Allen Iverson : petit gabarit, impact de géant

Allen Iverson : petit gabarit, impact de géant

Allen Iverson fête ses 45 ans aujourd'hui. L'occasion de vous reproposer ce super article sur "The Answer" et son impact culturel sur le basket.

Jean-Sébastien BlondelPar Jean-Sébastien Blondel | Publié  | BasketSession.com / MAGAZINES / Portrait
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Icône culturelle, anomalie athlétique, controverse ambulante, Allen Iverson est devenu le basketteur le plus influent de sa génération en restant fidèle à lui-même. Pour le meilleur et pour le pire. Noir. Tatoué des pieds à la tête. Tressé. Bardé de bijoux, de bandeaux et autres accessoires qui paraissent inutile. Dans l’imaginaire collectif de l’Amérique blanche du milieu des années 90, Allen Iverson ne peut que croupir derrière des barreaux. Pour quelle raison, peu importe, tant qu’il ne risque pas d’en sortir. Accepter des athlètes noirs qui ont su rentrer dans le moule, comme Magic Johnson ou Michael Jordan, c’est une chose. Voir son enfant déifier l’incarnation de son pire cauchemar, c’en est une autre. Lorsqu’il débarque en NBA, à l’automne 1996, portant fièrement qui plus est la casquette du numéro 1 de la draft, AI n’a probablement pas la moindre idée de l’impact culturel sans précédent qu’il s’apprête à avoir. L’Amérique bien-pensante, elle, a déjà sa petite idée du danger qu’il représente pour sa jeunesse. Pour elle, il est symboliquement armé et dangereux, et elle compte bien tout mettre en œuvre pour prouver sa culpabilité.

« La vérité habite la rue juste en face de chez moi »

Au moment où il entame sa carrière pro, Allen Iverson ne sait déjà que trop bien que le système n’a aucune intention de l’évaluer en fonction de qui il est et de ce qu’il a accompli : il va devoir faire de son mieux pour être acquitté des procès d’intention qui vont se succéder à cause de ce qu’il représente. S’il ne se fait pas d’illusions, c’est parce qu’il a déjà pris le phénomène de plein fouet plusieurs années avant, lors d’un fait divers obscur qui a bien failli lui coûter sa carrière et hypothéquer sa vie d’adulte. Il sait donc d’expérience qu’un jeune noir, si incroyablement doué et prometteur athlétiquement soit-il, peut se faire broyer par le système sans même avoir mis le doigt dans l’engrenage. Pourquoi, donc, perdre temps et énergie à tenter de se conformer à l’image que l’on voudrait qu’il renvoie ? Allen décide de rester lui-même contre vents et marées. Et il a la force de caractère pour y parvenir.
Au lieu de gâcher son talent dans les ténèbres des dérives associées à la culture Hip Hop, AI a braqué le Hall of Fame.
Ce qui rend le personnage fascinant, c’est qu’en dépit d’apparences accablantes qui semblaient le condamner à l’auto-sabotage comme quantité d’icônes sportives avant et après lui, Allen Iverson a toujours su éviter les gros scandales et n’a jamais perdu sa monumentale rage de vaincre. Le « voyou » inéluctablement destiné à la prison et à la descente aux enfers, au lieu de gâcher son talent dans les ténèbres des dérives associées à la culture Hip Hop, a braqué un Hall-of-Fame qui aurait préféré s’en tenir à des personnages moins sulfureux. Et s’est fait, sans le vouloir nécessairement, l’emblème et le porte-parole d’un mouvement socio-culturel qui se cherchait un héros admirable. Si le Hip Hop et le basket sont des facettes aussi incontournables et inséparables de la culture urbaine actuelle, c’est en grande partie parce qu’il en a représenté la parfaite fusion. Si les athlètes actuels sont couverts de tatouages, c’est parce qu’il a imposé les siens au grand public et lui a prouvé qu’ils pouvaient aussi orner le corps d’un sportif exceptionnel, pas juste d’un taulard. Allen Iverson fait partie des rares basketteurs qui ont révolutionné leur discipline au point de provoquer des changements de règles. En dunkant systématiquement sur des adversaires impuissants, Lew Alcindor a à la fois démocratisé le dunk et provoqué une poussée de fièvre chez la NCAA qui, terrifiée, l’a tout simplement interdit pendant quelques années. En ne se conformant pas aux codes tacitement imposés aux athlètes noirs médiatisés, AI a popularisé toute une culture, lui a donné crédibilité et légitimité, et a suffisamment fait flipper David Stern pour que la ligue finisse par accoucher d’un « Dress Code » clairement mis en place pour éviter que le phénomène ne prenne une ampleur trop visible. Mais si son influence culturelle en fait le joueur le plus incontournable de ces 15 dernières années, c’est aussi parce que son impact sur le terrain en a fait une légende du jeu. Lire la suite
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