La NBA arrive gentiment à la moitié de la saison. Certaines équipes ayant déjà passé la barre des 41 matchs. C'est l'occasion de voir ce qu'ont donné nos 14 frenchies jusqu'à maintenant.
Avant cela, petite mention pour Killian Hayes. Aux Nets, dans une équipe composée de joueurs de G-League, il n’a toujours pas gouté à la NBA cette saison. Son pourcentage de loin est toujours sous les 30% avec les Long Island Nets. Il n’a longtemps visé que la NBA mais, à moins d’une trouvaille comme un changement de sa mécanique qui améliorerait magiquement ses pourcentages, son avenir s’inscrit probablement loin de la grande ligue.
- Nicolas Batum
Dans une équipe des Clippers qui fait un surprenant 5è à l’ouest, Batum ne surprend pas. Notre glue guy par excellence fait ce qu’il fait depuis quelques années maintenant, c’est-à-dire un mix entre ce qu’on lui demande et ce que le jeu exige. Il joue moins (18 minutes/matchs contre 25 sur ces dernières années sous Lue) et ses stats, toutes ses plus faibles en carrière, s’en ressentent. Mais personne ne s’en soucie. A raison.
- Bilal Coulibaly
Très belle progression pour le sophomore toujours aussi bon en défense alors qu’il doit se coltiner le meilleur attaquant adverse tous les soirs du poste 1 au poste 4. Il avait annoncé pendant l’intersaison qu’il ne voulait pas se contenter d’un rôle de 3&D en NBA, Washington lui donne l’occasion de créer balle en main malgré la présence de Poole, Brogdon et Kuzma dans l’effectif. Il a prouvé dans cette première partie de saison qu’il en avait la capacité, montrant une belle vision du jeu (3,4 assists/game contre 1,7 l’an passé) et une facilité à attaquer le panier balle en main. Pour devenir une réelle menace sur pick & roll, il devra cependant (grandement) améliorer son tir à 3 points (29% alors que la grande majorité de ses shoots sont ouverts) car aujourd’hui, son défenseur peut passer sous l’écran sans crainte d’être puni de loin. Autre point positif, qui donne de l’espoir pour le développement de son shoot de loin, sa progression aux lancers, passant de 70 à 78%. L’avenir s’annonce radieux pour Bilal.
- Sidy Cissoko
Quasiment toujours présent sur le banc des Spurs, il n’a droit qu’au garbage time. L’équipe tournant bien, il y a peu de chances que ça change. L’expérience de la vie aux Etats-Unis est sûrement enrichissante mais pour progresser il vaut mieux jouer au basket que de regarder des matchs courtside. Son contrat n’est pas garanti la saison prochaine. A voir ce que les Spurs (qui auront sûrement, suivant les protections, 3 premiers tours de draft cette année) décident.
- Pacôme Dadiet
Comme on s’y attendait, excepté sur 3-4 matchs sur lesquels il a d’ailleurs été loin d’être ridicule, quasiment pas de temps de jeu chez les Knicks de Thibodeau qui ont décidé de le laisser se développer avec la G-League depuis fin novembre. Mis à part une cascade de blessures, on imagine mal le français intégrer la rotation d’un prétendant au titre.
- Moussa Diabaté
Profitant des blessures de Nick Richards et Mark Williams, Diabaté, en contrat two-way, a eu une période avec beaucoup de temps de jeu aux Hornets. Il a maximisé cette chance en devenant en quelques matchs seulement un fan favourite à Charlotte. Pivot sous dimensionné (2m06), Moussa compense par son explosivité et une énergie débordante qui en font un très bon défenseur. Ultra mobile, sa présence sur le parquet permet un switch all au besoin. Sa science du rebond est juste incroyable et il figure dans le top 10 de la ligue en rebonds par minute avec 0,38. Les Hornets pouvaient bien trader Nick Richards aux Suns, son remplaçant est déjà dans le roster. On espère donc encore plus de temps de jeu dans la deuxième partie de saison pour signer un contrat garanti. Et pourquoi pas chez un contender qui a besoin d’un energizer en sortie de banc.
- Ousmane Dieng
Troisième saison à OKC pour Ousmane. Un signe ne trompe pas, son temps de jeu est en baisse chaque saison. Il est vrai qu’Oklahoma est un favori au titre et qu’il est dur d’y faire sa place. Envoyé avec l’équipe de G-League depuis le début de l’année civile, il y fait ses stats. Trop fort pour la G-League, pas assez pour le Thunder. Un trade! Vite!
