Mais qui veut jouer avec James Harden ?

Superstar capable d'enflammer une rencontre en attaque, James Harden est un piètre leader et cela pose problèmes aux Houston Rockets.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Mais qui veut jouer avec James Harden ?
Le visage de James Harden laisse rarement transparaître une émotion quelconque. Victoire, défaite, petit match ou gros carton, élimination des playoffs ou non, sa mine reste souvent la même. Impassible. Ses mots s'échappent à peine de sa barbe hirsute. Le ton plat. Les yeux perdus dans le vide. Une impression qui ressort à chacune de ses interviews. C'était encore le cas après la sortie prématurée des Houston Rockets au premier tour des playoffs. Pourtant, son discours était lourd de sens. Mais parlons d'abord de lui.

James Harden, l'homme à statistiques

Harden a inscrit 35 points lors du dernier match de son équipe cette saison. Une rencontre perdue de 33 points par les Rockets. Tout un symbole. La star a encore été exemplaire sur le plan strictement statistique. 29 points, 6 rebonds et plus de 7 passes. Une production digne du statut si prisée mais aussi parfois controversé de «Franchise Player». Ses performances chiffrés sont mêmes légèrement supérieures à celles qu'il affichait l'an passé lorsqu'il était un candidat légitime au trophée de MVP. Pourtant, l'impression laissé par le joueur de 26 ans cette saison n'est pas du tout la même et les éloges ont laissé la place aux critiques. Au point où il n'est justement plus considéré comme un réel «Franchise Player», non pas en raison de son apport mais plutôt de son attitude et de son influence.
[superquote pos="d"]"Il n'a aucun leadership." Shaquille O'Neal au sujet de James Harden[/superquote]«Le problème, c'est qu'il n'a aucun leadership», fusillait Shaquille O'Neal. «Je sais par expérience que les autres joueurs suivent le modèle des cadres. Si vous êtes le leader d'une équipe, vous avez un rôle à tenir. Si vous ne le faite pas, vos coéquipiers ne feront rien.»
L'accusé n'est pas un joueur qui aime donner de la voix et jacter toutes les deux minutes. Ce n'est pas son style et c'est son choix. En marge de sa pique envers le joueur des Rockets, O'Neal a distingué deux styles de leaderships : les «vocaux» donc, à l'image de Draymond Green, et ceux qui dictent la marche à suivre en montrant l'exemple sur (et en dehors) des parquets. James Harden n'intègre aucune des deux catégories. Sa défense est un running gag qui alimente YouTube et le Shaqtin A Fool tout au long de la saison. Il est un attaquant formidable mais il a tendance à monopoliser longtemps la balle entre ses mains. C'est un playmaker doué, là n'est pas le problème. Il a tendance à beaucoup dribbler avant de lâcher la gonfle ce qui peut provoquer la lassitude de ses coéquipiers. Enfin, il est réputé pour son côté renfermé et il lui a été reproché de se mettre à l'écart du reste du groupe lors des déplacements des Rockets. Un comportement général qui soulève des interrogations.
[superquote pos="d"]"Je ne sais pas si j'aurais voulu jouer avec lui." Charles Barkley[/superquote]«James Harden est un attaquant fantastique», débute Charles Barkley avant de marquer une pause. «Mais je ne sais pas si je voudrais jouer avec lui. Quand vous jouez pour les Golden State Warriors ou les San Antonio Spurs, vous avez réellement l'impression de faire partie de l'équipe. Tous les joueurs savent qu'ils vont toucher la balle. Mais ce n'est amusant de jouer avec Harden. Je n'aimerai pas me rendre à l'entraînement tous les jours juste pour le regarder dribbler. Vous ne pouvez jamais vous mettre dans le rythme [en jouant avec lui]. Vous êtes tellement surpris de recevoir la balle quand ça arrive que vous ne vous mettez jamais en rythme. Il doit se regarder dans le miroir et se demander comment il peut devenir un meilleur joueur. C'est son boulot de faire progresser les autres joueurs. C'est ce que font les grands joueurs.»
Barkley a parfois tendance à s'enflammer et à rentrer dans le personnage télévision qu'il s'est crée depuis qu'il a entamé sa carrière de consultant. Mais l'ancienne légende NBA était calme au moment d'établir ce constat froid et véridique au sujet d'Harden. Il est un excellent joueur mais il rend difficilement les autres meilleurs. Et par meilleur, cela n'implique pas seulement de leur offrir des tirs ouverts. Cette attitude, cette nonchalance et cet égoïsme amène à une autre question : qui veut jouer avec James Harden ?

Un changement nécessaire pour la suite de sa carrière

Certainement pas Dwight Howard, éreinté par ses trois années aux Rockets. Il serait bien surprenant de revoir l'ex-All-Star à Houston la saison prochaine. Ou alors juste le temps d'y jouer avec sa nouvelle franchise. Kevin Durant, une cible non dissimulée de l'organisation, est un ami du barbu mais il semble de plus en plus acquis que la superstar du Thunder favorisera la gagne. Et vous savez quoi ? Russell Westbrook est un meilleur joueur et un meilleur coéquipier qu'Harden à l'heure actuelle. La question posée ci-dessus est en réalité la problématique majeure à laquelle sont désormais confrontés les dirigeants texans. Comment améliorer l'effectif si le visage de l'équipe est un joueur dont les qualités de leaders et de coéquipiers sont remises en causes ? Quel est le message envoyé si la star de la franchise arrive hors de forme au camp d'entraînement, ne défend pas et se met lui-même à l'écart du groupe ?
«Je dois prendre soin de mon corps. Je serai un meilleur joueur en revenant [la saison prochaine]. Je dois devenir un meilleur joueur», admet l'intéressé.
Voilà pour le discours. Du classique. Des belles intentions, des promesses. De leur application dépend en partie l'avenir des Houston Rockets. Si James Harden parvient à corriger certains points faibles - dans les efforts, dans l'attitude, il n'en sera que plus fort (logique), de même que sa franchise. Surtout, il enverra un message nettement plus positif au reste de la ligue et aux autres joueurs susceptibles de vouloir, un jour, partager la gonfle avec lui.
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