Lance Stephenson, un ennemi qui vous veut du bien

Lance Stephenson est adulé ou détesté. Sa réputation a tout de même pris un coup suite à ses actes déplacés lors de la finale de Conférence face au Heat. Mais qui est vraiment "Born Ready" ?

Lance Stephenson, un ennemi qui vous veut du bien
Les scénarios hollywoodiens dépeignent le plus souvent une société manichéenne où règnent le bien et le mal. Chacun se doit alors de choisir son camp. Le bien ou le mal. Les héros ou les méchants. LeBron James ou Lance Stephenson. En NBA, « King » James est le super héros par excellence. Il est le meilleur joueur du monde, son nom rapporte des millions et des millions de dollars à la ligue sous forme de produits dérivés et même s’il a toujours des détracteurs, il est à nouveau adulé par une large partie du public. Lance Stephenson n’est rien de tout ça. « Sir Lance a Lot » est plutôt le bouffon du roi. Il amuse la galerie. Il agace. Il divise. Depuis ses 14 ans, LeBron est présenté comme « l’élu ». Il a toujours été dans la lumière des projecteurs. Au même âge, Stephenson n’était encore qu’un gamin effronté de Brooklyn. Quand James rejoint la ligue avec son costume de sauveur des Cleveland Cavaliers en 2003, « Born Ready » intègre la NBA par la petite porte sept ans plus tard, drafté au second tour par les Indiana Pacers (40e choix). Même les New York Knicks, la franchise de la grosse pomme – sa ville – ont fait l’impasse sur le prodige des lycées new-yorkais. Parcours différent, repères différents.

De l'ombre à la lumière

Lance Stephenson n’a joué que 12 matches lors de sa première saison en NBA. Son comportement immature lui vaudra les remontrances des dirigeants des Pacers ainsi qu’une mise à l’écart du groupe. Il ne passera pas beaucoup plus de temps sur les parquets la saison suivante. Encore un jeune new-yorkais très talentueux dont la carrière professionnelle va droit dans le mur. La blessure de Danny Granger a offert une nouvelle opportunité à Stephenson. Et cette fois-ci, il a saisi sa chance. Il s’est imposé dans le cinq d’Indiana la saison dernière et ne l’a plus quitté depuis. Au point de devenir l’un des joueurs essentiels des Pacers et l’un des chouchous de Larry Bird et malgré les casseroles de son jeune joueur (fautes techniques, fautes flagrantes, gamineries, pitreries, etc). Mais les « bouffonneries » – pour reprendre le terme de Ray Allen – de Lance Stephenson ont atteint un point de non-retour lors des dernières finales de Conférence entre le Miami Heat et les Indiana Pacers. « Born Ready » a commencé par s’en prendre ouvertement à Dwyane Wade avant le début de la série. Il a promis « de l’agresser sur le parquet jusqu’à que son genoux débloque ». Trois matches et plusieurs provocations plus tard, il s’est attaqué à LeBron James.
« Il montre des signes de faiblesse. Il commence à répondre aux provocations. Il va craquer », déclarait en substance le jeune joueur de 23 ans.
Son équipe était alors menée 1-2 par les doubles champions en titre. Le match suivant, LeBron James a inscrit 32 points, capté 10 rebonds et distribué 5 passes décisives. Miami 3 – 1 Indiana. Jusqu’alors assez patients, les joueurs et les dirigeants des Pacers ont commencé à s’exprimé au sujet de Lance Stephenson et les observateurs ont pris position. Paul George a regretté les propos de son jeune coéquipier et Larry Bird a réprimandé son poulain.
« J’ai retenu la leçon. J’ai appris beaucoup de choses depuis que je suis dans cette ligue. Je reviens de loin et je vais continuer mon apprentissage afin de devenir un vrai professionnel. »
Des excuses pour Lance Stephenson qui a assumé sa bêtise. Mais ça, c’était avant le cinquième match de la série. Avant que le jeune joueur ne se lâche au point de devenir le héros de la toile. Coups en douce, caresses du visage de LeBron James, claque dans la tronche de Norris Cole… Il nous a offert la totale, le tout devant des millions de téléspectateurs et autant de journalistes et de critiques potentiels. L’attitude de Stephenson a été décriée sur les réseaux sociaux et les vidéos de ses actes crapuleux ont fait le tour d’internet. Certains se sont dit choqués, d’autres ont trouvé le personnage hilarant. Mais la réputation du joueur en a pris un coup. [youtube hd="0"]https://www.youtube.com/watch?v=tTBxQgDFlD8[/youtube]

Lance Stephenson, grillé par les projecteurs ?