- Rudy Gobert
Minnesota a perdu la flamme qui les animait la saison passée et Rudy avec. Le vétéran continue à faire son boulot. Ni plus, ni moins. Il est toujours un protecteur de cercle élite (même s’il ne tourne « plus qu’à » 1,5 blocks/game), un des meilleurs screeners de la NBA et il tourne toujours en double-double de moyenne mais à 10 points/game seulement, soit son plus faible total depuis 10 ans. Il est vrai que le départ de KAT, qui le cherchait régulièrement dans cette relation grand-grand, n’aide pas. D’autant plus quand son remplaçant est Julius Randle qui est à la lutte avec Cam Thomas pour déterminer qui peut avoir le plus gros ratio : nbre dribles + nbre tirs / nbre passes. Chris Finch essaie souvent de jouer avec un 5 plus petit, sans Gobert, en cours de match. Un fer à cheval qui arrose. Parfois avec réussite. Le trade de KAT a prouvé que les Timberwolves étaient plus intéressés par leurs finances que la compétitivité de leur équipe. L’extension raisonnable (20% du cap) signée cet automne par Gobert peut-il le rendre tradable ? Pas sûr. Dans tous les cas, Rudy continuera à essuyer les critiques et les moqueries sans répondre. Et il continuera à être professionnel.
- Zaccharie Risacher
Trae Young avait prévenu. Tout premier choix de la draft qu’il est, les Hawks n’allaient pas demander à Risacher de créer balle en main. Il n’avait pas menti. Cantonné à un rôle de 3&D, Zaccharie a eu ses tickets shoot en début de saison. Il a déçu. 28% à 3 points seulement alors qu’il est ouvert sur la majorité de ses tirs. Il semble avoir perdu légèrement la confiance du staff (qui le limite à 12-15 minutes quand l’effectif est au complet) mais aussi de ses coéquipiers (qui ne le servent plus systématiquement quand il est ouvert derrière la ligne). Côté D, Risacher a peu de chance de se mettre en valeur puisque c’est Jalen Johnson qui s’occupe du meilleur ailier adverse. Il y a malgré tout du positif à retenir de sa première partie de saison. Il n’hésitait pas à attaquer les close out et a pu montrer sa palette très, très large de finitions au panier (Dunk, changement de main en l’air, absorption de contact et and one, reverse layup). Fatigue due au calendrier NBA ou baisse de confiance en lui, il semble moins attaquer le panier depuis quelques matchs, vu son adresse de loin c’est pourtant là où il doit aller chercher ses points. Atlanta est à la lutte pour les playoffs et devrait continuer à faire jouer ses joueurs plus aguerris aux joutes NBA. Il faut espérer que les Hawks ont un plan à long terme pour le fils de Stéphane. Il serait dommage de limiter un tel prospect à un rôle aussi restrictif.
- Rayan Rupert
Loué par Chauncey Billups, réputé gros travailleur, le petit frère d’Iliana doit malgré tout se contenter des miettes (9 minutes/game) cette année avec les Blazers. Sur son poste de 2-3, il a devant lui l’expérimenté Avdija, le talent supérieur Shaedon Sharpe, Banton qui est capable de créer pour lui balle en main, Toumani Camara qui discute pour une place pour une all-nba défensive team et Kris Murray. C’est évidemment à ce dernier, moins bon défenseur que lui, de 4 ans son ainé, et pas nécessairement meilleur shooteur (28% de loin contre 30% pour le français), que Rupert doit gratter les minutes. Espérons que les Blazers et Billups réalisent que ce n’est pas le jumeau Keegan qui est dans leur roster et permettent à Rayan de montrer qu’il mérite sa place en NBA.
- Tidjane Salaün
Haut choix de draft car son plafond potentiel parait très haut, le petit frère de Janelle a ses minutes (19 par match) sur un poste d’ailier où les Hornets ont des joueurs très talentueux devant lui (Bridges, Miller). Avec son corps NBA ready, il est déjà intéressant défensivement et très discipliné sur les rotations. En bon rookie, il se fait régulièrement prendre sur des feintes de papa mais rien d’inquiétant. De l’autre côté du terrain, doté d’une grande confiance en lui, il ne refuse jamais un shoot ouvert, même deux mètres derrière la ligne, malgré une adresse derrière l'arc très moyenne (28%) et n’hésite pas à attaquer les close out malgré un dribble à parfaire. Il affiche une envie communicative, n’hésitant pas à montrer ses émotions positives. Apprécié par son entraineur, il joue tout de même moins (autour de 12-15 minutes) quand l’équipe est au complet. A moins d’un trade ou d'une décision du front office de tanker ouvertement, rien ne laisse penser que la seconde partie de saison sera différente avant un été qu’on espère très studieux pour Tidjane. En effet son handle est à améliorer (mais tout est à améliorer à cet âge là) mais surtout, sa mécanique de shoot semble à changer. Son shoot qui démarre au niveau du bassin met trop de temps à partir pour être une arme redoutée en NBA.
