Mike Miller, un sniper qui vous veut du bien

Amnistié par le Heat cet été, Mike Miller est revenu au bercail à Memphis. Avec son shoot à trois-points, son expérience, mais aussi son dos en compote.

FX RougeotPar FX Rougeot | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Portrait
Mike Miller, un sniper qui vous veut du bien
Jalen Rose a raison. Il y a un côté Keyser Söze chez Mike Miller. Sous ses airs de vétéran à la carcasse constamment voûtée, le dos meurtri par 13 saisons éreintantes (il attaque actuellement sa 14ème), se cache un assassin redoutable, capable de vous planter un 7/8 à 3-pts dans l'ultime match des Finales NBA. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=1mylpwZVbjk[/youtube]   C'était il y a deux ans, et depuis, le rookie de l'année... 2001 a remporté un second titre avec le Heat. On dit second, et pas deuxième, parce qu'on imagine mal Mike Miller remporter une troisième bague cette saison avec Memphis, même si l'histoire de son retour au bercail (il y a joué de février 2003 à l'été 2008) est plutôt touchante. A 33 ans, passée la déception de ne pouvoir jouer le "three-peat" avec ses potes du Heat, Miller aurait pu décider de mettre son serre-tête sous verre dans son salon, au-dessus du plasma, et de claquer tranquillou les dollars que Micky Arison, le proprio de Miami, va lui payer (12,8 M de dollars sur deux ans, quand même...) après l'avoir amnistié, au grand dam de Pat Riley, qui voulait repartir avec un roster inchangé. Un hommage vidéo au passage de Miller au Heat. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=GkHPceumdec[/youtube]   Business is business, et après tout, si l'on comprend que certains fans du Heat déplorent le départ de ce coéquipier modèle (et shooteur hors pair), on peut aussi comprendre que les dirigeants de Miami ne souhaitaient pas s'enflammer en payant un joueur de son âge aussi cher, sachant que ce dernier a raté 91 matches lors des trois dernières saisons et que son apport lors des derniers playoffs fut en deçà de celui du printemps 2012, notamment à des moments cruciaux.
  • Playoffs 2012 : 5,2 pts de moyenne (31/75, 41,3% longue distance) en 16 minutes ; 4/7 à 3-pts lors du match 6 contre Indiana (demi-finale, 4-2), puis 7/8 à 3-pts lors du match 5 contre OKC (Finales, 4-1).
  • Playoffs 2013 : 3,4 pts de moyenne (16/36, 44,4% longue distance) en 13,6 minutes ; 9/11 à 3-pts lors des trois premiers matches des Finales face aux Spurs, mais zéro point à 0/3 et 0/5 lors des matches 7 contre Indiana et San Antonio, également.
 

LE JOLI COUP DE MEMPHIS

Mais bon, pour les Grizz, le comeback de Mike Miller est tout bénéf'. Parce qu'en signant l'intéressé pour un an au salaire minimum, ils ont réussi un sacré coup. Un "steal" réalisé au nez et à la barbe de Houston, Denver ou encore OKC (un soupir de Kevin Durant, un de plus...), qui voulaient aussi s'attacher les services d'un sniper de son calibre (40,7% en carrière à 3-pts...) dans l'optique d'épineux playoffs 2014. En choisissant de revenir empiler les "swish" dans les filets du FedExForum, Miller a laissé parler son coeur : c'est notamment dans le Tennessee qu'il a été élu meilleur 6e homme en 2006, après avoir été mis sur le banc par la présence du vétéran Eddie Jones. Des extraits de la joie de Miller lors de sa conférence de presse. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=6bdLps_VkK4[/youtube]   C'est aussi sur Beale Street que Miller a vécu des moments extraordinaires, comme ses 33 points contre Golden State à 9/12 à 3-pts (record de la franchise), le 3 janvier 2007, aux côtés d'un certain Pau Gasol (victoire 144-135, sans prolongation !). Il faut croire que Miller aime bien les Warriors, parce que c'est face à eux qu'il a planté son record en carrière (45 pts, à 9/17 à 3-pts), le 21 février 2007. Ses 45 points face aux Warriors. [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=v-Dbw1g_lTI[/youtube]   C'est encore face aux Warriors que Miller a signé son meilleur match cette saison. C'était samedi dernier, à domicile, et l'ailier des Grizz s'est fendu d'un joli 15 points (4/5 à 3-pts) - 9 rebonds - 4 assists en 28 minutes, le tout en sortie de banc (+21 au +/-, victoire de Memphis à la clef).

