Les gagnants et perdants de la Coupe du monde

Bilan de la Coupe du monde, avec les gagnants et les perdants d'un tournoi qui aura livré son lot de surprises.

Les gagnants et perdants de la Coupe du monde

La Coupe du monde 2023 s'est achevée dimanche avec le sacre de l'Allemagne devant la Serbie, et la médaille de bronze décrochée par le Canada devant Team USA. Retour sur les gagnants et les perdants de ce tournoi aussi surprenant qu'intéressant malgré le fiasco de l'équipe de France.

Les Bleus : perdants

On va commencer par arracher le pansement tout de suite, comme ça ce sera fait. Les Bleus ont démarré cette compétition avec l'ambition de remporter le titre mondial ou, a minima, de décrocher une nouvelle médaille pour bien préparer les JO à Paris. Quelle qu'en soit la raison et peu importe qui on considère comme responsable de l'échec, le constat est implacable : une élimination dès la phase de poule et une 18e place, voilà le bilan de l'équipe de France dans ce Mondial.

L'Allemagne : gagnante

On avait déjà trouvé que l'Allemagne avait l'équipe la plus solide et séduisante du dernier Euro. Ce n'était pas une parenthèse enchantée. La Mannschaft travaille dans la continuité depuis des années et ça a payé cette année avec ce sacre assez inattendu, mais incroyablement mérité. Le coach Gordon Herbert a été parfait, la défense allemande étouffante, les individualités parfaitement au point quand il le fallait et il faudra évidemment compter aussi sur nos chers voisins au tournoi olympique.

Dennis Schröder et Franz Wagner : gagnants

FIBA Schröder est un drôle d'oiseau. Même si on savait qu'il était souvent redoutable avec son pays, il fallait se lever de bonne heure pour prédire que le nouveau meneur des Raptors serait le MVP de cette Coupe du monde. Encore plus après son quart de finale désastreux face à la Lettonie, de son propre aveu le plus mauvais match de sa carrière. Schröder a relevé la tête et sorti une fin de tournoi de très haut niveau pour installer l'Allemagne sur le toit du monde.

En ce qui concerne Franz Wagner, il s'agit d'une confirmation. Blessé en phase de poule, l'ailier du Magic a fait un comeback déterminant et confirmé tout le bien que l'on pensait de lui, avec un sang froid, une énergie et une panoplie qui ont de quoi faire saliver les fans d'Orlando. Wagner a été retenu dans le deuxième meilleur cinq du tournoi.

Jaren Jackson Jr : perdant

Le meilleur défenseur de NBA en 2023 a été critiqué dans son propre pays pour sa difficulté à prendre des rebonds et à être ne serait-ce qu'à moitié aussi impactant défensivement qu'avec Memphis. Dans un secteur où Team USA a souffert, il n'a pas surnagé et a même manqué le dernier match pour "maladie"...

Arturs Zagars : gagnant

La révélation du tournoi. Le meneur letton, 23 ans, a porté son pays sur ses épaules et livré des prestations d'un niveau invraisemblable pour faire chuter la France et l'Espagne, puis faire grimper la Lettonie jusqu'à la 5e place, avec un dernier match où il s'est tout simplement offert le record de passes décisives (17) sur un match de Coupe du monde. Le garçon est toujours sans contrat à l'heure qu'il est mais ça ne devrait pas durer bien longtemps...  Zagars a fini dans le deuxième meilleur cinq du tournoi.

Shai Gilgeous-Alexander : gagnant

Pour sa première compétition internationale avec le Canada, "SGA" a été un leader parfait, placide et létal à souhait, pour guider son pays vers sa première médaille de bronze en Coupe du monde. Membre du meilleur cinq du tournoi, il a fait cauchemarder Steve Kerr, obsédé à l'idée de le stopper, et a fini avec 31 points, 12 passes, 6 rebonds et un méchant ankle breaker sur Mikal Bridges en prolongation. Parfait pour préparer une saison avec OKC qui peut être celle de l'explosion dans le bon sens du terme, pour celui qui était déjà membre de la All-NBA First Team en 2023.

Anthony Edwards : gagnant et perdant

Difficile de ressortir de vrais gagnants chez Team USA, vu que la compétition s'est achevée sans médaille. Anthony Edwards a eu le mérite de venir en sélection et d'y embrasser le rôle de leader offensif qui ne lui était pas forcément dévolu à la base. "Ant-Man" a fait des cartons offensifs et parfois tiré les marrons du feu pour les Américains, même s'il n'aura pas réussi à surnager lors du match pour le bronze. On aura vu son envie de franchir un cap en termes de popularité et de niveau en NBA, ce qu'il semble tout à fait en mesure de faire avec les Wolves dans quelques semaines. Attention tout de même avec les déclarations un peu trop confiantes, comme celles prononcées avant la défaite contre la Lituanie. Personne ne le loupera en NBA si cela se reproduit...

Lui aussi fait partie du meilleur cinq du tournoi.

