Sur son podcast, Patrick Beverley a visé Trae Young de façon assez... direct. Comme il en a l'habitude. Il a mis en doute son leadership et l’intérêt de ses stats si elles ne mènent pas à des victoires. L’épisode a aussitôt circulé sur les réseaux et dans la presse U.S., tandis que le meneur d’Atlanta a glissé une réplique minimale mais signifiante sur X. Mais ce n'était que le premier jet d'une réponse plus globale...
Dans The Pat Bev Pod, Beverley commence par opposer palmarès collectif et statut de star. « Je ne pense pas qu’il ait assez gagné pour même me parler. Il est allé trois fois en playoffs. Moi, neuf. Mes sept premières saisons, je n’ai pas manqué les playoffs une seule fois. » La charge s’inscrit dans un discours récurrent chez le vétéran : un franchise player est jugé d’abord à l’aune des séries gagnées, pas de sa ligne de stats.
Le message se durcit lorsqu’il aborde la perception de Young par des pairs passés par Atlanta : « J’ai parlé à des gars qui ont joué à Atlanta. Ils ne veulent pas y jouer. Pourquoi ? Ils ne pensent pas que c’est un bon leader. Ils ne pensent pas que c’est un bon coéquipier. » L’accusation, difficile à documenter publiquement, vise le cœur du rôle de meneur et franchise player : fédérer le vestiaire et attirer les talents.
Beverley enfonce le clou sur la valeur des chiffres « hors contexte ». « Tu peux gagner tout l’argent que tu veux. Mener la ligue aux passes décisives autant que tu veux. Tout ça… Si tu ne gagnes pas, ça ne comptera pas. Si tu ne gagnes pas, à ta retraite, on oubliera ton nom. » En filigrane, le rappel que la saison 2024-25 a vu Young empiler les passes décisives sans franchir de cap collectif depuis la finale de Conférence 2021.
« Si tu veux faire le buzz, alors faisons le buzz. »
La première réponse de Trae Young tient en cinq mots postés sur X après une précédente pique de Beverley et recyclés pour l’occasion : « Let us speak for ourselves » — laissez-nous parler pour nous-mêmes. Le All-Star d’Atlanta n’a pas surenchéri, dans un premier temps, préférant renvoyer au terrain et au vestiaire plutôt qu’à la polémique. Mais ça c'était la première salve. La deuxième est arrivée avec une vidéo de plus de 11 minutes. Et là, il a envoyé la sauce !
« Si tu veux faire le buzz, alors faisons le buzz. » Trae Young a pris la parole pour répondre frontalement aux critiques de Patrick Beverley, promettant de « ne parler que de faits ». D’entrée, il reconnaît le palmarès défensif de Bev — « First Team All-Defense une fois, Second Team deux fois… des accomplissements que peu peuvent revendiquer » — puis pivote sur le thème des résultats collectifs.
Young rappelle que Beverley « est allé neuf fois en playoffs » et lui « seulement trois », mais met ces apparitions en perspective : « Tu es allé une fois en finale de Conférence ; moi aussi. C’était ta neuvième année. La mienne, c’était ma troisième. Juste un fait. » Il concède ne pas vouloir « parler de [ses] chiffres », avant de lâcher une pique factuelle : « Tu tournais à 7 points et 2 passes… je ne sais même pas pourquoi je fais ça. » Puis il frappe où ça fait mal : « Tu parles de gagnant ? Qu’est-ce que tu as gagné ? » Et d’anticiper une échappatoire : « Ne me réponds pas avec le truc “j’ai gagné dans la vie”. Oui, rejoindre la NBA est déjà énorme. Mais il y a des niveaux, et on parle basket. »
Tony Parker est-il vraiment mauvais dans le business ?
