Kobe : LeBron ne doit pas prendre les superteams comme excuse

Kobe : LeBron ne doit pas prendre les superteams comme excuse

Pour Kobe Bryant, l'héritage de LeBron James ne dépendra que du nombre de titres et aucunement du contexte. Parce que ça l'arrange bien ?

Julien DeschuyteneerPar Julien Deschuyteneer  | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Pour Bleacher Report, Howard Beck a interrogé plusieurs anciennes gloires de la NBA sur l’héritage et la place dans l’histoire de LeBron James. Parmi elles, Kobe Bryant qui, bien évidemment, est plus qu’intéressé par le débat puisqu’il n’est clairement pas loin des plus grands et qu’il est l’un des tout meilleurs d’une génération qui a longuement côtoyé celle de James. Pour Kobe, l’héritage dépend des titres gagnés, peu importe le contexte ou la manière :

« Tout ce à quoi je pensais quand j’étais un enfant était de gagner des titres. C’est tout ce qui m’importait. C’est comme ça que j’estimais Michael Jordan. C’est comme ça que j’estimais Larry Bird. C’est comme ça que j’estimais Magic Johnson. C’était juste gagner des titres. Maintenant, tout le monde peut évaluer les choses différemment, ce qui est bien. Mais je vous dis juste comment moi je faisais.

Si vous êtes Bron, vous devez trouver un moyen de gagner. Vous voulez gagner un titre, vous devez faire en sorte de trouver le moyen. »

On avait noté dans nos derniers trophées que les déclarations récentes de ces deux grands manipulateurs que sont Kobe et LeBron étaient autant des analyses sur respectivement LBJ et MJ que des argumentations afin de défendre leur propre place dans l’histoire du sport. On n’est donc absolument pas surpris que l’ancienne star des Los Angeles Lakers, forte de ses cinq titres, privilégient par-dessus tout les titres au moment d’évaluer l’héritage et les accomplissements d’un joueur. Dans ce cas-là, Bill Russell est-il le meilleur joueur de l’histoire ? Ça devrait être le cas pour Kobe Bryant. Il ne fait en effet pas partie de ceux qui considèrent que l’on doit se baser pour évaluer le GOAT sur ce que les joueurs ont accompli, avec quelle équipe, contre quels adversaires, à quelle époque. D’ailleurs, alors que tout le monde soulignait la faiblesse du supporting cast de LeBron James, le Laker est venu à leur rescousse. Il enfonce le clou, en expliquant que c’est à LeBron James lui-même de faire en sorte que ses coéquipiers s’épanouissent :

« Michael Jordan m’a donné un très bon conseil après les Finales 2008 : ‘Tu as tous les outils. Tu dois trouver comment faire passer ces gars au niveau supérieur pour gagner ce titre.’ Avant les Finales 2010, j’ai dit ‘Ecoute, Boston, ils ont Ray Allen, Paul Pierce, Kevin Garnett, Sheed, ils ont beaucoup de talents.’ C’était la première superteam. Michael m’a écouté me lamenter et il a juste dit ‘Ouais, bah c’est comme ça ; tu dois trouver la solution. Il n’y a pas d’autre alternative. Et c’est le défi qu’a LeBron. Vous avez les pièces et il faut faire en sorte que ça marche. Les excuses ne servent plus à rien maintenant. (…)

L’important c’est la façon dont vous construisez l’équipe d’un point de vue émotionnel. Comment vous les motiver ? Le leadership, ce n’est pas rendre les autres meilleurs juste en leur envoyant la balle. Ce n’est pas ça. C’est l’influence que vous exercez sur eux pour qu’ils atteignent leur plein potentiel. Et parfois ce n’est pas joli. Parfois, ça se fait à travers le défi, à travers la confrontation. Et parfois, ça se fait à travers une tape dans le dos. Il faut trouver ce bon équilibre, de sorte que quand tu dois jouer un Golden State ou un Boston, vos gars aient le sentiment que vous avez confiance en eux pour qu’ils fassent plus. »

Kobe Bryant a mille fois raison sur cet aspect leadership qui doit entrer dans l’équation. Un candidat au titre de plus grand de l’histoire doit savoir tirer ses équipiers vers le haut. N’épiloguons pas sur le fait que l'on pourrait considérer que LeBron James est meilleur que lui dans ce domaine, le débat serait infini. L’important, c’est que même si ses propos sur ce que doit être un leader sont justes, il nie encore et toujours l’importance du contexte puisqu’il pense que le seul moyen de juger si ce leadership a été efficace est le titre à la fin. C’est le sens du tacle d’un twitt auquel il a répondu :

« Si Kobe Bryant avait été aux Heat/Cavs à la place de LeBron James les six dernières années, et s’il avait affronté les Spurs 2013 et 14, et les Warriors 2015, 16, 17 et 18, il aurait ZERO bague. »

https://twitter.com/EricSal_7/status/1006217768528699393 Sa réponse :

« NOUS avons dû faire face aux Spurs à chaque playoffs. Sans mentionner la première super team à Boston, mais hey, qu’est-ce que j’en sais ? »

https://twitter.com/kobebryant/status/1006258681283895298 Kobe Bryant est bien trop intelligent pour ne pas le savoir, mais c'est exactement le genre de réponses et de raccourcis qui font oublier les détails et le contexte. Et qui donnent plus d'importance dans le débat à ses cinq titres qu'ils ne devraient en avoir. Sans compter qu’on pourrait aussi s’interroger sur la notion de « première » super team (parce que associer Gary Payton et Karl Malone à Kobe et Shaq, ça ressemblait méchamment à une tentative de super équipe), sa réponse rappelle pourquoi il est important de ne pas se baser que sur les titres pour juger. Quand ils ont joué les Spurs au début des années 2000, c’était Shaquille O’Neal le joueur le plus fort de l’équipe. Quand il a battu les Celtics, il était plutôt bien entouré. Le supporting cast des Lakers 2010 étaient-ils moins forts que celui des Cavs cette année ? Les C’s 2010, avec leur Big 3 vieillissant, étaient-ils vraiment aussi bons, avec tout l’immense respect qu’on leur doit, que les Warriors 2018 ? Se démerder avec son équipe et n’être jugé que par les titres est une manière de voir les choses. Mais on a le droit de considérer qu’elle est un peu trop simpliste, qu’elle arrange bien Kobe Bryant. De même qu’on peut considérer que le fait d’avoir surmonté un contexte pas facile pour atteindre si souvent les Finales est un accomplissement énorme pour LeBron James, mais que ça n’en fait pas non plus le GOAT pour autant. C’est là la beauté de ces débats sans fin.
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