Battue 88-83 par l’Allemagne au terme d’une finale d’EuroBasket d’une intensité rare, la Turquie repart sans l’or mais avec autre chose : un cap retrouvé. Autour d’Alperen Şengün, le tournoi a acté un renouveau collectif, une crédibilité retrouvée au plus haut niveau et l’émergence d’une fenêtre réelle pour viser un titre… dès 2027. Antoine et Shaï ont abordé le tournoi impressionnant de la sélection turque dans le CQFR du jour. Voici ce que l'on pouvait en retenir.
Une finale fondatrice, malgré la défaite
Le scénario de la finale de l'Euro dit beaucoup de l’identité turque version 2025. Entrée tonitruante (13-2), duel au cordeau ensuite, et la sensation que la Turquie a longtemps tenu le fil : elle est la seule équipe à avoir mené de plus de dix points dans cette finale et a passé environ la moitié du match devant. Dans un contexte brûlant, avec une Allemagne invaincue depuis le Mondial 2023, les Turcs n’ont pas cédé au premier coup de vent. Ils ont imposé leur rythme, développé leurs lectures, et forcé la Mannschaft à gagner « à la dure ». Cette finale perdue ressemble à une étape structurante plutôt qu’à une fin : elle installe la Turquie dans le cercle des nations qui comptent vraiment, et pas seulement à la faveur d’un tir en état de grâce.
Şengün, candidature MVP et money-time manqué
Le fil rouge du parcours turc, c’est Alperen Şengün. Sur l’ensemble du tournoi comme sur la finale, son empreinte saute aux yeux : volume offensif, touché poste bas, lecture des aides, passe juste, maîtrise du tempo. Près de 22 points, 10 rebonds et 7 passes de moyenne sur cet Euro. En finale, Şengün frôle la perfection pendant trois quarts-temps et demi, au point d’apparaître, pour beaucoup, comme le meilleur joueur du tournoi. La bascule se joue dans la dernière minute : un tir « près du cercle » manqué à une cinquantaine de secondes de la fin, où la fatigue semble peser, puis une tentative à trois points peu inspirée. Deux décisions qui ne gomment pas sa démonstration globale, mais qui expliquent pourquoi le trophée est resté allemand. Le débat du MVP reflète cette nuance : Dennis Schröder a emmené l’Allemagne au bout et signé les six derniers points du match ; Şengün a, lui, été le joueur le plus dominant sur la durée. La Turquie ne repart pas avec un trophée individuel, mais elle a (re)trouvé sa star de sélection, celle qui rend chaque compétition à venir dangereuse pour l’adversaire.
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Une profondeur qui change tout : Osman, Larkin, Bona…
Le renouveau turc ne se résume pas à son pivot. Cedi Osman a été immense tout au long du tournoi, capable de séquences des deux côtés du parquet et d’un impact émotionnel dans les moments chauds (21 pts en finale). Shane Larkin a apporté la gestion, la menace extérieure et la capacité à stabiliser les possessions sous pression. En finale, Adem Bona (22 ans, 6 pts et 4 rbds en NBA cette année) a signé une première mi-temps d’envergure, apportant verticalité, mobilité et rebond. Au-delà des noms, c’est l’idée d’une rotation crédible à 8-9 qui ressort : une densité suffisante pour encaisser les variations d’adresse, tenir le choc physique et offrir à Şengün un environnement où il n’a pas à forcer chaque possession. Lorsqu’une équipe peut à la fois allonger sa ligne arrière, présenter des ailiers efficaces des deux côtés du terrain et opposer des intérieurs complémentaires, elle dépasse la simple « surprise » pour entrer dans le durable.
