Pauvre Nico Harrison. Cela faisait quelques semaines qu'on l'avait presque oublié. Mais la venue des Lakers à Dallas a été un calvaire pour lui, obligé de rester à l'abri des couloirs pour ne pas se prendre la foudre des fans des Mavs qui continuent de passer leurs nerfs sur le GM local. Franchement, Mark Cuban a raison, il faut arrêter avec les "fire Nico" à tout va, on va pas le brûler pour une petite boulette générationnelle. Les gens sont durs, c'est pas comme si c'était une habitude chez lui, soyez patients et bienveillants. A moins que... Oh wait...
1°) « On s’en bat la noix, on va pas non plus s’emmerder et claquer une fortune sur un troisième choix de draft, merde oh les gars vous êtes teubés ou quoi ?! » Ce matin de 1984, Nico donne tout ce qu’il a pour convaincre les exécutifs d’adidas que le jeune numéro 23 qui sort de North Carolina n’est pas vraiment le genre de joueur sur lequel il est bon de miser. « Laissez-le aller chez l’autre illuminé de l’Oregon, et faites-moi confiance, dans 3 ans il reviendra ici la queue entre les jambes et on le signera pour une bouchée de pain. Le gosse est persuadé qu’il va avoir une ligne à son nom. Nan mais lol ! Pourquoi pas une marque tant qu’il y est ! Moooonnsieur Jordan n’a pas joué une seconde en NBA et il pense qu’il va révolutionner notre petit business. Notez bien ce que je vous dis : quand il se retrouvera dans le monde des adultes, il redescendra vite de son nuage. »
Nico n’est depuis jamais retourné en Allemagne. Le manque de soleil, sûrement.
2°) 17 novembre 1993, Parc des Princes. La France ne doit pas perdre contre la Bulgarie pour aller aux USA participer à la Coupe du Monde 1994. La délégation française a préparé ses réservations d’hôtel et mis une option sur les billets d’avion. Nico est chargé de mettre l’ambiance dans le stade et envoie à la mi-temps « L’Amérique » de Joe Dassin. On lui tape dans le dos en le félicitant de son choix, et du coup il se sent bien d’aller au bord du terrain participer à la fête avec les Bleus qui sont à 1 minute de la qualif'. Il crie à David Ginola « centre Daviiiiiiid ! » alors qu’il ne reste que quelques instants à tuer et que personne n’est à la réception de ce ballon balancé n’importe comment. 10 secondes plus tard, les Bulgares marquent dans un silence de cathédrale, et mettent fin au rêve américain de la France du foot, privant toute une génération dorée de coupe du monde et de McDo gratos. Le nom de Kostadinov s'insèrera quant à lui dans la moelle épinière de chaque citoyen français sur 8 générations.
Nico, pour se faire tout petit, retournera s’installer chez ses parents à Seattle.
3°) « Time out ! Time ouuuuuuuuuut !!! » Ce 5 avril 1993, Nico est super content : il a eu de la chance en ayant des billets pour le Superdome de New Orleans et assister à la finale NCAA. Le Fab 5 de Michigan va se venger de Duke et écrabouiller North Carolina, il en est persuadé. Il a même eu des places juste derrière le banc des Wolverines, c’est trop la classe Nico. Mais le match est plus serré que prévu, et tout va se jouer dans les dernières secondes. Chris Webber vient de faire un énorme marcher que tous les organismes vivants de l’univers ont vu, sauf l’arbitre qui était pourtant bien placé. C-Webb est en panique, Nico le voit, il a un don pour ressentir ces choses-là. Il arrive plein fer devant son banc et se fait trapper, l’obligeant à arrêter son dribble. Effaré devant le manque de réaction du coaching staff, Nico demande le temps-mort aussi fort que possible. Par chance, Webber l’entendra et fera le geste fatidique qui coûtera le titre à son équipe, jurant par la suite avoir entendu quelqu'un lui demander de le faire.
Nico, lui, n’est jamais retourné dans le Michigan. La trouille, peut-être.
4°) « - Vous êtes sûr, chef Nico, ça a l’air dangereux quand même, non ?
