Menés, bousculés, presque résignés, les Boston Celtics semblaient au bord de la rupture face aux Indiana Pacers lundi soir. Et puis, au cœur du troisième quart-temps, Joe Mazzulla a pris une décision rare, presque brutale : sortir une grande partie de ses cadres pour changer l’âme du match. Un choix fort, payant, qui a déclenché une victoire renversante 103-95 et rappelé que cette équipe pouvait aussi gagner autrement.
À 9’22 dans le troisième quart, Boston est mené 69-49. Le TD Garden gronde. Mazzulla ne tergiverse pas. Jaylen Brown, Derrick White, Payton Pritchard et Neemias Queta rejoignent le banc. Sur le parquet entre un cinq pour le moins original composé de Hugo González, Sam Hauser, Luka Garza, Baylor Scheierman et Anfernee Simons. Un quintet chargé non pas de sauver le match, mais d’enrayer la chute.
Sur le moment, Brown encaisse mal. Il le dira sans détour après la rencontre : « Pour être honnête, j’étais énervé. J’étais prêt à jouer, je ne comprenais pas. J’avais l’impression qu’on laissait filer le match. Il ne restait que trois minutes dans le troisième quart, mais on fait confiance au staff. Et au final, c’était la bonne décision. »
L’impact est immédiat. Scheierman plante un tir à trois points en transition. González provoque une faute offensive loin du cercle, déclenchant l’explosion du Garden et une technique contre Andrew Nembhard. L’énergie change de camp. González savoure l’instant : « Je trouvais ça drôle. Je pense que le public a aimé. Et après ça, c’était un bon moyen d’embarquer la salle. Ils nous ont énormément aidés. »
Quand Brown et White reviennent, l’écart est déjà réduit. Boston ne lâchera plus rien. Brown enchaîne, score 10 points consécutifs, protège le cercle, impose son rythme. « Je voulais juste gagner. Je ne voulais pas perdre ce match. Quand je suis revenu, j’étais comme propulsé. Les gars méritent tout le crédit ce soir. Hugo, Luka, Sam, Anfernee… Ils nous ont portés. J’ai puisé dans leur énergie. »
Les chiffres sont sans appel. Après le changement de rotation, Boston écrase Indiana 54-26. González, omniprésent, termine avec six points, onze rebonds, deux contres et une interception, et surtout un différentiel de +21. « On voulait que ça arrive. On avait besoin d’énergie, besoin d’y croire. Peu importe qui était sur le terrain, on savait que ça aiderait », expliquait González après la rencontre.
« C’est ça une équipe. Tout le monde est responsable de la victoire. »
Garza, quasi invisible ces dernières semaines, confirme aussi son utilité. « On est juste allés jouer dur pour faire basculer le match. On a secoué le jeu avec notre énergie, et les autres ont fini le travail. »
Mazzulla assume pleinement. « C’était ce dont le match avait besoin à ce moment-là. Ces gars allaient nous aider à rester au contact, puis ce serait aux autres de finir. C’est ça une équipe. Tout le monde est responsable de la victoire. »
Dans le vacarme final, Brown, auteur de 31 points et de son septième match consécutif à 30 unités ou plus, entend même des chants de MVP. Il conclut, lucide et habité : « C’est ma saison préférée. J’ai l’opportunité de guider un groupe, avec des gars qui découvrent la NBA. Et aujourd’hui, on ressemble à l’une des meilleures équipes de la ligue. Ça veut tout dire. »
En effet, contre toute attente, alors que Tatum est out et que l'équipe a perdu ses deux intérieurs majeurs par rapport à la saison dernière, Boston affiche un bilan de 18 victoires pour 11 défaites et pointe à la troisième place de la conférence Est. Les Celtics sont sur une série de 3 victoires de suite avant d'enchaîner un road trip de 3 matches à l'extérieurs sur cette fin décembre (Indiana, Miami et Utah).
Jaylen Brown quant à lui sort sa meilleure saison en carrière, digne d'un MVP, avec 29,4 points à près de 50%, 6,4 rebonds et 4,9 passes de moyenne. C'est 7 points de plus que la saison dernière. Cette nuit, Brown rejoint Larry Bird et Paul Pierce comme seuls joueurs de l'histoire de la franchise des Celtics à avoir marqué 30 points lors de 7 matchs consécutifs !
Mais c'est le collectif des Cs qui impressionne surtout cette saison. Avec seulement 11,2 pertes de balles par match, ils sont la meilleure équipe de NBA dans cette catégorie. Une rigueur d'exécution qui prouve à quel point Mazzulla sait tenir son groupe et en sortir le meilleur. Même chose côté défense. Avec 110 points encaissés en moyenne, ils sont la 2e meilleure défense de NBA derrière OKC et devant Detroit.
Avec la blessure de Tatum et les nombreux départs on pensait que Boston allait tanker et tout miser sur la draft 2026, c'était sans compter sur le talent d'un coach, le coeur d'une star en quête de reconnaissance et la volonté d'un groupe de gars bien trop sous-estimés. Les cols bleus sont de retour à Boston, pour le plus grand bonheur des fans.
Jaylen Brown signe un début de saison historique… et porte les Celtics sans Tatum
