Gloire à Pop, encore une fois

Gregg Popovich semble avoir trouvé la formule pour offrir une 22e campagne de playoffs consécutive avec les San Antonio Spurs.

Gloire à Pop, encore une fois
On ne va pas dire le contraire. Il y a quelques semaines à peine, on était sacrément inquiets pour les San Antonio Spurs. Au point même de se demander si Gregg Popovich ne s'était pas lancé dans la campagne de trop. Un peu de repos après des mois éprouvants sur le plan personnel et avant de se lancer dans l'aventure Team USA lui auraient fait le plus grand bien. Avait-il encore l'envie et les moyens de faire prospérer son groupe après la fin d'un cycle qui a marqué l'histoire de la NBA ? Sur le parquet, ses Spurs n'avaient jamais été autant en difficulté. Les Texans ont encore à ce jour la 21e défense la plus perméable de la ligue. Mais s'ils concèdent toujours un nombre anormal de points par rapport à leurs standards des deux dernières décennies, la spirale n'est plus du tout négative. A mi-saison, San Antonio est dans le bon wagon, à égale distance ou presque de la première place de la Conférence Ouest et de la 9e, celle du poissard. Après avoir râlé contre l'abondance et l'importance des shoots à 3 points dans le basket moderne, montré de l'aigreur après le départ de Kawhi Leonard et maudit la mauvaise fortune en voyant Dejounte Murray, son meneur titulaire, se blesser pour toute la saison, Pop a repris sa respiration. Si les Spurs viennent d'enchaîner 7 victoires consécutives à domicile et restent sur 10 victoires en 13 matches malgré un calendrier assez corsé, ce n'est pas par l'opération du Saint-Esprit. La formule popovio-buffordienne marche toujours et c'est grâce à cet ADN de jeu et cette culture qui ont fait le succès de la franchise que San Antonio s'est relevé.

Paradoxe : les Spurs misent sur l'adresse extérieure

Gregg Popovich a beau haïr le culte du tir extérieur, son équipe est la plus efficace de la ligue au pourcentage à 3 points. Le match surréaliste des Spurs dans ce domaine contre Oklahoma City (16/19 à 3 points après avoir rentré leurs 14 premiers shoots !) en est la démonstration la plus éclatante. Contrairement à des équipes comme Houston, qui atteignent fréquemment les 15 paniers from downtown par match, les hommes de Popovich sélectionnent leurs positions avec soin. La circulation et le partage du ballon sont toujours la priorité du 3e coach le plus victorieux de l'histoire depuis jeudi (derrière Don Nelson et Lenny Wilkens). De fait, on voit rarement les Spurs dégoupiller complètement et partir en arrosage intensif. Comme chaque saison, Pop a aussi pris soin de recruter ou de conserver des joueurs habiles sur la ligne des lancers. San Antonio a le deuxième meilleur pourcentage dans l'exercice et craque rarement lorsqu'il faut se présenter sur la ligne dans le money time, particulièrement depuis la mi-décembre. Sur les 15 derniers matches, les Spurs carburent au rythme d'une équipe qui finirait la saison avec 71 victoires. Sur cette période, ils sont leaders sur le classement offensif global et 4e sur le défensif. L'une des composantes importantes de la recette à ne pas négliger : la capacité à rendre excellents des joueurs que l'on n'imaginerait pas performer particulièrement ailleurs. Deux joueurs incarnent cette bonne habitude prise depuis des années dans le Texas : Bryn Forbes et Derrick White.  Les deux hommes collaborent efficacement au sein du backcourt, à l'image de ce qu'ils ont proposé face au Thunder. Forbes, 25 ans, non drafté en 2016, tourne à 14 points et 53.3% à 3 points depuis le début de l'année, tout en défendant avec l'application et l'intelligence qu'attend Gregg Popovich de ses ouailles. Idem pour White, drafté en 29e position en 2017 et qui a dû faire ses preuves en G-League et profiter de la redistribution des cartes à l'AT&T Center pour se faire une place. Le joueur de 24 ans est en feu depuis début janvier, avec 18 points de moyenne à... 66.7% d'adresse globale et une combativité précieuse. Son contre splendide sur Jerami Grant lors de la deuxième prolongation face à OKC a notamment marqué les esprits. Pop l'a décrit comme "un sauveur pour nous" ces dernières semaines.

Le combo Aldridge-DeRozan fonctionne

Bien évidemment, les deux All-Stars de l'équipe et la réussite de leur apprivoisement mutuellement sont pour beaucoup dans les résultats actuels. DeMar DeRozan a chassé son spleen et ses velleités de devenir un shooteur extérieur, encouragé par Popovich à ne plus se hasarder à artiller derrière l'arc de cercle. DeRozan est sur les bases de sa meilleure saison en carrière au rebond et à la passe. Il n'a plus besoin d'être l'option offensive majeure de son équipe. Aldridge, qui sort d'un match à 56 points face au Thunder, l'aide à porter la responsabilité au scoring, tout en étant lui aussi un point d'ancrage défensif bien plus consistant qu'après le premier mois et demi de NBA cette saison. "LaMarcus est un monstre depuis le début de l'année. Il est notre base des deux côtés du terrain. Il l'avait déjà fait la saison passée et il le refait cette année. Je trouve qu'il est tout simplement fantastique", a expliqué Pop sur ESPN après la rencontre. Il est loin le temps où les deux hommes peinaient à s'entendre et où Gregg Popovich a joué son va-tout pour ne pas perdre la confiance de l'ancien Blazer. Aussi loin, d'apparence, que ce moment où on a pu croire que le meilleur coach de ce début de millénaire abîmerait son héritage. La Conférence Ouest est un impitoyable champ de bataille où les choses peuvent changer rapidement. On a néanmoins l'impression que l'on retrouvera Pop et sa bande en post-saison pour une 22e saison de suite. Ça ne peut pas être une mauvaise nouvelle.