Rasheed Wallace, l’éternel incompris fête ses 49 ans

Rasheed Wallace, l’éternel incompris fête ses 49 ans

Il y a des joueurs qui, même sans un palmarès aussi clinquant que celui des plus grands, marquent toute une génération. Rasheed Wallace, 49 ans aujourd'hui, fait clairement partie de ceux-là.

Jean-Sébastien BlondelPar Jean-Sébastien Blondel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / G.O.D.
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L’histoire est connue. C’est celle du mec au talent incroyable, mais au mental fragile qui fait une carrière plus que décente mais qui ne parvient jamais à exploiter pleinement son potentiel. Celle du mec qui a tout pour faire partie des cinq ou dix meilleurs joueurs de la ligue, mais qui se tire des balles dans le pied dès qu’il s’approche un peu trop du Graal. Vous voulez des noms ? J.R. Smith, Michael Beasley, Lamar Odom, Stephon Marbury ou encore Derrick Coleman, pour ne citer que certains des plus récents et des plus mémorables. Pourquoi raconter cette tragédie classique du sport professionnel une fois de plus ? Parce que celle réécrite par Rasheed Wallace est l’une des plus divertissantes et, surtout, l’une des rares qui finissent bien.

Insane In The Brain

Comme les autres, par contre, elle commence mal. Coaches, General Managers, propriétaires et dirigeants se gênent rarement pour critiquer sévèrement les jeunes divas immatures dont ils doivent subir les caprices et réparer les conneries, mais ils sont généralement moins prompts à se remettre en question.

Si les décisionnaires de feu les Washington Bullets avaient été un minimum compétents, ils se seraient arrangés pour ne pas se retrouver dans leur effectif avec trois jeunes pépites venant de deux des plus prolifiques machines à All-Stars universitaires et, pour couronner le tout, évoluant toutes les trois au même poste. Ils se seraient contentés de réunir Juwan Howard et Chris Webber, coéquipiers à Michigan, et de les entourer de vétérans capables de les encadrer convenablement.

Les dirigeants des Bullets n’étaient pourtant que des amateurs en matière d’incompétence dans la NBA du milieu des années 90. Les vrais pros de la décision conne se trouvaient à l’autre bout du pays, dans une petite ville tranquille de l’Oregon dont l’équipe de basket s’est lancé un jour un amusant défi : réunir le plus possible de jeunes joueurs à problèmes sous le même maillot et attendre d’eux qu’ils se transforment spontanément en professionnels aguerris. À la surprise générale, l’expérience, grâce aux quelques vétérans de l’effectif, a failli marcher.

Mais quand on joue au frisbee avec un boomerang, le moindre déficit d’attention se paie cash. Pris dans l’embouteillage au poste 4 lors de sa saison rookie à Washington, Rasheed Wallace s’est donc retrouvé à Portland, dans l’environnement parfait pour ne pas gagner en maturité.

À ses côtés lors de sa première saison aux Blazers : un rookie de 18 ans (Jermaine O’Neal), un scoreur égocentrique sans leadership (Isaiah Rider), un rival direct à son poste drafté lui aussi l’année précédente et qui n’a donc pas dû beaucoup apprécier son arrivée (Gary Trent), une légende du basket international aux plus belles années gâchées par les blessures, le régime soviétique et l’alcool (Arvydas Sabonis), une ex-future star déjà sur le déclin à 26 ans (Kenny Anderson) et un unique vestige de la mémorable ère Drexler trop synonyme de stabilité pour être conservé dans cette expérience chaotique (Cliff Robinson, qui signera à Phoenix l’été suivant).

Les changements apportés année après année donnent aux Blazers l’effectif le plus fourni de la ligue. Rasheed Wallace est ce qui se rapproche le plus d’un franchise-player, et il est vite évident qu’il pourrait en être un extraordinaire si l’envie lui en passait. Mais Rasheed s’en tape. Royalement. Il laisse même sa place dans le cinq de départ à Brian Grant. Portland atteint en 1999 la finale de conférence, où Rasheed brille pendant que ses coéquipiers disparaissent. Son talent ne fait plus le moindre doute.

Grâce à lui, les dirigeants des Blazers passent presque pour des visionnaires. D’autant qu’ils ajoutent à un roster déjà bien rempli trois anciens All-Stars : Scottie Pippen, Detlef Schrempf et Steve Smith. L’élément-clé de cet assemblage de stars est son joueur le plus énigmatique.

« Beaucoup de joueurs disent qu’ils se foutent des stats, mais avec Rasheed ce ne sont pas des paroles en l’air », expliquait Smith à Sports Illustrated.

« Quand on gagne, il est tout aussi heureux s’il a mis dix points que s’il en a mis trente. »

Sixième homme l’année précédente d’un collectif moins talentueux, il se transforme en meilleur scoreur d’une équipe qui vise ouvertement le titre.

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