Syracuse, ça tient du miracle

Un an après avoir été éclaboussés par un scandale, Syracuse et Jim Boeheim ont réussi un invraisemblable exploit en atteignant le Final Four du Tournoi NCAA.

Syracuse, ça tient du miracle
Il y a un an presque jour pour jour, la NCAA annonçait la suspension pour 9 matches de Jim Boeheim, l'annulation de près d'une centaine de victoires en 10 ans pour Syracuse et le retrait de 12 bourses fournies par l'université située dans l'état de New York. En cause, une gestion globale douteuse et peu regardante, des joueurs qui auraient dû être inéligibles et ne jamais porter le maillot des Orange sur un terrain de basket, de football US ou de baseball, d'autres qui ont bénéficié d'avantages extra-sportifs illégaux, mais également quelques contournements des règles anti-dopage... D'aucuns imaginaient que cette sanction serait un coup d'arrêt fatal pour Boeheim, dont le parcours immaculé depuis 40 ans en avait fait l'un des coaches les plus populaires du pays. Mais le vétéran a de la ressource, comme il l'a prouvé lors du Tournoi NCAA en cours. Sans véritable starlette, ni joueur annoncé parmi les lottery-picks de la prochaine Draft et sans aucune attente sportive ou presque, Syracuse devait vivre une saison de transition, avant de se reconstruire progressivement en recrutant des talents du coin. L'expérience et le savoir-faire de Boeheim, 71 ans, ont permis à "Cuse" d'être aujourd'hui l'une des quatre équipes encore en course pour remporter le titre.

Jim Boeheim, ce génie

Déjà surprenants contre Gonzaga, Malachi Richardson et ses camarades ont carrément accompli un petit miracle face à Virginia, tête de série n°1 dans la partie Midwest du tableau. A côté de la plaque pendant une mi-temps, les petits gars de Boeheim ont exécuté à merveille le plan de leur coach pour remonter un retard (historique à ce stade de la compétition) de 16 points : une alternance entre un pressing tout-terrain à la limite du soutenable sur le plan physique et une application parfaite de la zone 2-3 perfectionnée par Boeheim avec le temps. Une stratégie défensive que le vénérable Coach K appelle encore aujourd'hui la "Syracuse Defense". La qualité de shoot de Richardson et la panique créée chez les Cavaliers ont boosté Syracuse, lui permettant de devenir la première équipe de l'histoire classée n°10 au début du Tournoi à atteindre le Final 4. Cette épopée fait presque autant grincer des dents qu'elle ne suscite l'admiration. Les anciens de la fac, comme Carmelo Anthony ou Derrick Coleman, n'ont pas masqué leur enthousiasme, là où d'autres décrivent Syracuse comme "le plus vilain petit poucet de l'histoire", en raison des exactions commises ces dernières années et qui ont conduit aux sanctions évoquées plus haut. Il faut dire que les détracteurs de Boeheim ne s'attendaient certainement pas à ce que son équipe aille aussi loin dans la compétition. A Las Vegas, seul quatre paris annonçant la victoire finale des Orange au début du tournoi ont été enregistrés, la cote des champions 2003 (leur seul titre à ce jour) étant établie à 1000 contre 1 ! L'un des quatre parieurs a misé 100 dollars, ce qui pourrait lui rapporter 100 000 dollars au cas où l'aventure de "Cuse" se prolonge jusqu'à un improbable sacre...