Ataman, un cadre assumé et des choix forts
Cette Turquie porte la patte d’Ergin Ataman : plan de jeu lisible autour de Şengün comme première option, rôles clairs, rotations assumées. En finale, le choix de laisser Cedi Osman sur de très longues séquences se comprend tant son impact comptait ; Shane Larkin a organisé les possessions clés ; Adem Bona a donné le ton physique d’entrée. Plus largement, Ataman a installé une discipline de possession, une alternance jeu placé/transitions, et une forme de sérénité quand l’adversaire passait un run. Après la défaite, il est apparu « dégoûté », presque sans voix — signe d’un staff qui y croyait vraiment. La suite se jouera autant sur la gestion des cycles que sur le talent : conserver la densité autour de Şengün, intégrer progressivement des relais, et préserver l’ADN qui a rappelé la Turquie au premier plan.
Un tournoi déclencheur… et une fenêtre 2027
Longtemps, on ne comptait plus vraiment sur la Turquie dans les compétitions internationales. Cet EuroBasket a changé la perception. D’abord parce que les Turcs ont été, avec l’Allemagne, l’une des deux meilleures équipes du tournoi, capables d’enchaîner une demi-finale dominée (contre la Grèce) et une finale tenue jusqu’au bout. Ensuite parce que la trajectoire collective ne dépend pas d’un unique run. L’équipe a avancé séance après séance, match après match, sur la base d’un cadre clair : Şengün comme première option, des finisseurs autour, des joueurs de devoir qui savent « se brancher » selon les besoins. Cette base rend crédible la prochaine grande échéance : 2027. C’est, pour ce groupe, une vraie fenêtre d’or.
Pourquoi 2027 est le bon timing
Sportivement, Şengün entrera dans son prime. Cedi Osman et Shane Larkin seront encore dans une zone d’efficacité, mais la question du renouvellement se posera au-delà. C’est précisément ce qui rend 2027 stratégique : conserver la densité derrière Şengün pour transformer une médaille potentielle en titre jouable. Le socle existe (cohérence tactique, rotations identifiées, hiérarchie saine) ; il s’agit désormais d’anticiper la suite : intégrer de nouveaux profils sans perdre l’ADN, étirer la menace extérieure pour dégager de l’espace poste bas, sécuriser le rebond défensif pour courir. Dans un paysage international qui remontera en intensité (retours attendus de grandes nations, talents émergents), la Turquie devra maintenir la barre très haut pour rester sur la trajectoire ouverte en 2025.
Ce que cette finale raconte du “nouveau” basket turc
Cette équipe n’est pas qu’une jolie histoire de juin-septembre. Elle s’appuie sur des fondamentaux visibles : discipline de possession, alternance entre jeu placé et transitions, capacité à allumer des « runs » sans renier ses principes. Elle a montré qu’elle pouvait mener longuement, encaisser un contre-temps, repartir sans paniquer. Elle a mis l’Allemagne devant un vrai problème de lecture. Elle a, enfin, rendu à la Turquie un statut qu’elle avait perdu depuis une quinzaine d’années au plus haut niveau FIBA : celui d’une nation dont la présence dans le dernier carré n’a rien d’anecdotique.
La Turquie a perdu une finale qu’elle a longtemps contrôlée, et Alperen Şengün a manqué deux actions qui ont pesé lourd. Mais ce tournoi lui a rendu un horizon : un cadre, une profondeur, un leader. 2027 n’est plus un rêve lointain, c’est une échéance crédible.
Pour prolonger l’analyse (séquences clés, débats autour du MVP, chantier du renouvellement), retrouvez notre CQFR du jour en audio/vidéo :

Peut-être si un autre porteur de balle que Larkin éclot en Turquie pour épauler Sengun.
Mais en l'état, la compétition de Larkin, Osman et Osmani, je vois plutôt ça comme un one hit wonder.
Allez Wemby écrase-moi tout ça !
Sengun c'est pas la même autour sachant que ses principaux renforts offensifs ont déjà passé les 30 ans. Et les clubs turcs sont pas connu pour mettre beaucoup en avant la formation
C'est à nous de dominer pendant 15 ans maintenant avec Wemby.
mais on peut effectivement espérer pouvoir leur passer dessus avec nos futurs très grands joueurs ;)
Pour l'instant je ne vois que Wemby