Pourquoi vous devez regarder le meurtre de George Floyd

Un cri du cœur, un cri de révolte, après le meurtre de George Floyd, tué par la police dans les rues de Minneapolis.

Pourquoi vous devez regarder le meurtre de George Floyd
J’ai les larmes aux yeux. Pourtant, je ne connais pas George Floyd. Je ne vis même pas aux Etats-Unis. Et je ne suis pas noir. Mais je suis humain. Et en tant qu’humain, je suis profondément touché et meurtri par ces neuf minutes de vidéo, très difficiles à tenir. Regarder cette scène, celle où quatre policiers de Minneapolis ont tué un homme en pleine rue, peut ressembler à du voyeurisme. Mais comme le souligne le journaliste Daniel Schneidermann, au final, ça reste important de regarder. Pour comprendre. Comprendre ce qu’est la vie d’un afro-américain aux Etats-Unis. Et le peu de valeur qu’elle peut avoir aux yeux d’une partie de la population du pays… et d’une partie de la police. D’où le slogan « Black Lives Matter ». Ce ne sont pas que des mots. Plutôt un cri du cœur. Un appel de détresse pour tous ceux qui sont encore opprimés. Victimes du racisme. Des clichés. Des délits de faciès. Alors ces neuf minutes ne suffisent évidemment pas à capter tous les sentiments, les dangers et les humiliations que subissent les noirs au pays de l’Oncle Sam. Mais elles sont révoltantes et montrent à quel point la vie d’un homme peut être enlevée juste à cause de sa couleur de peau. Certains avanceront le contexte, et c’est vrai, aucune information n’est vraiment parlante prise hors de son contexte : pourquoi a-t-il été interpellé ? A-t-il été violent avec la police ? Voilà les premières questions que poseront les soi-disant défenseurs de la liberté pour justifier l’injustifiable : un meurtre. Un nouveau meurtre d’un noir par la police. Parce que quel que soit le contexte, rien n’autorise à tuer un homme froidement dans la rue en lui coupant la respiration pendant de nombreuses minutes. Sur cette vidéo, on voit que George Floyd était au sol. Il n’était pas armé. Il pleurait. Il suppliait l’officier de police d’enlever son genou de sa nuque. Il a dit qu’il les suivrait dans la voiture s’il le laissait respirer. Son assassin n’a pas bronché. Et George Floyd a fini par s’évanouir. Et par mourir. Devant des témoins, des passants, qui n’ont cessé de demander aux agents de le laisser respirer. Oui, ces huit minutes ne suffisent pas à comprendre. Mais elles démontrent le mépris qu’il peut y avoir envers un autre être humain. Et ce n’est pas comme si c’était nouveau. Ce meurtre rappelle aussi celui d’Eric Garner, étranglé à mort par un policier new-yorkais. Il y a tellement d’autres exemples. De quoi dégoûter. LeBron James, Steve Kerr, Stephen Jacksonnombreux sont les acteurs NBA à prendre la parole après cette nouvelle tragédie. Les athlètes noirs sont adulés quand ils rapportent des milliards de dollars aux franchises et font rêver la planète. Mais pour tous les autres, ceux qui n’ont pas la chance de dunker, ceux qui ne font pas vendre des chaussures ou des maillots, tous les autres sont en danger simplement en vivant en tant qu’afro-américains aux Etats-Unis. Seulement aux Etats-Unis ? Peut-on simplement se rassurer en pensant que ça ne se passe que de l’autre côté de l’Atlantique ? Combien de temps avant que cette violence non-contrôlée se propage ? Est-elle-même déjà là ? La France n’a certainement pas la même culture des armes et des cowboys mais peut-on fièrement se regarder devant un miroir en parlant de violences policières ou de discriminations ? Combien de temps allons-nous encore accepter ça ? Qu’aux Etats-Unis ? Nous avons déjà eu des exemples similaires, ici, en France ! Oui, il y a plus de cas là-bas. Mais un cas, c’est déjà trop ! C’est déjà trop ! Ces mots ne rendront pas la vie de George Floyd, comme l’écrit aussi Schneidermann. Ils ne combattront pas le problème non plus. Mais il est plus que temps de justement trouver comment combattre ça. Comment refuser cette situation. Parce que même en étant blanc, cette vidéo me donne la rage. La rage que nous, en tant qu’être humains, en soyons arrivés là. C’est pour ça que je veux que vous regardiez ces neuf minutes. Je veux que vous regardiez cette vidéo. Que vous soyez noir, blanc, jaune, violet. Je m’en contrefous. Vous devez la regarder. Pour que ça reste gravé en vous. C’est peut-être seulement comme ça qu’on s’en sortira un jour. REGARDER LA VIDÉO