Russell Westbrook : abus de « power »

Russell Westbrook et Kanye West, même combat, même trajectoire folle.

Russell Westbrook : abus de « power »

All Of The Lights

Mais cette différence tient à une autre, d’importance : Derrick Rose n’a pas dans son équipe l’une des armes offensives les plus dévastatrices au monde. S’il évoluait aux côtés de Kevin Durant, Rose aussi se ferait sans doute prier de donner des ballons à son ailier arachnéen.

« Russell Westbrook n’a pas encore compris que le boss de cette équipe, celui qui les amènera au titre et au service duquel on doit être, c’est Kevin Durant », expliquait récemment Monclar dans l’émission « Canal NBA ».

« Alors s’il faut qu’ils se mettent des tartes pour que ça rentre, qu’ils y aillent, il faut qu’ils se disent les choses. Mais si cette équipe doit aller au bout, Westbrook – qui est un formidable joueur – doit accepter que Kevin Durant soit le leader. Point barre. »

[caption id="attachment_417414" align="alignleft" width="300"] Notre t-shirt et notre sweatshirt "Point Gods" sont dans notre boutique[/caption] C’est dur, mais c’est ainsi. Même si Russell aurait peut-être le talent pour rivaliser avec Rose pour le titre de meilleur meneur-scoreur de la ligue, ce n’est pas de ça dont a besoin le Thunder pour jouer le titre. Ce qu’il faut à Oklahoma, c’est le Russell capable de s’écarteler aux quatre coins du terrain pour remplir la feuille de match à ras bord et enchaîner les Oscars. Pas ceux décernés par Hollywood sous les spot-lights colorés, ceux longtemps engrangés par le « Big O » dans l’ombre de Milwaukee. Plutôt que d’éblouir en concentrant toutes les lumières sur un même point, West n’est jamais aussi fort que lorsqu’il illumine chaque secteur du jeu.

« Westbrook a une formidable marge de progression », ajoute Jacques. « Simplement, il faut qu’il mette sa culture et son mental à la hauteur de ses moyens physiques. »

Surtout, il faut qu’il mette de l’ordre dans ses priorités. Il attend certes toujours qu’Oklahoma City lui propose une prolongation de contrat qui en fera (presque) l’égal de Kevin Durant et qui liera pour de bon leur avenir, mais pour cela il doit montrer qu’il a compris qu’il n’a rien à gagner en jalousant KD. Plutôt que de chercher à le supplanter, c’est en brillant dans les secteurs qui ne sont pas les plus reluisants du jeu de Durant que Westbrook pourra à la fois se créer une place à lui et permettre au Thunder de passer le dernier cap qu’il lui reste à franchir. La relation complexe entre les deux joueurs a suscité de nombreuses comparaisons. Avon Barksdale et Stringer Bell, Luke Skywalker et Han Solo ou encore Woody et Buzz l’éclair, tous les journalistes leur ont trouvé des alter egos dans la culture populaire. Nous, c’est à un autre West à l’égo aussi démesuré que son talent que Russell nous fait penser – dans sa trajectoire comme dans sa façon de se positionner par rapport à son « grand frère » : Kanye.

Big Brother

Mettez deux noms sur ce synopsis : une méga star accomplie et acclamée de tous prend sous son aile un jeune bourré de talent, mais sur qui personne ne pariait. Très rapidement, la star se rend compte que sa carrière pourrait aller encore plus loin grâce à son protégé, tandis que celui-ci commence à prendre conscience qu’il a tout pour devenir un géant lui aussi. Après avoir un temps jalousé le statut de son pygmalion et avoir finalement prouvé sa valeur à ceux qui doutaient de lui, le « petit frère » réalise que c’est en partageant le pouvoir avec son mentor plutôt qu’en essayant de le lui prendre, qu’ils pourront tous les deux conquérir le monde. Nommez ces deux personnages Jay-Z et Kanye West et cela donne un résumé assez fidèle de la relation qui unit les deux hommes depuis « The Blueprint » et qui les a menés jusqu’à « Watch The Throne ». Appelez-les Kevin Durant et Russell Westbrook et vous avez ligne pour ligne le scénario qui réveille régulièrement Sam Presti en pleine nuit, le sang aux tempes et les draps poisseux. Si Russell Westbrook accepte de se « restreindre » à son rôle de lieutenant décisif et qu’il réserve ses explosions offensives pour les soirées où Durant n’est pas dans le coup, le Thunder a les armes en mains pour braquer la Conférence Ouest pour de bon et donner rendez-vous au Heat ou aux Bulls en finale pour les années à venir. Sinon, Westbreezy pourrait surtout rester dans les livres d’histoire comme l’un des meilleurs défenseurs de la ligue : le seul en tout cas à pouvoir empêcher Kevin Durant de scorer (© @NotBillWalton). En réalité, le destin d’Oklahoma réside autant dans ses mains que dans celles de KD. Il faut simplement que ces deux-là se branchent sur la même fréquence, et pas seulement dans les déclarations d’intention. A seulement 23 ans, ils endossent déjà une pression considérable et leur accrochage de début de saison sera vite oublié si les victoires s’accumulent.

« Le Thunder est clairement un candidat à la finale de conférence et donc à la finale NBA », annonce Monclar.

« C’est une progression extraordinaire sur les ailes de Kevin Durant et de Russell Westbrook. Avec un défenseur comme Thabo Sefolosha, une ligne de pivots qui tient bien la route avec Serge Ibaka, Kendrick Perkins et Nick Collison, et avec un coach, Scott Brooks, qui a grandi. Ils vont avancer. Ils vont être là. »

Si Russell West prend exemple sur Kanye West, ils seront même là pour un bon moment :

« I just needed time alone, with my own thoughts / Got treasures in my mind but couldn’t open up my own vault » (« J’avais juste besoin d’être seul avec mes pensées / Mon esprit recélait de trésors mais je n’arrivais pas à en ouvrir le coffre »).

Le vrai pouvoir, c’est de savoir identifier et utiliser ses ressources pour en tirer le meilleur. Celles de Russell Westbrook paraissent sans fin, il ne lui reste plus qu’à en trouver la clef… Ce portrait de Russell Westbrook est extrait du numéro 34 de REVERSE [product id="140411" sku=""]