Joe Ingles, l’ironique bourreau des Clippers

Joe Ingles est l'un des héros inattendus de ce 1er tour pour le Jazz. L'histoire est belle pour l'Australien, coupé par les Clippers il y a 3 ans.

Joe Ingles, l’ironique bourreau des Clippers
"Karma is a bitch", doivent se dire les Clippers. Les Californiens viennent de perdre le game 4 de leur série contre le Jazz, mais aussi de prendre en pleine face la revanche d'un joueur qui leur aurait probablement été des plus utiles à l'heure qu'il est. Joe Ingles, le swingman du Jazz, aka "ce gars qui te fait stupidement dire que tu méritais mieux qu'une carrière en départementale", est un homme-clé de cette opposition et il l'a encore prouvé la nuit dernière : 8 points (dont deux paniers à 3 points dans le money time), 11 passes décisives, 6 rebonds, 2 interceptions, 1 contre et une défense assez exceptionnelle sur Chris Paul. N'en jetez plus. L'Australien est un rouage essentiel du groupe de Quin Snyder et un "fan favorite" incontestable à Salt Lake City. Pourtant, avec un peu plus de jugeote de la part de Doc Rivers et de son staff, c'est auprès d'eux qu'Ingles aurait pu déverser sa combativité et son intelligence de jeu aujourd'hui, alors que Los Angeles cherche désespérément un poste 3 polyvalent. [caption id="attachment_322416" align="alignleft" width="318"] Doc Rivers aurait sans doute du considérer un peu mieux Joe Ingles il y a trois ans...[/caption] En octobre 2014, l'intéressé était en effet membre des Clippers et avait disputé 5 matches de pré-saison sous le maillot des Angelenos. A la lutte pour décrocher un contrat après une belle carrière en Europe (au Barça et à Tel Aviv où il a remporté l'Euroleague avec David Blatt), Joe Ingles avait bon espoir d'être choisi après le dernier match "amical". A tel point qu'il avait convaincu sa femme Renae, l'une des meilleures joueuses de netball de la planète (un dérivé du basket sans contact et avec 3 secondes balle en mains très populaire dans les pays du Commonwealth), de faire le vol depuis l'Australie pour le voir disputer ses premiers matches officiels en NBA. Coup dur : alors que Renae est dans l'avion, Joe apprend qu'il est coupé sans ménagement et invité à trouver une autre équipe.
"Quand elle a embarqué pour LA, j'étais encore dans l'équipe. Quand elle a atterri, je ne l'étais plus. C'était vraiment dur et décevant", raconte Ingles dans le Salt Lake Tribune.

Trashtalk, roublardise et intelligence

Par chance, Quin Snyder, le nouveau coach du Jazz, a entraîné en Europe et vu de quoi était capable le garçon. Certes, Ingles ne dispose pas des qualités les plus recherchées par les franchises NBA, mais Snyder sait qu'il compensera par la ruse, la vitesse de réflexion, la combativité et un sens aigu du collectif et de la passe. Un pur joueur australien, en somme. [superquote pos="d"]"Je n'aime personne dans les équipes adverses. Pas même les Australiens"[/superquote] Après deux saisons à participer au redressement du Jazz et alors que beaucoup lui prédisaient un départ une fois que la franchise redeviendrait compétitive, le joueur de 29 ans est toujours là. Mieux, Snyder en a fait un titulaire et un maillon fort de son équipe au détriment du plus irrégulier Rodney Hood. Devenu redoutable à 3 points après avoir été trop timide dans ce domaine auparavant, Ingles a shooté à 44% cette saison (le 3e meilleur pourcentage) et montré d'autres facettes de son jeu : un vrai flair au rebond, une compréhension minutieuse du pick and roll et... l'amour du trashtalk et de la roublardise. Dante Exum pense même que son compatriote est l'un des meilleurs pour "entrer dans la tête de l'adversaire".
"Donc quand je suis sur le terrain, je leur fait comprendre... Je ne planifie rien, je laisse les choses se faire. Je donne un petit coup d'épaule, j'attrape les mecs en sortie d'écran, tout ça. Disons que j'ai quelques astuces".
Ce n'est pas un hasard si après le game 1, Chris Paul a désigné son éphémère ex-coéquipier comme le joueur le plus "dur et physique" de la rencontre. Sur les quatre matches disputées jusque-là, Joe Ingles a été un métronome et une valeur sûre, même si la rencontre de dimanche est un petit chef d'oeuvre personnel. Jamais cette saison un joueur du Jazz n'avait dépassé les 8 assists. Ses extra passes et sa bonne lecture du jeu face à des Clippers un peu dépassés lui ont permis d'être le premier, en dépit de l'absence de Gordon Hayward, sur le flanc après 9 minutes. Il reste au moins deux matches aux Clippers pour éviter de regretter encore un peu plus cette erreur. Et à Joe Ingles pour leur faire payer ce fameux billet d'avion qu'il a encore en travers de la gorge...

Les 4 matches de Joe Ingles vs les Clippers

Date Opp Score Min FGM FGA FG% 3PM 3PA 3P% FTM FTA FT% OR DR Reb Ast TO Stl Blk PF Pts
Apr 24 LAC
W 98-105
37:55 3 6 50.0 2 4 50.0 0 0 - 1 5 6 11 2 2 1 3 8
Apr 22 LAC
L 111-106
33:52 3 8 37.5 3 8 37.5 0 1 0.0 0 3 3 5 1 1 0 4 9
Apr 19 @LAC
L 91-99
32:57 3 5 60.0 2 3 66.7 1 2 50.0 0 6 6 3 4 3 0 3 9
Apr 16 @LAC
W 97-95
32:48 2 7 28.6 1 5 20.0 3 4 75.0 0 2 2 2 1 2 1 1 8
En bonus track, une vidéo de netball https://www.youtube.com/watch?v=aBuxsRnU50A