- Alexandre Sarr
Le potentiel de Sarr est si intrigant avec sa combinaison de taille, mobilité, sa capacité à poser la balle au sol et son tir fluide qu’il a été sélectionné en deuxième position à la draft malgré une saison en NBL où il a souvent fait son âge. Le jeune français est en train de donner raison aux Wizards. Il est déjà un protecteur de cercle de bon niveau avec 1,6 blocks/game et progresse chaque jour de ce côté du terrain. Menace évidente sur pick & roll, il est également capable de poper avec un très intéressant 32,5% de loin. Son dribble et sa vitesse le rendent difficile à défendre pour des postes 5 classiques et il est, en plus, en train de développer un hook à 4-5 mètres avec lequel il a l’air très à l’aise et qui peut clairement devenir son go to move, notamment quand il le prépare avec un petit dribble renversé ou une feinte de dribble renversé. Mais la plus grosse surprise concernant Sarr, car il ne l’avait jamais vraiment montré avant son arrivée en NBA, est sa capacité à passer et voir le jeu. Avec déjà plusieurs matchs à 5 assists, il peut devenir un facilitateur de jeu pour les Wizards. Savoir faire plein de choses avec un ballon est une chose. Réussir à le faire soir après soir dans la grande ligue en est une autre. C’est précisément ce qu’arrive à faire le français et pourquoi il est à la lutte pour le ROY. Après Coulibaly l’année dernière, Washington semble être la destination idéale pour se développer pour les jeunes français. Si Nolan Traore pouvait être le prochain sur la liste…
- Armel Traoré
Le grand frère de Nolan a gouté à la NBA cette saison, participant à 8 matchs avec les Lakers. Partager le parquet avec Lebron James et avoir plus de minutes que Bronny James est déjà mieux que ce que beaucoup attendaient pour Armel. Nul doute que cette expérience sera utile pour la suite de sa carrière.
- Victor Wembanyama
Que dire qui ne l’a pas encore été sur l’alien ? Dans son année sophomore, il fait déjà partie, au bas mot, des 20 meilleurs joueurs de la ligue et est en route pour remporter son premier DPOY. Son talent, couplé au recrutement de Chris Paul et celui moins médiatisé mais tout aussi important d’Harrison Barnes, peut faire des Spurs une équipe au bilan positif cette saison. Comme attendu, toutes ses stats (ou presque) sont en hausse. Ou presque car de manière un peu surprenante, il y a une petite baisse, négligeable (-0,2 par match), mais une baisse tout de même de son nombre de passes décisives. Sa compréhension du jeu s’améliorant avec l’expérience, les espoirs de le voir approcher les 5 assists/game existaient, ça ne devrait pas être le cas cette saison (3,7 assists/game à date). Côté point positif rarement signalé : son efficacité aux lancers (87% contre 80% l’an passé) n’est pas à négliger. Lui, qui expliquait se sentir à l’étroit, à l’arrêt, sur la ligne de réparation, a semble t-il trouvé la formule. En extrapolant il n’est plus à l’étroit non plus dans les situations de catch & shoot à 3 points où il affiche le pourcentage hallucinant de 47,5% (+ 20 points par rapport à l’année dernière). Tant que son corps tient la question n’est plus si il sera un jour le meilleur joueur du monde mais quand.
- Guerschon Yabusele
Il était attendu pour être le poste 4 parfait pour évoluer entre Paul George et Joël Embiid. Les blessures du MVP 2023 ont poussé Nick Nurse à faire jouer Guerschon poste 5. Mesuré légèrement au dessus de deux mètres, impossible d’exister sur le poste de pivot dans la ligue la plus athlétique du monde à cette taille là. Mais comme impossible n’est pas français, Yabusele fait plus qu’exister. Il est (avec le rookie McCain) le rayon de soleil aux Sixers cette année. 10 points, 5,5 rebonds, 2 passes, 40% à 3 points pour un salaire de seulement 2 millions. Tout simplement un des meilleurs contrats de la ligue. Il sera intéressant dans la deuxième partie de saison de le voir, enfin, jouer là où il est le meilleur, en 4. Ce qui ne devrait que faire augmenter sa cote. Il sera alors temps de récolter ce qu’il a semé et signer le contrat d’une vie à l’intersaison.