Il y a des défaites qui font mal, et puis il y a celles qui te laissent un drôle de goût, comme si tu venais de regarder une équipe se battre contre elle-même. La défaite des Golden State Warriors contre les Phoenix Suns (99-98) appartient clairement à la deuxième catégorie. Pas seulement à cause de la décision finale, une faute sifflée à 0,4 seconde de la fin sur Moses Moody, qui envoie Phoenix sur la ligne pour arracher la victoire. Mais parce que tout ce qui entoure ce match ressemble à un résumé de la période actuelle : un mélange de désordre, de frustrations et d’une identité qui se fissure. Théo et Shaï ont longuement évoqué ce sujet dans le CQFR du jour. Debrief.
Une défaite qui ne se joue pas sur une seule action
Dans le podcast, le point est clair : impossible de résumer la soirée des Warriors à ce coup de sifflet final. Les arbitres sanctionnent Moody, mais le ressenti, c’est que l’action elle-même est un embouteillage de contacts où image par image, il y a de quoi siffler plusieurs fois, des deux côtés. Ce n’est pas "la faute de Moody". Si Golden State perd, c’est surtout parce que le match a été mal construit bien avant ces 0,4 seconde.
Et là, un chiffre résume tout : 98 points marqués. Quand tu es Golden State, tu peux survivre à certains défauts… mais pas à ce niveau de production offensive, surtout si tu ajoutes par-dessus un autre poison : Les pertes de balle, ce vieux démon devenu mortel.
Les Warriors perdent énormément de ballons, et ce n’est pas juste une remarque de surface. C’était déjà un problème historique, même quand l’équipe était une machine offensive capable d’arracher n’importe quel match en mettant 125 ou 130 points, sauf que cette version-là n’existe plus.
Avec une attaque moins tranchante, chaque ballon donné à l’adversaire coûte plus cher. Et on sent que c’est devenu un handicap structurel. Tu ne peux pas te permettre de jouer "à l’ancienne", avec la même prise de risque et le même chaos créatif, quand ton rendement global est en baisse. Les Warriors ne sont plus "les Warriors d’il y a 10 ans", et leur marge d’erreur s’est réduite comme peau de chagrin.
Le problème n’est pas seulement technique, il est mental
Le cas le plus inquiétant, c’est celui de Draymond Green. On lui parle en conférence de presse du volume de pertes de balle, "les siennes notamment" puisqu’il reste un playmaker majeur de l’équipe et lui refuse de s’alarmer, osant même déclarer : "je suis un grand passeur, pas de problème". Il y a de la confiance, certes, mais le doute s’installe : est-ce qu’il y a encore une vraie remise en question dans ce groupe ?
Parce que quand une équipe ne tourne plus, tu peux accepter les erreurs. Ce qui est plus dur, c’est l’impression que certains les normalisent. Le problème n’est pas juste "on perd des ballons", c’est "on perd des ballons et on vit bien avec". Et là, tu commences à glisser.
Le CQFR fait aussi écho à une atmosphère qui se dégrade autour de la franchise. Il est question de "l’histoire des emails" liés à Joe Lacob, d’une frustration grandissante, et d’un discours qui renvoie la responsabilité vers le staff. Ça alimente l’idée d’une organisation sous tension. Et dans un vestiaire, ça finit toujours par se sentir. Quand l’environnement devient bruyant, la performance se contracte.
Dans le même temps, il y a ce détail qui fait mal : c’est la troisième défaite de suite depuis le retour de Stephen Curry. Normalement, son retour est censé stabiliser, remettre des repères, donner une direction. Là, Théo insiste : ça ne va pas mieux, et c’est presque plus démoralisant que la série elle-même.
Kerr cherche encore, et certaines décisions interrogent
Autre point soulevé : Steve Kerr explique lui-même qu’il ne fait "pas du bon boulot" et qu’il ne "trouve pas les solutions". Dit comme ça, ça ressemble à de l’honnêteté. Mais ça traduit aussi une réalité : l’équipe est en recherche permanente, sans formule claire.
Et au milieu, il y a le dossier Jonathan Kuminga, cloué sur le banc. Son cas est devenu un symbole, celui d’un effectif où certaines options restent sous-utilisées ou mal intégrées, pendant que l’équipe patine.
Enfin, il y a la photo globale : les Warriors sont neuvième à l'Ouest, déjà décrochés du top 6, avec quatre victoires de retard sur Minnesota, 6e. C’est un point de bascule mental. Tu passes d’une saison où tu ajustes tranquillement en te disant que la hiérarchie finira par se remettre en place, à une saison où tu regardes le classement et tu comprends que tu n’as plus le luxe de perdre du temps.
Et Théo et Shaï ajoutent en conclusion : "ça ne respire pas la joie de vivre", "ça sent pas très bon" compte tenu du niveau supposé de l’équipe.
Alors, pourquoi ils n’y arrivent plus ?
Tout simplement parce que tout s’additionne.
Une attaque qui plafonne, des pertes de balle qui ne pardonnent plus, une remise en question qui semble incomplète, un coach qui cherche, des choix de rotation qui questionnent, et un environnement qui devient pesant. Et au bout, tu obtiens ces matchs où la défaite peut tomber sur un détail… mais où le détail n’est que la dernière ligne d’un problème beaucoup plus large.
La mauvaise nouvelle pour Golden State, c’est que ce n’est pas un simple "trou d’air" à effacer avec une soirée à 40 points de Curry.
La bonne, c’est que tout ça arrive maintenant plutôt que plus tard, comme on le précise dans le CQFR, donc il reste du temps pour réagir. Mais il va falloir plus qu’un sursaut. Il va falloir une direction.
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