Les Detroit Pistons sont à un carrefour de luxe. Avec 13 victoires de suite et un succès 122-117 à Indiana, ils viennent d’égaler un record de franchise qui ne renvoie qu’à deux saisons… terminées par un titre NBA, en 1989-90 et 2003-04. Record partagé, questions maximales : est-ce déjà le moment de payer le prix fort sur le marché pour viser les Finales NBA dès maintenant ? Antoine et Théo se sont penchés sur cette question dans le CQFR du jour. Debrief.
Une série qui change tout… ou qui ne devrait rien changer ?
Sportivement, Detroit n’est pas juste une jolie histoire de début de saison. Les Pistons sont à 15-2, leaders de leur division et en tête à l’Est, avec une série qui s’est construite contre de « vraies » équipes et pas uniquement sur un calendrier en mousse.
À Indianapolis, ils ont encore déroulé leur partition : Cade Cunningham a signé 24 points, 11 rebonds et 6 passes, Jalen Duren a ajouté 17 points et 12 rebonds, et Caris LeVert a puni la tentative de comeback des Pacers avec 19 points dont des lancers décisifs dans le money-time.
Ce n’est pas un feu de paille. La continuité avec le groupe de la saison passée se voit dans l’identité. Grosse intensité défensive, collectif qui vit bien, jeunes qui progressent dans le bon sens. Cunningham confirme son statut de patron du projet, Duren s’impose comme un pivot moderne et dominant physiquement, Jaden Ivey commence à retrouver du rythme et de l’adresse longue distance après ses pépins (12 pts hier), Ausar Thompson amène une activité et une polyvalence qui collent parfaitement à cette équipe.
Tu ne gagnes pas 15 matchs sur 17 « par hasard ». Sur une si longue séquence, il y a forcément quelque chose de réel dans le niveau, même si tout ne sera pas aussi parfait toute l’année.
L’Est est ouvert : argument pour « accélérer »
Le contexte de conférence change aussi le calcul. Sur le papier, les deux mastodontes annoncés de l’Est – Cleveland et New York – ne ressemblent pas à des monstres intouchables pour l’instant. Cleveland reste très dépendant de la santé de ses stars et d’un Evan Mobley qui n’a peut-être pas encore passé le cap offensif attendu. New York joue bien, mais le plafond reste discutable offensivement à très haut niveau.
Quand tu regardes la hiérarchie, Detroit n’est pas si loin de ce groupe-là, tout comme Atlanta, Orlando ou Toronto sur ce début de saison. L’écart n’a rien à voir avec ce qu’on connaît à l’Ouest entre Denver et le reste. Ça rend l’idée d’un « gros move » nettement plus séduisante : un trade bien ciblé peut réellement te faire passer du statut de belle surprise à celui de candidat sérieux aux Finales.
Anthony Davis ou Lauri Markkanen : la fausse bonne idée et la cible idéale
Le nom qui circule partout en ce moment, c’est Anthony Davis. Depuis que Dallas a explosé son projet en le récupérant dans le trade de Luka Doncic, les rumeurs de transfert se multiplient, mais la réalité est beaucoup plus tiède : blessure récurrente, contrat colossal à plus de 60 M$ avec player option, et une valeur de marché très loin d’être évidente.
C’est exactement ce qui ressort dans notre discussion de ce matin : les équipes ne se bousculent pas pour mettre des gros packages sur la table, et Detroit ne semble pas être le fit le plus logique. Ce n’est pas vraiment ce dont les Pistons ont besoin. Ils ont déjà un pivot protecteur de cercle (Duren), une défense structurée autour de la pression sur le porteur et des extérieurs athlétiques. Miser très gros sur un intérieur fragile physiquement, à ce stade de leur cycle, serait plus un pari de panique qu’un move cohérent.
En revanche, le profil Lauri Markkanen colle presque trop bien. L’ailier-fort du Jazz tourne à près de 30 points de moyenne, avec une adresse extérieure d’élite et la capacité de peser à la fois sur ballon et en mouvement. Il coche toutes les cases : un scoreur fiable à plus de 20 points de moyenne, capable d’ouvrir le terrain pour Cunningham, de punir les aides, sans plomber ta défense parce qu’il est grand, mobile et entouré d’athlètes capable de couvrir.
C’est typiquement le type de joueur qui transforme une bonne équipe de saison régulière en attaque sérieuse de play-offs.