Sur la question de l’authenticité et des sources, Young demande des comptes. Il évoque la rumeur selon laquelle des ex-coéquipiers auraient dit « ce ne sont pas les Atlanta Hawks, ce sont les Trae Hawks ». Sa réponse est nette : « Dis ta source. Tu es dans les médias maintenant, je ne te vois plus comme un joueur. Dis qui t’a parlé. Tu aurais pu m’appeler comme tu as demandé à KD de le faire aujourd’hui. » Il insiste sur l’écart d’expérience à l’entrée en NBA — « J’avais 19 ans, tu en avais 24 à ta saison rookie. Tu ne sais pas ce que “inconfortable” veut dire dans mon monde » — et affirme : « Tu ne sais pas ce que c’est d’être à ma place, d’enfiler ces chaussures. »
Young déroule ensuite l’argument du contexte collectif en listant les « gros coéquipiers » avec lesquels Beverley a évolué : « LeBron, Giannis, Kawhi, Paul George, Ant, KAT… Harden, Westbrook, Lou Williams, Dwight. » Conclusion : « Tu parles d’impact sur la gagne. Avec tous ces gars, où était ton impact réel ? Une seule finale de Conférence à montrer. » Il glisse au passage une pique sur les célébrations : « Je gagne des play-ins à l’extérieur et je pense déjà aux playoffs ; toi, tu gagnes un play-in à domicile et tu montes sur la table de marque comme si c’était un titre. »
Vient ensuite l’explication de son fameux « Let us speak for ourselves ». Young dit viser un message de principe : « Laissez-nous — les All-Stars — parler pour nous-mêmes. » Il vise « quelqu’un qui n’a jamais été All-Star » et qui a affirmé que les sélectionnés « prennent le match pour acquis ». « Je ne parle pas pour tous les All-Stars. Je parle pour moi. Ne sois pas irrespectueux — surtout quand beaucoup de tes victoires, quasiment toutes, tu les as eues en étant porté par un All-Star, parfois deux en même temps. »
« Je n’ai jamais eu peur de toi sur le terrain. Jamais. »
La mise au point se veut ferme mais sans animosité (enfin, sans rage tout au moins). « Je n’ai jamais eu peur de toi sur le terrain. Jamais. Et tu peux le voir : Pat Bev ne me fait pas peur aujourd’hui. » Puis la porte est laissée entrouverte : « Si tu veux discuter, certains de mes ex-coéquipiers ont mon numéro. Sinon, continue. Mais pour moi, c’est la dernière fois que j’en parle. » Young recentre enfin le propos sur la saison à venir : « Je rentre dans ma 8e saisons, je vais avoir 27 ans ; toi, 37. Je dois me préparer pour essayer d’apporter un titre à Atlanta. » Il met en avant l’ambition collective — « Jalen Johnson est sur le point de faire son premier All-Star » — et clôt en mode pro-fraternité mais avec une jolie ultime petite pique : « Je resterai pro-joueurs. Si on passe dans les médias, faisons-le sans clickbait. Je te souhaite le meilleur. Si tu as besoin de billets pour un match des Hawks, dis-le. »
Au-delà des punchlines, le message de Trae Young est globalement remarquable en pas mal de points. Il ne sombre ni dans l'excès ni dans la fureur. Il répond posément et argumente, alors que l'on sait que Pat Bev ne cherche que le buzz sur les réseaux. Pas certain que cette réponse était vraiment nécessaire, mais elle a le mérite, maintenant qu'elle a été faite, d'être propre et mesurée.
À l’approche du training camp, cette séquence déplace le projecteur sur Atlanta : au-delà des punchlines, la question clé est de savoir si la production de Trae Young peut se traduire en victoires au printemps 2026 avec un groupe reconfiguré. Si les Hawks démarrent fort et gagnent une série, la rhétorique « stats sans victoires » s’éteindra d’elle-même. Dans le cas contraire, la discussion sur son leadership et l’attractivité de la franchise reprendra de plus belle.
La vidéo de Trae Young pour Pat Bev :
