquet, voici une liste de joueurs qui m'ont tapé dans l'oeil depuis le début de la compétition : Murphy donc, Alex Renfroe, un meneur complet qui fait du bien à la Bosnie-Herzégovine à chacun de ses passages sur le parquet même si je n'ai toujours pas compris comment il s'est retrouvé au sein de la sélection bosnienne, Lior Eliyahu, un intérieur israélien mobile avec de très bonnes mains malgré une gestuelle dégueulasse, Bar Timor, juste parce que son nom me fait penser à Baltimore et donc à The Wire ou encore Mateusz Ponikta, un jeune joueur polonais qui pèse sur chaque match (un peu moins contre l'EDF). Les matches des Bleus font toujours salle pleine et franchement ça fait plaisir. Montpellier a beau être une ville de rugby (et non de Hand, comme je le pensais avant de parler avec un gars du coin), la foule répond présente. Plus de 10 000 spectateurs à chaque fois et une belle ambiance. De quoi pousser nos Bleus. A l'applaudimètre, Tony Parker arrive évidemment en tête même si Rudy Gobert a clairement la cote auprès des supporteurs tricolores. Ses dunks et ses blocks y sont sans doute pour quelque chose. Pour en revenir à TP, le meneur fantastique de l'équipe de France a - cela ne vous a sans doute pas échappé - battu hier soir le record du légendaire Nikos Galis. C'est fait, Tony est le meilleur marqueur de l'histoire de l'Eurobasket. Alors, ses impressions ?
"C'est assez bizarre. C'est un grand honneur d'être avec tous ces grands joueurs : Galis, Dirk, Pau, Petrovic. Je veux juste remercier tous mes coaches, mes coéquipiers, ma famille et mes amis. Tout ça n'aurait pas été possible sans eux."
C'est sur un shoot à mi-distance après un pick&roll avec Rudy Gobert que Tony Parker a inscrit son nom dans la légende. Un tir comme il en a mis des milliers au cours de sa carrière. Mais celui-ci aura forcément une saveur particulière. Ovationné par le public, TP a eu le droit à un rappel du speaker suivi d'une nouvelle chaude ovation lors du temps mort suivant. En revanche, pas de vidéo commémorative. On n'est pas chez les cainris ici. La France a montré de belles choses depuis le début de la compétition, que ce soit en attaque comme en défense. Enfin, pour la défense, c'était surtout hier soir, lorsque les tricolores ont limité la Pologne à 42% de réussite. Lorsque les Bleus sont concentrés de ce côté du parquet, et surtout lorsque Rudy Gobert vient étendre sa longue carcasse dans la raquette, ils sont difficiles à battre. Néanmoins, Dusko Ivanovic n'a pas été impressionné par la défense des Bleus. Bon, son équipe venait juste de prendre 30 pions dans la truffe. Les joueurs de Vincent Collet ont souffert face à la défense de zone des Polonais. Un détail qui n'échappera pas aux autres favoris du tournoi actuellement engagés dans d'autres joutes aux quatre coins du continent. Les Bleus ont trouvé la solution en jouant dos au panier (merci Mike Gelabale et Boris Diaw) mais ils vont devoir régler la mire à trois-points dans les jours qui viennent.
"Il faut que l'on shoote plus à trois-points pour trouver plus d'espace", notait le coach de l'équipe de France hier soir.
Pour tous ceux qui n'ont rien compris à la dernière possession entre la France et la Pologne, conclue par un tir à trois-points désespéré de Marcin Gortat, quelques explications :  - Vincent Collet a demandé à ses joueurs de faire faute pour éviter que la Pologne égalise (les Bleus menaient de trois points) mais ils ne l'ont pas fait.  - La Pologne voulait donner la balle à Adam Waczynski, insolent d'adresse à trois-points, mais c'est finalement Gortat qui a hérité du tir pour la gagne. Voilà.  Nicolas Batum a alterné le bon et le moins bon depuis le début de la compétition. L'ailier n'a pas le même visage d'un QT sur l'autre mais sa présence fait généralement du bien à l'équipe de France, comme en témoigne son +9 en différentiel hier soir.
"Nicolas a fait un très bon retour en fin de match. Il a le meilleur différentiel de l'équipe ce soir et ce n'est pas le fruit du hasard. Il ne faut pas s'affoler. Nico est présent même s'il a des problèmes d'adresse. J'attend davantage de lui. C'est l'un de nos joueurs majeurs et on attend qu'il monte en température", expliquait Vincent Collet.
Je n'aime pas distribuer les notes et je n'aime pas non plus l'idée des tops et flops (puis bon, qui suis-je pour le faire ?) mais je vais quand même donner un gros top à Nando De Colo. Moi, perso, je suis plutôt Russell Westbrook.