Après un week-end en clair-obscur — succès offensif contre la Slovénie (103-95), revers frustrant contre Israël (69-82) — l’équipe de France avance avec des certitudes collectives mais aussi quelques points d’attention individuels. Au centre des discussions : Guerschon Yabusele et Isaïa Cordinier, identifiés comme cadres depuis les dernières campagnes.
Côté Guerschon Yabusele, le constat est d’abord statistique : une adresse globale autour de 27 % au tir sur le début de compétition, avec une part importante des points inscrits sur la ligne des lancers francs. Le capitaine attire logiquement les prises à deux et voit des plans défensifs ciblés se multiplier. Dans ce contexte, le timing de la passe sortante et la vitesse d’exécution au poste deviennent déterminants. Sur plusieurs séquences évoquées dans le CQFR, le décalage tarde d’un demi-temps : la fenêtre se referme, le tir créé pour les partenaires arrive « en retard » ou sur un angle moins favorable. À l’inverse, quand la lecture est juste et immédiate — on pense à l’action conclue par un dunk de Zacharie Risacher — l’avantage se matérialise tout de suite.
Faut-il s’en alarmer ? Le débat est resté mesuré. Le brassard pèse, la responsabilité aussi, et l’on n’attend pas forcément de Guerschon Yabusele qu’il endosse la totalité de la création en demi-terrain. Son influence se mesure aussi à l’aimant qu’il représente pour les défenses : provoquer une prise à deux, c’est déjà créer. Reste à fluidifier la sortie de balle (vitesse, angle, point de passe) et à réinstaller quelques touches « en premier mouvement » avant que l’aide n’arrive.
Le dossier Isaïa Cordinier est d’une autre nature. Ses minutes sont modestes (environ 13 de moyenne sur les trois premiers matchs) et son adresse faible (autour de 20 %), mais son rôle premier n’est pas d’empiler les points. Dans la logique affichée par Frédéric Fauthoux, Isaïa Cordinier sert de starter « métronome d’intensité » : ton défensif dès l’entre-deux, pression sur le porteur, premières courses de repli, premières fautes « utiles ». Sa valeur se lit dans l’énergie, l’activité sur les lignes de passe et la capacité à imprimer un standard physique auquel la deuxième unité peut ensuite ajouter de l’explosivité.
Est-ce « au niveau attendu » ? Tout dépend de l’attente. Si l’on projette Isaïa Cordinier en option offensive majeure, la réponse est non : ce n’est ni son profil historique, ni la manière dont le staff l’emploie. En revanche, si l’on juge à l’aune du plan de match — démarrer fort physiquement, puis injecter des dynamiteurs — le rôle fait sens. D’ailleurs, les meilleurs élans offensifs tricolores sont souvent venus du banc : Sylvain Francisco contre la Slovénie (32 points, 40 d’éval) et Zacharie Risacher (14 pts, 4 rbds, 4 pds vs Israël) ont incarné cette seconde lame.
Là où la discussion devient cruciale, c’est dans l’articulation « cadres – jeunes ». Le cinq de départ pose l’ossature défensive ; la rotation apporte percussion et volume de jeu. Tant que le collectif manque d’un « numéro un » offensif indiscutable, la hiérarchie fluctuera selon les formes du moment : un soir Eli Okobo pour débloquer en un-contre-un, un autre Sylvain Francisco pour accélérer le tempo, un autre encore Zacharie Risacher pour punir de loin ou courir après stop.
Au global, Guerschon Yabusele et Isaïa Cordinier ne sont pas « au-dessus » de leurs standards, mais ils ne sont pas hors-sujet non plus. Le premier doit surtout regagner du rythme dans ses lectures face aux prises à deux ; le second continuer à fixer le cadre d’intensité qui permet aux finisseurs d’entrer dans un match déjà chauffé. Si l’adresse extérieure collective remonte et si la verticalité d’Alexandre Sarr réapparaît, leurs contributions retrouveront naturellement une meilleure lumière.
Pas de procès expéditif après trois matchs : le plan repose sur la complémentarité des profils. Aux cadres d’ajuster, aux dynamiteurs de maintenir la flamme — et à tout le monde de mieux fermer le rebond et d’attaquer la zone sans jouer « au handball ». On a connu pires feuilles de route.
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Au final, avoir trois starters à moins de 30% aux tirs, quel que soit ce qu'on attend d'eux, est rédhibitoire, même s'ils apportent d'autres choses.
Après un autre aspect est qu'effectivement, voir ces deux là comme les premières options serait trop leur demander.
Concernant Yabusele, être l'option n°1 ne lui fait pas du bien je pense. Il s'en sort pas avec les prises à deux et son utilisation comme point forward à la Diaw ne fonctionne pas. Il n'a pas ces qualités là. Ay délà de ça, il me donne l'impression d'être un peu pataud. Il a toujours eu ce grene de gabarit mais j'ai l'impression qu'il était plus affuté l'an dernier.
Concernant Cordinier, il était en surrégime l'an dernier en quarts et demis et on en a certainement trop attendu, mais il était quand même à 12 points et 4 passes de moyenne en euroleague, il est donc largement au dessus de ses standards.
Bref, au final la valeur d'un joueur, à ce niveau, se lit des deux côtés du terrain.
De manoère plus générale, il reste encore la Pologne comme vrai "test" (même si ce serait vachement mieux de le gagner), mais au delà il va aussi falloir s'interroger sur la rota : ce que fait Fauthoux en favorisant l'intensité défensive dans le 5 et le scoring en sortie de banc est intéressant, mais ça doit avoir une limite : tu ne peux pas gagner au haut niveau si personne dans ton 5 n'est capable de scorer. Je crois pas avoir déjà vu avant une équipe dont les trois meilleurs scoreurs sortent du banc.
Entre Francisco, Risacher et Okobo, il en faut au moins un qui soit dans le 5 et soit une première option offensive. J'aime bien l'idée de Francisco comme energizer en sortie de banc, et Okobo poserait un problème défensivement. Mais j'aimerais bien voir Risacher remplacer Isaia dans le 5 (ou Coulibaly selon l'évolution de l'état de forme de chacun).
Je pense qu'il faut un leader offensif dès le début, d'autant que ça soulagerait probablement Yabu qui pourra retrouver plus un role de finisseur. Et Risacher à mon avis peut déjà être ce gars là, même si sa jeunesse fait qu'il aura peut être des trous d'air à un moment. Pour le moment niveau efficacité il est redoutable dans tout ce qu'il fait.