VITE, DES TROIS-POINTS !

Maintenant que les Grizzlies ont remis la patte sur leur "Killer Miller" maison, ils n'attendent qu'une chose de lui : qu'il fasse du Miller, à savoir qu'il joue les systèmes de son équipe, qu'il coupe, et qu'il aille s'installer derrière l'arc (à 45%, son spot préféré, cf. sa shot chart), en attendant que le point d'ancrage Marc Gasol ou que le petit général Mike Conley, les deux meilleurs passeurs de l'équipe, le servent sur un plateau pour qu'il dégaîne, à la sauce "catch and shoot". Car outre son sens du collectif et son expérience indéniable (il fait partie des deux vétérans de l'équipe, avec Tayshaun Prince, qui est, pour l'anecdote, l'autre joueur "bagué" du roster), Miller est bien sûr là pour son shoot à trois-points, lui qui en trois saisons à Miami, a tenté 63,8% de ses shoots derrière l'arc. Il est l'un des meilleurs shooteurs longue distance au monde (il finira peut-être dans le top 15 all-time), et ce secteur constitue précisément LE talon d'Achille des Grizzlies. C'est effectivement cette indigence à 3-pts qui a précipité la chute de l'équipe de Lionel Hollins lors des derniers playoffs. La saison passée, la franchise du Tennessee n'affichait que le 24e pourcentage à 3-pts (34,5%), et elle était carrément dernière au nombre de shoots lointains rentrés (382) et tentés (1107). Les Grizz n'ont mis en moyenne que 4,7 tirs primés l'an dernier (évidemment le dernier total de la ligue). [superquote pos="d"]Z-Bo n’est pas Superman : difficile pour lui, avec deux, voire trois joueurs sur le paletot, d’exister dans la raquette de San Antonio.[/superquote]En playoffs, la conséquence directe de cette maladresse fut l'ajustement des adversaires sur cette carence offensive. En clair, les rivaux des Grizz, à commencer par les Spurs en Finale de conférence, ont eu tout loisir de resserrer l'étau sur le redoutable duo d'intérieurs Marc Gasol - Zach Randolph. Comme le faisaient récemment remarquer Bill Simmons et Jalen Rose dans leur preview 2013-2014 sur Memphis, le simple fait que Jerryd Bayless - 0 titularisation lors des playoffs - soit presque devenue la première arme à 3-pts du roster (3,9 tentés en moyenne, à 30,5% de réussite) en dit long sur le problème rencontré par son équipe. Z-Bo n'est pas Superman : difficile pour lui, avec deux, voire trois joueurs sur le paletot, d'exister dans la raquette de San Antonio. La présence de Mike Miller donnera nécéssairement de l'air au duo Z-Bo - Gasol. Parce qu'aucun défenseur avisé de la ligue n'aura l'idée de venir en aide défensive à ses intérieurs si cela implique de laisser un mètre d'espace à Miller. Et ce, alors qu'ils pouvaient avoir cette attitude avec des shooteurs "honnêtes" comme Wayne Ellington (41/97, 42,3%) et Quincy Pondexter (60/152, 39,5%), les deux seuls Grizz à avoir passé la barre des 39% parmi les cinq qui ont pris au moins 40 shoots à 3-pts l'an passé. Même si Memphis n'a pas encore radicalement réglé ce souci à 3-pts (l'un parmi d'autres, actuellement) après sept matches, il y a tout de même du mieux, et comme prévu, Miller y est pour quelque chose. Lors de la défaite face aux redoutables Pacers, l'équipe de Dave Joerger n'a shooté qu'à 8 reprises à trois-points. Avec ses 100 tentatives depuis l'entame (à 35% de réussite, 17e bilan NBA), Memphis ne présente que la 27e marque, dans une ligue où la moyenne du total de shoots tentés depuis le début de saison se situe autour de 148 shoots (on est bien loin des 210 tirs tentés par les Lakers, n°1 des équipes en termes "d'arrosage"). Sur ces 100 trois-points, Miller en a tenté 25. Et rentré 14, soit 56% de réussite. En clair, il ne sera jamais le sauveur, mais il est dans son rôle.

