Pourquoi les Chicago Bulls dominent l’Est

Les Chicago Bulls sont la sensation du début de saison dans la Conférence Est. Voici pourquoi ils ont pris tout le monde par surprise.

Pourquoi les Chicago Bulls dominent l’Est

Leader de la Conférence Est après leur victoire dans le clutch contre Philadelphie dans la nuit du mardi 4 novembre, les Chicago Bulls débutent parfaitement leur exercice 2025-2026, repartant sur les mêmes bases que la fin de saison dernière, où ils avaient remporté 15 victoires sur 23 matches à partir de mars. Dans cette vidéo, on va voir comment Billy Donovan a mis en place une organisation qui marche en attaque et qui tient la route en défense mais surtout, est-ce que ces bons résultats sont viables pour le reste de la saison ?

Avec 6 victoires et 1 défaite pour démarrer la saison, les Bulls trustent donc la première place de la conférence Est. Après deux semaines de compétition, Chicago figure à la 10e place à l’offensive rating, avec 118,3 points marqués sur 100 possessions mais aussi à la 10e place au defensive rating avec 113,2 points encaissés sur 100 possessions. Ce qui lui permet d’avoir un différentiel, ou plutôt ce qu’on appelle un net rating, de +5,1 points. Ce qu’il faut comprendre, c’est que les Bulls sont performants des deux côtés du terrain. Mais ce qui nous intéresse vraiment, c’est de savoir comment ils s’y prennent pour l’être.

L’avantage concurrentiel des Bulls

L’an passé. Malgré un bilan de 39 victoires et 43 défaites, les Bulls étaient une équipe plaisante à voir jouer et qui mettait beaucoup de rythme. Ils avaient notamment la deuxième plus grosse pace de NBA, c'est-à-dire qu’ils étaient la deuxième équipe qui jouaient le plus de possessions par match avec 102,8 possessions par match. Cette saison, Chicago est reparti sur les mêmes bases, puisqu’il joue 101,6 possessions par match. Mais la Ligue dans son ensemble l’a rattrapé et les Bulls ne figurent qu’au 12e rang au niveau de la Pace. Mais le plus important, et c’est là où la patte de Billy Donovan se ressent vraiment, c’est la qualité des tirs pris.

Sur ce début de saison, les Bulls sont premiers dans ce que l’on appelle le location effective field goal %, c’est une statistique qui estime l’efficacité théorique d’une équipe selon l’endroit où elle prend ses tirs. Cette statistique prend en compte l’efficacité moyenne de la Ligue sur chaque distance et donne un pourcentage d’efficacité globale théorique. Exemple concret: les Bulls prennent 43,2% de leurs tirs au niveau du cercle. Ce qui est le plus haut total de NBA. Et la moyenne de la ligue au niveau de l’efficacité de ces tirs est de 67,4%, ce qui donnerait théoriquement 58 points marqués sur 43 tirs pris au cercle. Les tirs à mi-distance, qui sont les tirs les moins rémunérateurs car ils ne valent que deux points avec une réussite moyenne de 42,6%, ne représentent que 20,9% des tirs de Chicago. Ce qui donnerait donc théoriquement 18 points supplémentaires sur 21 tirs pris à mi-distance.

Enfin, les tirs à 3 points, qui sont les tirs les plus rémunérateurs après les tirs au cercle car ils valent un point en plus avec une réussite moyenne de 36%, représentent 35,9% des tirs totaux des Bulls, ce qui donnerait 39 points supplémentaires sur les 36 tirs restants sur un total de 100 tirs. En théorie, la fréquence des tirs pris par Chicago leur rapporterait 115 points sur 100 tirs, s’il tirait à un niveau moyen à chaque distance. Les Bulls dominent donc la NBA au niveau de la rentabilité théorique des tirs pris.

Et c’était déjà le cas lors de l'intégralité de la saison 2024-2025, donc il s’agit vraiment d’une consigne macro-tactique donnée par Billy Donovan, qui permet aux Bulls d’avoir un avantage concurrentiel.

Le bémol, c’est que les Bulls avaient l’an passé un niveau d’efficacité réelle médiocre au niveau du cercle, et bien inférieur au niveau moyen de NBA, et ils étaient juste à la moyenne à trois points. Sur ce début de saison, c’est légèrement différent. Les Bulls sont toujours aussi médiocres au cercle avec 61,8% de réussite seulement alors que je rappelle que la moyenne en NBA est de 67,4% sur ces tirs. Heureusement, la haute fréquence sur ces tirs, qui pour rappel représentent 43,2% des tirs des Bulls, compense cette inefficacité.

Mais là, où c’est vraiment différent, c’est dans la réussite des tirs à mi-distance et à trois points. À mi-distance, les Bulls sont 7e de la Ligue avec 44,9% de réussite, ce qui est mieux que la moyenne qui est à 42,6% sur ces tirs. Et pour ça, les Bulls doivent particulièrement remercier Nikola Vucevic et l’efficacité de ses floaters puisqu’il a rentré 19 de ses 28 tentatives, soit 68% de réussite. Et sur les tirs à 3 points, les Bulls sont tout simplement 3e de la Ligue avec 40,2% de réussite, ce qui est largement au-dessus de la moyenne qui demeure à 36%. Mais plus que les chiffres, il faut comprendre comment les Bulls se créent ces bons tirs.

