Requiem for a Heat

Ils étaient présents en playoffs depuis 2008. Malheureusement, les joueurs du Heat n'auront pas su encaisser la perte de LeBron James, ni l'absence de Chris Bosh.

« I'm Coming Home ». Le 11 juillet 2014, quatre mots publiés dans Sports Illustrated suffisaient à faire trembler la planète NBA. Quatre mots qui ont changé le visage de la Ligue. Et provoqué bien des larmes du côté de South Beach. Là où le King est devenu roi. Où LeBron James a connu les joies de ses premiers succès. Où il a guidé une franchise vers quatre Finales NBA consécutives. Et où il est passé proche d'un fabuleux triplé avec une équipe qui avait été éliminée trois fois au premier tour des playoffs en quatre ans avant son arrivée. Ce 11 juillet, les Floridiens le savaient : rien ne serait plus comme avant. Surtout, ils craignaient de retomber dans ces quatre années de galère qui ont suivi le titre de 2006. Ils connaîtront finalement bien pire. Bien pire, c'est une absence en playoffs. Soit un désastre que le Miami Heat n'avait plus connu depuis 2008.

Destins croisés

« Le quadruple MVP explique pourquoi il retourne à Cleveland » avait sous-titré SI. Comme si la phrase précédente n'avait pas suffi à causer assez de chagrin aux âmes de Miami. Lesquelles se sont donc tournées vers les deux autres membres qui ont fait la réussite du Heat durant les saisons précédentes. Dwyane Wade et Chris Bosh, les deux autres membres du fameux « Big Three », avaient alors la tâche de faire à deux ce qu'ils faisaient hier à trois. Ou du moins de sauver les meubles. Problème : ils n'y arriveront pas. La faute surtout à Dame Nature, qui ne leur fera pas de cadeaux. Le premier sera contraint à des aller-retours entre l'infirmerie et le parquet. Ne disputera que 62 matches de saison régulière. Et manquera notamment le All-Star Game suite à une blessure aux ischio-jambiers. Le All-Star Game, Chris Bosh s'en souvient. C'est en effet à New York qu'il a commencé le chemin qui le mènera à l'hôpital. Car le 1er février, la terrible nouvelle tombe : l'intérieur souffre d'une embolie pulmonaire. Des douleurs qu'il a ressenties pour la première fois lors du match de gala. Toute la Ligue prie pour lui. Dont, bien sûr, LeBron James. Qui prend la plume :
« J’ai le cœur lourd en pensant à la santé de mon pote Chris Bosh, surtout après le décès de Jerome Kersey l’autre jour. Je prie pour toi et ta famille mon frère. J’aimerais être auprès de toi à ce moment précis pour pouvoir te raconter une blague ou te faire penser à autre chose mon pote. Je sais que tu es fort et que tu vas revenir meilleur que jamais sur et en dehors du terrain ».
Le Heat perdait là un joueur qui tournait à 21 points, 7 rebonds et 2 assists lors des 44 matches qu'il a disputés cette saison. Et qui avait notamment fait tant de mal aux Clippers le 11 janvier, signant 34 points lors de la victoire des siens. Mais surtout, le Heat s'inquiétait pour un homme qui avait grandement participé à ses récentes heures de gloire. Reste D-Wade. Alors que LeBron James et son nouveau Big Three trouvent peu à peu leur rythme de croisière, c'est lui, le vrai Floridien, qui n'a jamais quitté Miami depuis qu'il y a été drafté en 5è position en 2003, qui doit mener le navire. Comme souvent, « Flash » assure. Il tournera ainsi à 21 points, 3 rebonds et 5 assists. Sera décisif dans bon nombre de rencontres. Comme lors de la confrontation avec son ancien coéquipier à Miami. Le 25 décembre, D-Wade se payait les Cavs avec 31 points au compteur quand le King n'en scorait « que » 30. Les deux hommes sont ravis de se recroiser. Lors d'une accolade, les médias croient entendre la phrase suivante :
« Si nous ne sommes pas meilleurs cette année, nous nous réunirons pour faire des choses encore plus grandes. »
Des propos aussitôt démentis par les deux joueurs. Alors LeBron James et les Cavs jouent les premiers rôles à l'Est. Dwyane Wade et le Heat les seconds. Et si Flash ne peut plus compter sur le King, il voit arriver des renforts. Et l'espoir renaît.

