Le 26 mars 2025, la vie de Tari Eason bascule : son père, Tari Timothy Eason, est retrouvé mort à New York alors que l’ailier des Rockets est en vol pour Salt Lake City. Huit mois plus tard, le joueur raconte comment cette épreuve a façonné sa tête, son jeu et sa place à Houston.
« L’un des plus longs vols de ma vie »
Tari Eason apprend la nouvelle en plein décollage. « Ce fut probablement l'un des plus longs trajets en avion de ma vie. », dit-il. Il enchaîne pourtant les obligations : jouer à Utah le 27 mars, un aller-retour à New York pour la cérémonie, puis Los Angeles et la fin de saison avec Houston. « De loin, l'année la plus difficile que j'ai jamais vécue... Jouer au basket, revenir après une blessure, manquer de confiance en moi... Je dois gérer tout ça, en plus du décès de mon père. Il y a vraiment beaucoup de choses à encaisser.»
Quand Eason était enfant, il vivait avec sa mère à Los Angeles avant qu'ils ne déménagent à Seattle pendant sa première année de lycée. Pendant la majeure partie de son enfance, son père était présent par intermittence dans sa vie. Ils n'avaient pas une très bonne relation jusqu'à ce qu'Eason, à l'âge de 17 ans, décide de choisir le pardon.
Le Houston Chronicle retrace une relation père-fils heurtée, longtemps « en pointillés », jusqu’au choix du pardon à l’adolescence. « J'ai finalement compris que la vie était courte... Quand je suis arrivé en NBA... pourquoi ne pas essayer vraiment d'aller de l'avant et d'avoir une relation avec mon père ?»
Leur rapprochement s’accélère pendant la convalescence post-opératoire de 2024 : son père s’installe à Houston pour l’aider. « Il aimait ses enfants… C’était en quelque sorte le cœur, l’âme et le protecteur de notre famille. »
La mère, la fratrie, et le poids d’être l’aîné
Sa mère, Teroya, décrit le choc pour la fratrie : « La plus grande perte qu’ont connue mes fils… Ils ont grandi d’un coup… ‘Peso’ est resté digne malgré la douleur. » Eason se voit comme « security blanket » pour ses frères et sa petite sœur Talia, assumant des responsabilités que son père portait jusque-là.
Il avoue avoir d’abord « tenu la routine » pour ne pas s’effondrer. L’off-season agit comme un reset. « Ce jeu, c’est 90% mental… J’ai appris à identifier mes problèmes… à comprendre pourquoi je réagis comme ça et comment y répondre. »
« Cela m'a aidé à me préparer mentalement, car il y avait tellement de questions sans réponse et tellement de choses que je voulais comprendre. Pendant l'intersaison, j'ai pu prendre le temps de répondre à ces questions et de trouver les réponses par moi-même », ajoute Eason.
Lecture, travail physique, famille, Eason s’astreint à un vrai protocole mental. Résultat : un début de saison 2025-26 au meilleur niveau de sa carrière, avec un tir extérieur libéré et des responsabilités accrues par Ime Udoka, y compris à la création. « J’essaie de faire vivre son nom, son esprit… C’est tout ce que je peux faire. »
« Il pouvait entrer dans n'importe quelle pièce, avec n'importe qui, et illuminer l'atmosphère », raconte Eason. « Tout le monde aimait être avec lui. Il était un peu plus arrogant que moi. Il était super arrogant. À l'entendre, c'était grâce à lui si j'étais en NBA. Il était athlétique, tout ça, mais en réalité, c'est grâce à ma mère. »
Le basket comme thérapie… et comme promesse
Depuis l’enfance, quand « les mots » ne suffisaient pas, le ballon servait d’exutoire : « Il allait simplement jouer au basket. C'est devenu sa passion. C'est sa thérapie depuis qu'il est enfant », raconte sa mère. Aujourd’hui, le deuil n’est pas « résolu », mais apprivoisé.
L'évolution d'Eason en shooteur à 3-points redoutable (51,2%) est une avancée majeure pour l'équipe des Rockets, qui avait cruellement besoin de renforts en périphérie après la blessure de Fred VanVleet et l'indisponibilité pour une durée indéterminée de Dorian Finney-Smith. L'entraîneur Ime Udoka fait également confiance à Eason en lui confiant davantage de responsabilités dans la gestion du ballon et en lui permettant parfois de lancer l'attaque, même lorsque les principaux créateurs Amen Thompson et Alperen Şengün sont sur le terrain.
Eason explique qu’il joue « pour » son père, qu’il prend « ce que la défense lui donne » sans forcer, et qu’il embrasse un rôle clé pendant que l’effectif panse ses propres blessures. À l’horizon : une restricted free agency l’été prochain, qu’il accueille avec le calme d’un joueur qui sait désormais de quoi il est fait.