Chicago Bulls

Run-and-Gun et motion offense

Si Chicago parvient à prendre autant de tirs au cercle et à trois points, c’est grâce à son jeu rapide: la contre-attaque et la transition ou early offense. C’est simple, Chicago prend 42,3% de ses tirs dans les 9 premières secondes de possession. Les Bulls pratiquent donc un Run-and-Gun hyper plaisant à voir et qui porte ses fruits en grande partie grâce à Josh Giddey, qui est un véritable accélérateur de particule. L’Australien figure à la 3e place de la Ligue au nombre de points marqués sur les contre-attaques avec 5,4 points par match sur cette phase de jeu, n’étant devancé que par Giannis et Donovan Mitchell. Les Bulls sont d’ailleurs 10e en NBA sur les points marqués sur contre-attaque avec 17,4 points marqués par match. Ils pourraient même être meilleurs s’ils faisaient plus d’interceptions. Chicago est l’une des équipes qui provoque le moins de pertes de balle à son adversaire.

Par contre, sur transition, que l’on distingue de la contre-attaque par le fait que la défense adverse est à égalité numérique mais pas encore tout à fait en place, les Bulls sont premiers de NBA avec une fréquence de 28,3% et 35,7 points marqués par match. Ce sont surtout sur ces phases de jeu, après rebond, que les Bulls excellent et se créent de bons tirs. Sur attaque placée sur demi-terrain, Chicago est moyen avec 98,4 points marqués sur 100 possessions sur demi-terrain, et cela sans se donner une marge supplémentaire avec les rebonds offensifs puisqu’il affiche juste un niveau moyen dans cette catégorie.

Josh Giddey, le leader des Bulls voit plus loin qu'un 5-0

Sur demi-terrain, les Bulls arrivent pourtant à se créer des bons tirs notamment grâce au écran porteur entre petit qui créent de la confusion dans les défenses et dont profitent généralement Josh Giddey ou Kevin Huerter, qui est souvent utilisé en poseur d’écran et qui aiment “ghoster” ou glisser ses écrans, c’est-à-dire qu’il va s’écarter à trois points ou rouler au cercle avant même de réellement poser l’écran ou juste après l’avoir fait. Ce genre d’actions a tendance à ouvrir des couloirs de drive ou des tirs ouverts à 3 points. Les Bulls aiment aussi faire des passes suivies immédiatement d’un écran du passeur. Vucevic est aussi régulièrement utilisé en tour de contrôle depuis le poste haut, ce qui entraîne du Split action de la part des ailiers, inspirés de l’attaque en triangle des Bulls, avec des écrans non porteurs pour libérer un shooteur à 3 points ou une coupe au panier.

Chicago anime également son attaque avec des principes de mouvement sur les drives, qui libèrent des espaces et donnent des tirs ouverts au cercle ou à 3 points. C’est moins automatisé et systématique que ce que propose le Heat et sa Circle Offense mais c’est utilisé à bon escient et efficace. Si les Bulls sont aussi adroits à 3 points, c’est surtout parce qu’ils génèrent des tirs ouverts grâce au mouvement sur attaque placée et transition. Ce qui booste nettement l’attaque des Bulls, c’est que 5 joueurs, Giddey, Vucevic, Buzelis, Pat Williams et Dosunmu prennent 4 tirs à trois points par match et affichent plus de 40% de réussite jusque-là.

Par contre, les Bulls ont trop de déchet sur les tirs au cercle sur demi-terrain, notamment Matas Buzelis qui montre pourtant une belle agressivité mais qui n’est pour le moment pas assez efficace, sans doute pour des raisons d’ordre physique plutôt que technique. De son côté, Ayo Dosunmu s’affirme de plus en plus comme un scoreur intéressant et efficace en sortie de banc. L’arrière tourne à 68% au cercle et 48% à trois points, ce qui représente 90% des tirs qu’il prend. Il a passé les deux derniers matchs en tenue de civil mais c’est clairement un joueur à suivre de près pour la suite de la saison.

Une défense propre, à défaut d’être élite

Après avoir longuement parlé de l’attaque, intéressons-nous désormais à la défense de Chicago. Les Bulls ont donc le 10e meilleur defensive rating de NBA, avec 113,2 points encaissés sur 100 possessions sans pour autant exceller dans un domaine en particulier. Le seul domaine défensif où les Bulls sont proches d’être élites, c’est au niveau du rebond défensif. En effet, les Bulls sont 6e au Defensive Rebound%, ce qui est le pourcentage de rebond défensif capté sur un tir manqué de leur adversaire, avec 26,2%. Les Bulls minimisent donc la casse en étant disciplinés au rebond, ne laissant une deuxième chance de marquer à son adversaire qu’une fois tous les quatre tirs. Et c’est très important car les Bulls n’ont pas de protecteurs de cercle d’élite. Au premier abord, ils ne sont pas dissuasifs donc se font énormément cibler dans la peinture. Les Bulls sont d’ailleurs l’équipe qui concède le plus de tirs au cercle avec 40,4% de fréquence. Miraculeusement, Chicago ne concède que 63,3% de réussite sur ces tirs notamment parce que Matas Buzelis et l’étonnant Kevin Huerter parviennent à limiter les dégâts au cercle avec de nombreux contres.

