Aaron Gordon, un prospect qui fait gagner

Aaron Gordon n'est pas le prochain Blake Griffin. Il ne fait pas rêver les foules comme Andrew Wiggins ou Jabari Parker. Mais il a la cote. Décryptage d'un ailier promis au top 10 de la draft.

Antoine PimmelPar Antoine Pimmel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Focus
La draft est l’un des événements les plus excitants de l’année pour les amateurs de NBA. Pendant des semaines, on spécule sur le futur de jeunes prospects qui n’ont encore – pour la plupart – jamais joué avec des basketteurs professionnels. On imagine les meilleurs et les pires scénarios pour leur carrière, on analyse leurs qualités et leurs défauts, on met en place des mocks draft… en résumé, on se met dans la peau d’un GM. Et on adore ça. Un bon choix de draft est le résultat de plusieurs facteurs comme la chance, la supervision d’heures entières de scouting report, d’interviews et autres workouts. Et même après toutes ces étapes, on ne connait réellement le potentiel d’un joueur seulement après que ce dernier ait passé plusieurs saisons en NBA. Le mystère entoure les prospects. Parmi eux, on retrouve Aaron Gordon. 18 ans, 2,06 m, 102 kilos. Formé aux Wildcats d’Arizona. Il se dit que cet ailier mobile ne sait pas shooter. Il se dit que c’est un phénomène athlétique. Il se dit surtout qu’une grande majorité de GM apprécieraient son profil. Dans sa Mock Draft, notre spécialiste Aleph le classe en huitième position. Même place pour DraftExpress. Chad Ford d’ESPN le voit aux Los Angeles Lakers, titulaires du septième choix. D’où la première interrogation : comment un joueur présenté comme un attaquant moyen et un piètre shooteur – à tort ou à raison (nous y reviendrons) – peut-il être drafté aussi haut ?

La fausse comparaison avec Blake Griffin

Autre joie de la draft, celle de comparer tous les prospects avec des joueurs actuels ou passés par la NBA. X sera le nouveau Y et ainsi de suite. Il est toujours intriguant de mettre en relation les nouveaux entrants avec des anciennes gloires. Et effectivement, certains présentent des caractéristiques similaires avec d’autres basketteurs. Quoi de plus logique. Pour Aaron Gordon, le nom de Blake Griffin a été avancé. Voici la réaction d’un scout interrogé par Grantland au sujet de cette comparaison :
[superquote pos="d"]"Je ne suis même pas sûr que ce soit une menace offensive" un scout NBA.[/superquote]« Il n’en est même pas proche. Blake pesait près de 113 kilos lorsqu’il s’est présenté à la draft. Il marquait plein de points à l’université, comme un vrai scoreur. Ce gamin (Aaron Gordon) ne fait pas ça. Je ne suis même pas sûr que ce soit une menace offensive. »
Aaron Gordon est un poil plus petit que Blake Griffin mais il ne dégage pas la même puissance. En revanche, comme « Quake », on parle là d’un jeune joueur extrêmement athlétique, capable de décoller dans les airs rapidement et de dunker férocement sur un adversaire.

Le rapprochement avec Shawn Marion

Gordon se distingue donc pour ses qualités athlétiques hors norme mais aussi pour sa défense et sa polyvalence. Trois caractéristiques qui ont longtemps définies Shawn Marion, l’ancien joueur des Phoenix Suns désormais en fin de carrière (mais toujours précieux) aux Dallas Mavericks.
« C’est un poste quatre sous-dimensionné mais il joue comme un ailier. Il présente des similitudes avec Andreï Kirilenko et Shawn Marion. Il ne peut pas contenir des mecs comme LaMarcus Aldridge, Kevin Love ou Blake Griffin mais il peut défendre sur les postes trois », poursuit le même scout.
Aaron Gordon est suffisamment mobile, athlétique et puissant pour défendre sur les meneurs les moins rapides, les arrières, les ailiers et les intérieurs les moins costauds. Il joue avec énergie, passion, dureté et il se bat pour recouvrir sur les écrans. Il dévie les ballons. Il prend des rebonds. Il contient son adversaire sans faire faute. Autant de qualités essentielles au succès d’une équipe et assez rares chez les jeunes prospects.

Le jeu offensif

La défense est donc clairement son principal attribut et c’est ce que les dirigeants retiendront au moment de miser sur lui. Aaron Gordon n’est pas la première option offensive et il le sait.
« Jabari Parker prendra un million de mauvais tirs. Aaron sait qu’il ne peut pas les prendre », enchaîne un autre scout.
Il inscrivait 12,4 points à 49,5% aux tirs et 35,6% à trois-points derrière l’arc en 31,2 minutes de jeu pour sa première et unique saison avec Arizona. Son adresse de loin est trompeuse : il n’a tenté sa chance derrière l’arc qu’à 45 reprises. Reste également à savoir s’il est en mesure de maîtriser la distance NBA. On peut déjà anticiper la réaction des défenseurs adverses lorsqu’Aaron Gordon sera aligné à l’aile. Si un joueur A met en place un pick&roll avec un joueur B – avec Gordon placé dans l’aile ou dans le corner – on peut déjà imaginer que son vis-à-vis fera un pas supplémentaire vers la raquette afin de fermer une éventuelle pénétration de A ou de B, quitte à laisser un peu plus d’espace à Gordon pour shooter.
« Les prospects progressent aux tirs et deviennent plus fort physiquement en arrivant dans notre ligue. Ce sera sans doute le cas pour Aaron Gordon », prévient déjà un scout.
Deux caractéristiques qui pourraient faire basculer le champion du monde U19 dans une autre catégorie. Il sait déjà qu’il n’y aura pas de systèmes offensifs pour lui, pas d’isolations. Il ira chercher ses points en transition, aux rebonds offensifs, sur pick&roll et en coupant. C’est déjà suffisant pour accrocher la dizaine de points par match.

L’attitude

[caption id="attachment_117994" align="alignleft" width="300"] Aaron Gordon, meilleur joueur du championnat du monde U19 l'été dernier.[/caption] Les aptitudes psychologiques des prospects sont au moins aussi importantes que leurs aptitudes physiques. Dans quelques semaines, ces jeunes hommes âgés de 18 à 23 ans seront millionnaires. Ils auront atteint leur rêve : jouer en NBA. Certains estimeront cependant que la route est encore longue et travailleront encore plus dur pour se faire une place dans la ligue. C’est là que l’éthique professionnelle des prospects peut faire la différence. Aaron Gordon a la cote.
[superquote pos="d"]"Il fait gagner son équipe"[/superquote]« Super gars, super coéquipier », remarque un scout. « Il se donne sur le terrain, il fait le sale boulot et fait gagner son équipe. Il ne veut que gagner », ajoute un autre.
Nous avons peut-être trouvé la réponse à notre question. Aaron Gordon ne fera pas rêver les scouts comme Andrew Wiggins ou Jabari Parker, deux joueurs que les fans imaginent déjà comme des All-Stars et des scoreurs autour des 20 points par match. L’ancien prodige d’Arizona apporte autre chose. Il crée des liens entre les membres d’une équipe sur le parquet. Il se concentre sur les petits détails qui font la différence en fin de match. Il est un prospect qui fait gagner.

Le scouting report d'Aaron Gordon

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