MR. PLAYOFFS ?

Son rôle, justement, demeure assez obscur en termes de minutes jouées. Mike Miller a le profil du 6e homme à Memphis, mais du 6e homme de luxe, celui qu'on protège au regard du poids des ans et des blessures accumulées. On n'ira pas jusqu'à dire qu'il faut l'utiliser comme un tireur de pénalty au handball, mais selon nombre d'observateurs, dans l'idée, c'est presque ça. Comprenez bien : pour tirer la quintessence de Mike Miller en playoffs, il faudra sans doute le ménager d'ici là (le taquin Zach Lowe, de Grantland, évoque carrément l'idée d'une "congélation cryogénique"). On parle d'un joueur qui a joué l'an passé son plus gros total depuis la saison 2008-2009 (soit... 59 matches). D'un joueur ménagé à l'entraînement la saison dernière par Erik Spoelstra, comme Pat Riley l'avait déjà fait sur la fin de carrière de Dan Majerle. La "machine" Miller est une mécanique fragile, et Dave Joerger va devoir compter ses minutes pour lui éviter une rechute. Pour l'instant, ça n'en prend pas le chemin : alors qu'il tournait à 15,3 minutes au Heat l'an passé (son plus petit total en carrière), il tutoie actuellement les 25 minutes en sortie de banc. Difficile de croire que Miller pourra tenir à ce rythme toute la saison, mais le coach de Memphis, qui aime utiliser son shooteur dans un roster "smallball", doit aussi faire face aux pépins du moment (légère entorse du genou pour Bayless, fracture du nez la nuit passée pour Pondexter...). S'il parvient à rester en bonne santé pour l'une (ou la ?) des dernières saisons de sa carrière, Miller pourrait constituer cette pièce qui manquait pour que les Grizz franchissent un cap lors des prochains playoffs. Même le fait qu'il ne soit pas un foudre de guerre en défense ne semble pas être un problème, compte tenu du fait que Memphis défend plus "collectivement" que Miami (d'ailleurs, depuis que Miller est parti, tout fout l'camp au Heat !) Si Memphis fait plutôt grise mine depuis l'entame (3-4 avant de recevoir Toronto dans la nuit de mercredi à jeudi), à l'image d'un Z-Bo encore en rodage (13 pts de moyenne, mais à sa décharge, il vient dêtre papa, ceci explique sans doute cela), il y a fort à parier que les Grizzlies, dont l'ossature a été conservé cet été, auront leur mot à dire au printemps prochain, pourquoi pas face à ces Spurs que Miller aime tant (la réciproque est sans doute moins valable, hein, et pas que pour ce buzzer-beater). D'ici là, Miller aura retrouvé le Heat - avec qui il est plus ou moins directement dans une bisbille juridique - à l'American Airlines Arena (le 21 mars), et son coach en saura certainement plus sur la capacité de son shooteur à rééditer ses exploits passés. Rien que pour le revoir shooter sur une chaussette, on croise les doigts pour Miller. Keyser Söze sur une chaussette, ça a de la gueule, n'empêche... [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=7LDH66ja2Zc[/youtube]   Vidéo bonus : un 27/30 à l'entraînement, c'est pas mal non plus... [youtube hd="0"]http://www.youtube.com/watch?v=771MZUtK8Tk[/youtube]
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