Zach LaVine, le basketteur “le moins fort” de la NBA

Zach LaVine est un esthète. Un athlète incroyable. Un dunkeur déjà culte. Un jeune joueur capable de prendre feu en quelques minutes. Mais ce n'est pas un basketteur. Pas encore.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
Zach LaVine, le basketteur “le moins fort” de la NBA
Zach LaVine est un symbole. Un symbole de ce qui ne tourne pas rond à Minnesota. Les Timberwolves ont perdu leurs six derniers matches et ils sont sur la pente descendante depuis plusieurs semaines. Ils ont connu quelques moments glorieux en début de saison avant de plonger par la suite. Un peu à l'image de leur bondissant meneur de jeu. Brillant en novembre (15 points à 45% et 4 passes en 26 minutes), LaVine a perdu pied. Il est même complètement à côté de ses pompes, dépassé par les exigences tactiques de la NBA. Ses statistiques sont en chute libre. Le jeune homme n'est plus en confiance, plus à l'aise sur le parquet et cela se ressent dans les chiffres. 3 points de moyenne à 20% aux tirs lors des sept derniers matches. Pas un seul tir extérieur de converti. [superquote pos="d"]Zach LaVine, symbole des difficultés des Wolves... et de la formation AAU[/superquote]Zach LaVine est un symbole. Un symbole de la formation de la formation déséquilibrée des plus jeunes talents aux Etats-Unis. Voire même un symbole de l'absence de formation. Un symbole pour cette NBA de plus en plus jeune qui accueille par dizaines des basketteurs incomplets avec seulement quelques mois de NCAA dans les jambes chaque année. Un symbole des lacunes du système AAU - ces ligues où les lycéens se mettent en valeur - et de son manque de rigueur. Un symbole des dérives du 'one and done' (une année universitaire avant l'inscription à la draft). Un symbole de ces franchises qui sélectionnent un jeune joueur uniquement sur son potentiel... athlétique le plus souvent. Car oui, LaVine est un athlète. Un putain d'athlète même. Un de ces jeunes gars capables de sauter au-dessus d'un adversaire et de lui dunker dessus férocement. Un de ces mecs longilignes susceptibles de remonter le terrain en quelques pas. Un Freak, quoi. Mais LaVine n'est pas un basketteur.

Un problème de fond (amentaux)...