- Mais naaaaaaan, vous êtes vraiment des flippés, c’est pas possible ! On sera bien là, le m² est pas trop cher, et on a une vue de ouf sur la montagne !
- Chef Nico, c’est pas super comme montagne, ça.
- Allez arrête de me fatiguer, on installe la ville ici, c’est moi l’architecte, c’est moi qui commande.
- Ok les gars vous avez entendu Chef Nico ? On démarre les travaux demain !
- Faites moi confiance, tout le monde voudra venir ici, et d'ici 79 on sera la ville la plus visitée du sud. Et n’oubliez pas de me chiader le panneau « bienvenue à Pompei », faut que ça claque, y a Marcus Cubanus qui a réservé la suite royale avec terrasse sur le Vésuve. »
Nico n’est jamais retourné en Italie. Une bête allergie au soleil, sûrement.
5°) 1er juin 2018, Oakland. Game 1 des finales, le match est ultra serré, LeBron James donne le tournis aux Warriors. Steph et sa bande commencent un peu à flipper, surtout que les Cavs ont deux lancers-francs et la possibilité de passer devant à une poignée de secondes de la fin. La salle tente de faire du bruit pour gêner George Hill mais n’y arrive pas vraiment. Nico Harrison, lui, est au téléphone, assis courtside avec sa femme, au pied du panier des Warriors. Il fait des grands signes en criant « on est devant ! » pour que ses potes qui regardent le match à la télé puissent le repérer. Hill manque son second lancer, mais JR Smith s’envole pour récupérer le rebond offensif devant un Iguodala endormi. « ON EST DEVAAAAANT !! », continue de hurler Nico. JR ne remonte pas au cercle, mais repart vers la ligne médiane, avec LeBron qui ne capte rien et lui montre la direction comme un passant qui voit passer une bagnole en trombe et en sens interdit. Buzzer, prolongations. Le monde du basket est médusé. L’Ohio tout entier s’est évanoui. « Je pensais qu’on était devant… », dit Smith tout penaud en revenant vers son banc qui se demande bien d’où il sort une connerie pareille.
Nico ne verra plus jamais Cleveland, mais ses potes l’ont vu, et c’est déjà ça.
6°) 19 novembre 2004, Detroit. Nico est en ville pour le taff, et avec ses collègues de la boîte il décide d’aller voir un Pistons – Pacers qui sent la poudre vu que les deux équipes se tirent la bourre à l’Est. Malin, il a réussi à esquiver les tournées de bière et a pu mater pratiquement tout le match. Sauf que Gary des RH a déjà payé deux fois et que c’est maintenant son tour d’aller chercher à boire pour sa team. Le match est bientôt fini, Gary n'arrête pas de dire qu'il a super soif, allez hop c’est le moment de se lever, avec un peu de chance il n’y aura personne à la buvette. Et en effet, ça va assez vite, juste le temps d’entendre une clameur monter dans les coursives du Palace. Ça sent le début de bagarre, Nico fonce avec ses 5 verres qu’il tient comme il peut, tente de rejoindre sa place, se fait bousculer par un type bien bourré, et perd l’équilibre, voyant au ralenti une de ses bières s’envoler et retomber pour atterrir… sur Ron Artest qui se reposait sur la table de marque, et qui va se jeter sur Gary qui s'arrête soudainement d'avoir soif.
Adieu Detroit, tout ça pour un croche-patte.
7°) « Vous voulez assister au passage de la voiture présidentielle ? Oui je suis chargé de la sécurité du cortège, en effet ça va passer par ici, et tourner par là. Voir le président Kennedy avec une vue dégagée ? Ah cela risque d’être compliqué il va y avoir beaucoup de monde mais regardez si vous montez en haut de cet immeuble vous aurez une vue IM-PRE-NABLE ! Non non c'est tranquille ce sont des bureaux inoccupés pour le moment. Mais de rien, monsieur. Votre nom ? Lee H. Oswald ? Enchanté Mr Oswald, moi c'est Nico. Bonne journée et à vendredi ! »
Texas, forever.