Protégé par la franchise d’Indianapolis, apprécié par Larry Bird, Lance Stephenson s’est peut-être grillé. Il a pris le relais d’Andrew Bynum, Roy Hibbert et Evan Turner, les anciens coupables désignés de la chute des Pacers. Ce serait donc lui le méchant. Lui le responsable du marasme d’Indiana, meilleure franchise de la ligue avant le All-Star Weekend. En février, justement, Bird soulignait l’attitude de Stephenson à l’entraînement. Il rappelait à son joueur qu’aucune autre franchise ne serait susceptible de tolérer ses frasques et qu’il avait de la chance de pouvoir évoluer dans un tel environnement. A l’époque, le dirigeant préparait déjà le terrain et il espérait convaincre son joueur de prolonger aux Pacers – il est libre cet été – en s’évitant des négociations trop longues. Mais qui veut encore de Lance Stephenson ? Les Pacers veulent-ils vraiment le conserver ? Même Paul George, la superstar de l’équipe, a laissé planer le doute.
« Je ne sais pas s’il doit rester. Ce sera à Larry (Bird) et Kevin (Pritchard) de décider. »
Lance Stephenson serait-il vraiment devenu indésirable ? Ce n’est pas un hasard si Larry Bird a fait confiance à un jeune homme immature. Derrière toutes ses gaffes se cache un compétiteur féroce. Il faut aller au-delà des actes, au-delà des gestes et des réactions étranges du joueur. Essayer – même s’il s’agit de suppositions – de comprendre pourquoi il réagit de la sorte. Stephenson a peut-être simplement besoin d’attirer l’attention sur lui. Peut-être éprouve-t-il ce besoin de reconnaissance. Il ne l’exprime simplement pas de la bonne manière. Ses actes – même s’ils peuvent être considérés comme déplacés, il est vrai – partent d’une bonne intention. Lance Stephenson voulait vraiment battre le Miami Heat. Il voulait rivaliser avec les meilleurs joueurs du monde, Dwyane Wade et LeBron James en tête. Il voulait faire le bien et aider son équipe à atteindre les finales NBA.
« Le gars a répondu présent quand son équipe avait besoin de lui. Il était le seul à le faire pour les Pacers », rappelle Kenny Smith.
Si ses pitreries agacent, doit-on oublier pour autant que Stephenson a assumé ses paroles et a joué avec passion et détermination, se montrant même décisif lors des premiers matches de la série. Quelle aurait été l’issue de cette finale si au moins deux ou trois jours des Pacers avaient montré autant d’abnégation que lui ? Comment peut-on expliquer qu’hormis Stephenson, aucun joueur d’Indianapolis n’ait tenté quelque chose pour enrayer l’entame catastrophique des Pacers dans le sixième match ? Certes, les actes de Lance envers LeBron étaient déplacés mais doit-on rappeler que les hommes de Frank Vogel prenaient le bouillon lors d’une manche décisive ? Est-ce normal de s’incliner de 20 points sans même bouger un poil lors d’une manche décisive ? « Born Ready » est le seul à avoir compris qu’il fallait réagir. Malheureusement, il ne l’a pas fait de la meilleure des manières. Stephenson est juste un jeune joueur talentueux avec un trop plein d’énergie et d’émotivité. Il peine encore à la canaliser et à exprimer ses émotions de la meilleure des manières – ou du moins de la façon qui semble juste auprès du plus grand nombre. Il a maintenu les Pacers en vie mais il ne pouvait pas les faire gagner. Il n’est pas encore un héros – même si ses percées solitaires laissent penser qu’il aime se donner ce rôle. Après tout, Lance Stephenson voulait peut-être lui aussi être un super héros… [caption id="attachment_159565" align="alignnone" width="588"] "J'ai tellement de respect pour LeBron et pour le Heat. C'était une super série." Lance Stephenson.[/caption]