L’autre gros facteur déterminant de la défense de Chicago, c’est qu’elle concède très peu de tirs à 3 points seulement 31,7% de fréquence alors que la moyenne NBA est de 38,3%, mais surtout avec une faible réussite adverse: seulement 34,2% de réussite alors que la moyenne NBA est à 36%. Il s’agit d’un vrai choix défensif avec des rotations qui sont au point pour limiter les tentatives derrière l’arc mais Chicago a aussi un brin de chance concernant la maladresse adverse. Les Bulls ont aussi le mérite de provoquer peu de fautes sur tir. Seulement 21,6%, ce qui les classent neuvièmes de NBA dans cette catégorie. Comme indiqué précédemment, les Bulls ne se donnent pas de marge avec les pertes de balle provoquées, vu qu’ils sont avant-dernier du classement dans cette catégorie. Les Bulls se contentent d’être propres défensivement en faisant peu de fautes, en ne concédant pas beaucoup de rebonds offensifs, et en ayant pour le moment un surplus de réussite ou de chance sur les tirs au cercle et à 3 points adverses.

Est-ce durable ?

La grosse question que l’on peut se poser: c’est de savoir si les Bulls peuvent tenir ce rythme et figurer dans le Top 4 de l’Est à la fin de la saison régulière. Offensivement, les Bulls ont une organisation et une stratégie pertinentes qui optimisent leur niveau. Maintenant, si leur adresse à 3 points baisse, ça peut changer beaucoup de choses surtout que les équipes adverses vont s’ajuster et essayer de freiner au maximum leur jeu de transition. Après, il faut aussi rappeler qu’un joueur comme Coby White, qui a montré d’excellentes choses sur les années précédentes et qui est une arme pour se créer ses propres tirs, devrait bientôt faire son retour et pourrait booster encore plus booster l’attaque des Bulls. Dans tous les cas, Chicago a un plan de jeu offensif cohérent qui pourrait lui permettre de figurer dans le Top 10 des attaques NBA jusqu’à la fin de la saison, et ça, c’est clairement à mettre au crédit de Billy Donovan.

Défensivement, les Bulls sont plus en danger. Ils n’ont pas forcément les armes dans leur effectif pour être vraiment plus performants dans la protection de cercle et concéder autant de tirs au cercle est risqué pour la suite. La réponse viendra peut-être de schémas plus agressifs, qui pourrait leur procurer plus d’opportunités de contre-attaques ou du moins de faire baisser les munitions adverses en provoquant plus de pertes de balle. Dans tous les cas, les Bulls doivent conserver leur discipline aux rebonds défensifs pour se maintenir à un bon niveau.

Avec un peu de chance, les adversaires des Bulls continueront de mal tirer à 3 points et au cercle contre eux, et c’est qui pourraient leur permettre de se maintenir dans le Top 10 de NBA. De mon point de vue, le vrai niveau des Bulls se situe plutôt au niveau de la moyenne en défense, soit un defensive rating de 115 points encaissés sur 100 possessions par match plutôt que les 113,2 points actuels.

En attaque, je pense que les Bulls peuvent maintenir un niveau de 118 points marqués sur 100 possessions en moyenne sur le reste de la saison, ce qui leur donnerait un net rating de +3, ce qui suffirait pour en faire un Top 4 à l’Est. Les matchs à venir en ce mois de novembre nous donneront une bonne indication sur le niveau réel des Bulls, vu qu’ils vont prochainement affronter Milwaukee, Cleveland, les Spurs, les Pistons, les Nuggets et les Blazers. Mais ce qu’il faut retenir, c’est que les Bulls sont peut-être l’équipe la plus agréable à voir jouer en NBA et ça, c’est déjà une énorme victoire pour les fans de Chicago !

Article très intéressant. Pourrait on imaginer un dossier sur la circle offense du heat?
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Salut Fred,

Super article, perso je suis en kiff totale sur ce début de saison.
Merci de parler de l’influence du triangle de Winter, faite pour un pivot à l’origine et qui va comme un gant à Vucevic.

Y a aussi le fait que l’effectif est long, que beaucoup de joueurs apportent, maintiennent un rythme et une efficacité défensive.

A chaque match, un joueur à apporter plus que prévu ! patou Williams, Smith, Buzelis ou Huerter.
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Très bel article sur les bulls, merci.

Je suis aussi très content pour le Vooch dont tout le monde voulait se débarrasser.
J'aime aussi beaucoup ce que propose Les Trail Blazers.
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