Incroyable Allemagne, le Canada va être flippant

Dillon Brooks : gagnant

Haï par les adversaires, adoré par ses coéquipiers, l'ex-trublion des Grizzlies a quoi qu'il advienne marqué cette Coupe du monde de son empreinte, sur et en dehors du terrain. Pour ceux qui en doutaient et commençaient déjà à dire que son contrat, certes juteux (86 millions sur 4 ans), signé avec les Rockets cet été était un vol manifeste, Dillon Brooks a montré qu'il n'était pas qu'un type avec une grande bouche et une personnalité urticante. C'est aussi un excellent joueur de basket, capable de claquer 39 points à 7/8 à 3 points contre Team USA pour la médaille de bronze et d'être élu meilleur défenseur du tournoi. Alors oui, Dillon Brooks parle toujours trop et le karma le guette en chaque instant, mais ça ne doit pas empêcher de rester lucide à son sujet.

L'Espagne : Perdante et gagnante

Quand on est une nation de basket comme l'Espagne, avec une culture de la gagne établie depuis des années, finir 9e d'un Mondial et ne pas décrocher de qualification directe pour les Jeux Olympiques est forcément un échec. Mais, et c'est un grand mais, il faut reconnaître à la Roja le fait qu'elle se trouve dans une période de transition, avec la confiance donnée à de jeunes talents comme Juan Nunez, 19 ans, un groupe remodelé privé de cadres historiques comme Ricky Rubio, mais toujours capable de briller avec son académie de jeu. En gros, l'Espagne a peut-être obtenu un résultat décevant, mais au niveau de la préparation du futur, elle n'a clairement pas perdu son temps.

Josh Giddey : gagnant

L'Australie aurait pu (dû ?) aller plus loin, mais on a au moins vu que l'avenir était entre de bonnes mains avec Josh Giddey, élu meilleur jeune du tournoi. OKC a quand même dû se frotter les mains en voyant jouer "SGA" et Giddey durant cette compétition et les adversaires du Thunder ont de quoi trembler sur les prochaines années.

Brandon Ingram : perdant

Dès le premier match de poule, Brandon Ingram expliquait qu'il n'était pas épanoui et avait du mal à trouver sa place et une utilité dans le groupe. On l'a malheureusement vu par la suite. L'ailier des Pelicans n'a jamais réussi à se fondre dans le collectif et à s'y exprimer sportivement, au point de sortir du cinq, puis de la rotation, avec un dernier match lui aussi manqué pour cause de "maladie", même si cela ressemble fort à une blessure diplomatique. Si certains ont fait le plein de confiance avant le début de la prochaine saison NBA, ce n'est pas du tout son cas.

Bogdan Bogdanovic : gagnant

Attaquant de complément avec les Hawks, Bogdanovic est un joueur d'une autre trempe dans le contexte de sa sélection. Dans ce tournoi où les Serbes ont déployé des trésors d'ingéniosité collective pour surmonter les obstacles et l'absence de plusieurs joueurs majeurs, "Bogda" a été exceptionnel de justesse, de talent et d'intelligence dans les moments les plus chauds. Certes, la Serbie s'est inclinée en finale, mais le mérite est immense, aussi bien pour le groupe du vénérable Pesic que pour le leader qu'a été Bogdanovic, membre du meilleur cinq du tournoi.

Thomas Heurtel : gagnant

On ne reverra peut-être plus Thomas Heurtel chez les Bleus, mais l'absence d'un meneur fiable s'est faite sentir et son nom a plané au-dessus de l'échec français. Par contre, même si on pense que sa présence aurait été très utile de par son vécu et son expérience du très haut niveau, on a quand même été un peu choqués de voir à quel point, à en croire les gens, TOUS les problèmes tricolores pendant le Mondial auraient pu être résolus par la fin de sa mise à l'écart... Au point que l'on pouvait se demander si l'on parlait de Thomas Heurtel ou de Prime Magic Johnson.

Luca Banchi : gagnant

On avait tous sous-estimé la Lettonie, privée de Kristaps Porzingis. Au final, les Lettons ont éjecté la France du tournoi et terminé 5e de ce Mondial. C'est en grande partie grâce à la science de Luca Banchi, élu meilleur coach de la Coupe du monde, 10 mois après s'être fait renvoyer de Strasbourg. Pour sa première expérience de sélectionneur, l'Italien fait des merveilles, avec une qualification directe pour les Jeux Olympiques et la deuxième meilleure performance de l'histoire du basket letton après le sacre européen de... 1935.

Luka Doncic : gagnant et perdant

Doncic est un winner dans l'âme et ne pas atteindre le dernier carré d'une compétition, quelle qu'elle soit, est forcément un échec à ses yeux. Néanmoins, on a vu un Luka affûté et toujours autant capable de scorer les yeux fermés et à volonté. On le sent prêt à en découdre pour la saison NBA 2023-2024 et c'est une très bonne nouvelle pour les Mavs. Par contre, on ne se refait pas : il a encore été absolument insupportable avec le corps arbitral et dans l'injustice qu'il semble vivre à chaque mouvement ou coup de vent à son encontre. Il y a du boulot et heureusement pour lui pas mal d'années pour corriger cette lacune.