A-t-on le droit de casser quelque chose qui marche ?
La vraie question, ce n’est pas « Markkanen est-il fort ? », c’est : est-ce que Detroit doit déjà casser une alchimie qui fonctionne pour aller le chercher ?
Sur le papier, les Pistons ont de quoi discuter avec le Jazz : un contrat expirant lourd grâce à Tobias Harris (26 M$) pour équilibrer les salaires, des choix de draft, et des jeunes comme Jaden Ivey qui ont encore une belle cote sur le marché, même s’il est moins nécessaire à Detroit si Thompson s’installe définitivement à l’aile.
Le front office semblera en revanche très réticent à toucher à Ausar Thompson, qui a le profil de joueur « intransférable sauf superstar absolue ». C’est aussi ce qui ressort de la discussion : tu ne sacrifies pas un two-way wing aussi jeune et aussi précieux pour une star « juste » top 20, même très forte.
Le problème, c’est qu’il faut donner quelque chose de sérieux pour récupérer Markkanen, surtout vu ce qu’il montre offensivement cette saison et la situation du Jazz, qui n’est pas obligé de le brader. Donc la question devient : est-ce que Detroit est prêt à payer le vrai prix d’un candidat aux Finales maintenant, au risque d’hypothéquer une partie de sa flexibilité future ?
Les Finales NBA dès 2026 : rêve raisonnable ou impatience dangereuse ?
Il y a deux lectures, et elles coexistent dans ce début de saison.
D’un côté, on est en année 4 du projet Cunningham. Le franchise player a déjà connu les galères, les défaites, la saison injouable. Là, on a un groupe jeune, mais déjà très compétitif, une défense identifiée, un coach qui a trouvé sa voie. On peut se dire que ce type de fenêtre ne se représente pas si souvent : un Est ouvert, un groupe en pleine confiance, une star encore sous contrat pour longtemps. Un gros trade maintenant peut offrir deux ou trois saisons à jouer les Finales de conférence, voire plus haut si la greffe prend parfaitement.
De l’autre, rien ne dit que les Pistons ne sont pas déjà très proches de leur niveau optimal actuel. L'exemple de Cleveland est intéressant à ce niveau là. Certaines équipes ont un plafond encore plus haut si tout clique. Pour Detroit, on ne sait pas encore si la marge de progression est énorme ou si cette série de 13 victoires est déjà une forme de surchauffe statistique sur un mois.
C’est là que le timing devient crucial. Se précipiter pour « acheter le titre » un an trop tôt peut faire plus de dégâts que d’attendre une saison de plus, quitte à rester « simplement » une très bonne équipe de play-offs cette année.
Alors, que doivent faire les Pistons ?
Au final, la réponse est plus nuancée que « oui » ou « non ». Les Pistons doivent se mettre à l’écoute du marché, préparer sérieusement des scénarios de trade, et être prêts à activer un deal si une vraie opportunité Markkanen-like se présente. Ils ont les atouts pour le faire, et l’Est actuel rend ce genre de move réellement impactant sur leurs chances d’aller en Finales NBA.
En revanche, ils ne doivent ni brader leurs jeunes pièces clés, ni forcer un gros nom juste pour dire qu’ils ont deux « stars » sur l’affiche. Anthony Davis, dans son état physique et contractuel actuel, ressemble plus à une complication qu’à un raccourci vers les Finales.
Detroit est donc en droit de rêver de Finales NBA dès maintenant. Mais la meilleure façon d’y arriver, c’est probablement de rester fidèle à ce qui les a amenés à 15-2 : patience intelligente, continuité, et un gros coup uniquement si le profil est quasi parfait, pas juste clinquant.
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Tout en sachant que certes ils sont sur une belle série mais on ne sait pas vraiment comment cette équipe se comportera sur la longueur d'une saison entière.
Patience donc !
AD ? Surtout pas, il est cramé.
Si c'est Ivey ou Holland, Harris et 2-3 picks pas trop lointains, pourquoi pas, mais avec Ainge c'est pas gagné. Attention à ne pas se mettre dans une situation à la Clippers à l'avenir en ayant cru être à une pièce du titre. Surtout que Lauri, j'aime beaucoup, mais c'est pas non plus une garantie : il a eu des hautes et des bas et pour le moment on ne l'a pas vu de manière durable à un niveau all star.
Davis, ça matche moins bien, mais j'imagine qu'il sera "accessible" pour moins cher