[caption id="attachment_4616" align="alignleft" width="318"] Sam Mitchell n'hésite pas à être très dur envers Zach LaVine.[/caption] Et c'est même son coach qui le dit. Sam Mitchell, c'est de lui dont il s'agit, a accordé un grand entretien au Minnesota Post. L'interview est passionnante. Succulente. Vous êtes grandement invité à la lire (seule la première partie a pour l'instant été publiée, disponible ici). Sans langue de bois, et bordel, c'est rare, le coach des Timberwolves revient en détails sur les difficultés rencontrées par ses jeunes loups. Il raconte. Il explique. Il illustre. Et il n'y est pas allé de main morte sur le cas LaVine et son manque criant de fondamentaux. Trois anecdotes. Trois situations différentes. Le même constat.
"Contre Philadelphie, j'ai sorti Zach car il n'a pas réussi à se démarquer pour recevoir la balle trois possessions de suite. C'est lui le meneur, non ? Il marchait sur le parquet. Pourquoi ne pas reculer de deux pas, foncer vers son vis-à-vis puis 'boum', changer de direction pour demander la balle ? Il devrait le faire naturellement. Mais qui l'a coaché ? Je ne sais pas qui le coachait au lycée. Je ne sais pas qui le coachait en AAU. Ces trucs-là [les fondamentaux], je les ai appris quand je faisais des camps de basket. Des coaches professionnels nous apprenaient ça. Pas un gars qui possède une station de lavage et qui se décide à ouvrir une équipe AAU parce qu'il a vu du basket à la télévision et qu'il s'est mis en tête qu'il était coach. Ici [à Minnesota], on doit apprendre tout ça aux gars." [superquote pos="d"]"Contre Denver, Jameer Nelson s'est retrouvé en défense sur Gorgui Dieng après avoir switché. Zach était en tête de raquette. Il lui a fait une passe à terre."[/superquote]"Contre Denver, Jameer Nelson s'est retrouvé en défense sur Gorgui Dieng après avoir switché. Zach était en tête de raquette. Quelle passe est la plus appropriée lorsqu'un meneur d'1,83 m défend sur un intérieur de 2,11 m ? Il lui a fait une passe à terre. Et moi je suis là, à me dire que ce gars est un joueur NBA. Le treizième choix de la draft. Gorgui a un meneur de 34 ans sur lui et notre meneur sophomore lui envoie une passe à terre au lieu de balancer la balle en l'air. Les gens se disent qu'il devrait savoir ça. Mais on ne peut rien prendre acquis. Il a prouvé lors de ce match qu'il ne savait pas. On doit tout leur apprendre." "Encore aujourd'hui à l'entraînement. On met en place un système. Il reçoit la balle. Il pose un dribble et ensuite il fait la passe. J'ai arrêté la séquence. Il me dit 'coach, je n'ai pas fait ça'. Je lui ai répondu : 'Zach, tu penses vraiment que j'aurais sifflé si tu n'avais pas dribblé ?'. 'Qu'est-ce que tu fais si le gars à qui tu veux faire la passe n'est pas ouvert ? En posant le dribble, tu as déjà donné l'indication que tu allais faire la passe. Tu es mon meneur, tu as posé la balle et maintenant tu es bloqué si le gars n'est pas ouvert."
[superquote pos="d"]"On demande à Zach de jouer à un poste qu'il ne connaît pas."[/superquote]Les mots de Mitchell consternent. Ils sont durs, froids mais réalistes. Ils font immédiatement réfléchir. Mauvaise sélection de tir, mauvais choix, mauvaise lecture du jeu. LaVine n'est pas prêt. Il est pourtant bien là. Et Sam Mitchell doit composer avec. Un coach NBA n'est pas censé enseigner les fondamentaux. Il exploite le meilleur de son effectif. Il a presque un rôle de manager. A Minneapolis, Mitchell est un professeur. Il doit aussi trouver des solutions pour aider ses jeunes pousses à s'épanouir tout en apprenant les ficelles du métier. L'une des solutions pour LaVine consiste à le laisser évoluer arrière afin de le décharger des responsabilités incombées au meneur de jeu. Mais là encore, les lacunes du natif de Renton compliquent la donne.
"On demande à Zach de jouer à un poste qu'il ne connaît pas. Mais regardez la liste des arrières. Demain (entretien réalisé le 7 janvier), J.R. Smith, 1,98 m. 103 kilos (LaVine est mesuré à 1,96 m et surtout pesé à 83 kilos). Zach n'a pas encore compris qu'il doit utilisé sa vitesse lorsqu'il est plus petit que son adversaire. Il ne sait pas quoi faire dans cette situation. La plupart des sophomores NBA ne savent pas quoi faire dans cette situation."

... Dans une ligue qui mise tout sur la forme

[caption id="attachment_303729" align="alignleft" width="318"] Zach LaVine est à l'image de la jeune équipe des Timberwolves.[/caption] Mitchell n'épargne pas son jeune joueur mais il faut aller au-delà de la critique. LaVine est-il vraiment coupable ? Le coach donne des éléments de réponse. Comment demander à un joueur de réciter des gammes qu'il n'a jamais apprises ?
"Zach essaye juste de jouer. Il faut savoir jouer et réfléchir en même temps. C'est là que vous tenez quelque chose. Et quand je dis jouer et réfléchir, je ne dis pas qu'il faut être hésitant."
Zach LaVine est un symbole. Le symbole de cette jeunesse des Timberwolves douée, prometteuse mais qui a tant à apprendre. Le symbole d'un groupe de joueurs qui ont pris de mauvaises habitudes depuis leurs premiers pas dans le basket. Le symbole d'une franchise séduisante et spectaculaire qui a les atouts pour atteindre les sommets de la hiérarchie NBA si elle parvient à développer le potentiel de ses stars en herbe. Elle aura besoin de temps. Car il faut du temps et beaucoup de pratique pour casser le formatage AAU de ses champions. Il s'appelle Zach LaVine mais il peut aussi très bien se nommer Andrew Wiggins, Shabazz Muhammad ou Alex Len ou encore Emmanuel Mudiay. Car, finalement, Zach LaVine n'est qu'un cas  alarmant parmi tant d'autres en NBA.
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