Les nouvelles stars

Passé par la Chine, le Liban et la D-League, Hassan Whiteside avait tout à prouver à son arrivée à Miami. Il a finalement répondu présent. Venu de nulle part, le pivot a tout simplement tourné à un double-double en moyenne, à 12 points et 10 rebonds par match. Expliquant modestement vouloir faire grimper sa côté dans NBA2K. Un motif d'espoir pour Erik Spoelstra. Qui est vite accompagné par d'autres. [youtube hd="1"]https://www.youtube.com/watch?v=GAryoc7BAgg[/youtube] A l'approche de la trade deadline, le Slovène Goran Dragic débarque avec son petit frère à South Beach. Le meneur fait vite oublier les errements de Mario Chalmers, auteur de 9 points, 3 assists et 2 rebonds par match après le All-Star Game. L'ancien joueur des Suns, lui, a réalisé un mois d'avril à 18 points, 5 assists et 3 rebonds. Alors que la course pour les playoffs s'intensifie, il s'offre Boston, candidat, comme Miami, aux deux derniers spots de playoffs, avec 22 points au compteur. Et sans Hassan Whiteside et D-Wade sur le parquet. Puis les Hornets, le 7 avril, avec 28 points et 5 assists. Enfin, après le cas Whiteside, les dirigeants du Heat osent un nouveau pari osé. Celui de faire revenir en Floride Michael Beasley. A 26 ans, l'ancien ailier drafté en 2008 en 2è position par Miami s'était égaré de l'autre côté du Pacifique avec les Shanghai Sharks. Alors quand Chris Bosh tombe malade, le Heat souhaite faire de nécessité vertu en engageant Beasley. Après un contrat de dix jours, puis un second, le joueur séduit de nouveau la franchise de ses débuts. Qui l'engage donc pour la fin de saison, durant laquelle il apportera 9 points, 4 rebonds et 1 assist en moyenne par rencontre. Ses 34 points lors du dernier match du Heat face aux Sixers montrent également qu'il est prêt à rebondir dans la Grande Ligue. Et à confirmer les attentes placées en lui. Enfin. Avec Chris Bosh en guise de premier supporter sur le banc, un D-Wade qui montrait qu'il n'avait rien perdu de sa splendeur, l'expérience d'un effectif et de son coach, et une faible Conférence Est dans laquelle aucun second couteau ne réussissait à creuser le trou pour s'adjuger les deux derniers spots pour les playoffs, on pensait que le Heat pouvait le faire. A tort..

Rendez-vous manqué

[superquote pos="d"]"Nous n’avons pas à avoir honte. Je suis fier de tous ces gars. La saison n’a évidemment pas pris la tournure que nous espérions mais c’est la vie" D-Wade[/superquote]Quicken Loans Arena, Cleveland. Nous sommes le 2 avril dernier. Sur le tableau d'affichage : 114-88. Le Heat s'est fait gifler. Et a peur : D-Wade a dû sortir au bout de 12 minutes de jeu, souffrant du genou après une glissade. Rien de grave, rassure « Flash ». En son absence, LeBron James a inscrit 23 points. Son nouveau compagnon de route, Kyrie Irving, aussi. Terminé le temps où D-Wade regardait le King droit dans les yeux pour le battre au scoring. Désormais, le Heat souffre. Quand LeBron James rentre dans l'histoire comme le 20è meilleur scoreur de la Grande Ligue, et pense déjà aux playoffs, son ancienne franchise tremble à l'idée de finir sous la 8è place. D-Wade a pourtant donné tout son possible. Un match face à ces mêmes Cavaliers à 32 points qui lui a permis d'arracher la victoire le 16 mars, épaulé par Dragic (20 points) et Hassan Whiteside (11 rebonds, 16 points). Un autre cinq jours avant face à un concurrent direct, Brooklyn, lors duquel il a scoré 28 points pour offrir la gagne au Heat. Ou encore une victoire face aux Kings le 7 mars ponctuée par les 28 points du taulier floridien. Mais D-Wade a échoué. Sa performance à 30 points lors de la défaite face à Toronto pourrait bien devenir l'image à retenir pour résumer la saison du Heat. Tout comme cette rencontre du 2 avril face à son ami et ancien coéquipier LeBron James pourrait devenir le symbole d'une passation de pouvoir. [youtube hd="1"]https://www.youtube.com/watch?v=2tCjSWoqZfU[/youtube] Un symbole d'autant plus pertinent que comme lors de ce match, Erik Spoelstra n'aura souvent pas pu aligner l'effectif dont il rêvait lors de la plus grande partie de la saison. Le technicien floridien a en effet dû recourir à 30 cinq de départ différents. Égalant le record de la franchise, établi lors de cette fameuse saison 2007-2008 à l'issue de laquelle le Heat n'a pas rejoint les playoffs. Dwyane Wade, Chris Bosh et Hassan Whiteside auront trop manqué à l'appel. Le plus grand abonné de l'infirmerie restant Josh McRoberts, qui n'a disputé que 17 rencontres cette saison. Lors de ses quinze derniers matches, le Heat ne gagnera que six fois. Insuffisant pour profiter des difficultés des Nets, qui accrocheront la 8è place, et des Pacers, qui finiront devant le Heat à la 9è place. Un Heat-Cavaliers pour le premier tour des playoffs : l'histoire aurait été belle. Dwyane Wade aurait pu recroiser LeBron James. Se remémorer avec lui quelques bon souvenirs. Comprendre : leurs plus belles victoires. Puis être envoyé en vacances. D'un geste amical.